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#53 – Francine Picard – Domaines Picard

Pour ce nouvel épisode du Wine Makers Show, je suis parti à la rencontre de Francine Picard, à la tête des domaines Picard. Au coeur de la Bourgogne, Francine fait vibrer le monde du vin et apporte tout son temps et toute son énergie pour sa mise en valeur. J’ai passé un excellent moment avec Francine qui m’a fait découvrir une partie de la Bourgogne. Sur ce, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une superbe écoute.

Antoine : Merci beaucoup de m’accueillir ici, on est au château de Chassagne-Montrachet, avec toi depuis hier soir. C’est vraiment un plaisir de venir ici au milieu des vignes et de passer un peu de temps avec toi. En plus je viens de faire un tour de Mercurey que je connais désormais comme ma poche. Merci beaucoup pour tout ça.

On va parler évidemment de plein de choses aujourd’hui, mais avant est-ce que tu peux commencer par te présenter?

Francine : Francine Picard, bourguignonne d’origine, parents bourguignons, grands-parents bourguignons, après je ne sais pas trop, je pense qu’ils sont bourguignons aussi. Je vais avoir 48 ans. Je suis revenue en Bourgogne pour y travailler depuis mes 30 ans à peu près et je suis en charge depuis une quinzaine d’années, des domaines viticoles de la famille, voilà, sur la Bourgogne.

Antoine : On va creuser un peu tout ça.

Est-ce que tu peux nous raconter ? Ta famille possède des vignes ici en Bourgogne que toi tu as toujours connues depuis toute petite. Comment c’était justement à cette époque-là ? Est-ce que tu jouais dans les vignes ? Comment est-ce que l’on t’a initiée un peu à tout cela ?

Francine : On ne m’a pas vraiment initiée en fait parce que mon père était un forçat du travail. Lui partait, il est toujours en vie d’ailleurs, très tôt le matin, rentrait très tard le soir, voyageait énormément. Moi je m’étais mise un principe c’est que jamais je n’habiterais jamais en Bourgogne et que jamais je ne travaillerais dans le vin et que jamais je ne boirais le vin. Jusqu’à mes 18 ou 19 ans je n’ai jamais bu une goutte de vin, par refus.

Je pense qu’il y en a qui le font quand leur père est médecin, ils ne veulent pas toucher à la médecine. Je n’ai pas vraiment été initiée, enfin j’ai été initiée mais d’une certaine manière : la quantité de travail et l’absence un peu paternelle.

Tu n’as pas du tout bu une goutte de vin jusqu’à tes 18 ou 19 ans ? C’était quoi la première occasion ? Qu’est-ce qui a fait que tu as bu le premier verre ?

Francine : Je pense que pour vraiment les ennuyer mais bon ça après ils ne l’ont jamais su, je suis partie faire une école de commerce. On n’avait pas beaucoup de moyens, on allait acheter du vin de pêche, enfin des trucs franchement immondes, pour faire nos soirées. Après, les soirées c’était autre chose.

Et comment je suis revenue ? En mûrissant un peu déjà, en étant moins dans le rejet ou le refus. J’ai consommé un peu de vin au restaurant et j’ai trouvé ça sympa. Je me souviens que la première fois que j’ai bu du Montrachet  franchement je n’ai pas compris en fait le prix de la bouteille par rapport au ressenti de ce que je buvais. Je peux me mettre à la place parfois de certains consommateurs. Et après voilà, on grandit en années.

Je suis revenue en Bourgogne au bout d’un moment. On côtoie des gens qui boivent avec plaisir du vin et qui vous mettent aussi le pied dedans avec convivialité. Et donc je suis entrée dedans.

Qu’est-ce qui se passe entre tes 18 et tes 30 ans justement ? Donc dans un moment où tu n’étais pas du tout en fait liée au vin. On en a parlé un peu tout à l’heure, mais tu as fais une école de commerce. Tu es allée bosser chez Nike, en l’occurrence. Est-ce que quand même tu revenais parfois en Bourgogne ? Est-ce que tu t’étais jurée de ne pas trop revenir, enfin peut être pas de revenir mais d’y travailler ?

Francine : Non, je ne revenais vraiment pas souvent, ni pendant mes études, je ne suis pas beaucoup revenue. Quand je travaillais pour Nike déjà j’étais à Nantes, donc non, je ne revenais pas. C’est assez amusant parce que c’est une région, mais cela pourrait être une autre région que j’ai rejetée dans ma tête pendant un moment.

Et j’ai effectivement travaillé chez Nike. C’était un réel plaisir de travailler dans le milieu du sport parce que j’en faisais beaucoup. Ça a été assez naturel et dans une ce n’est pas une start-up, c’est une entreprise qui a une vision du monde du commerce, de l’approche marketing, de l’approche de la communication, de l’approche du sport parce que effectivement on parle sport du matin au soir qui est assez étonnante. C’est super de participer à ça quand on sort de l’école. Maintenant il y a une notion « corporate » que moi j’ai moins donc c’est vrai que j’ai mis un terme à ce contrat.

Mais quand je suis revenue, j’ai été mariée une première fois à quelqu’un qui était de la région. On se connaissait touts petits d’ailleurs puisqu’on était au collège ensemble, pas au collège, en maternelle ensemble, et nos parents se connaissaient.

On avait un premier enfant et je lui dis : « Mais écoute il faut que l’on rencontre du monde ». En fait j’ai commencé à apprécier cette région par l’environnement social et par le fait de faire des connaissances, de sortir, de prendre du plaisir à autre chose. Ça aurait pu être en Bourgogne ou ailleurs.
Je pense que l’on apprécie une région à partir du moment où on est bien avec ses proches, qu’on est bien avec les gens, les amis, et on a envie de partager des moments. Ça fait apprécier un lieu, donc le produit derrière aussi.
Antoine : L’attachement à la région se fait aussi par les gens qu’on connait qui sont sur place. Je pense que je l’ai vécu aussi un peu de manière perso à Paris.

Tu rentres en Bourgogne. À ce moment-là, tu venais de quitter Nike, donc tu t’es dit on rentre en Bourgogne parce que justement on a des connaissances sur place, on se pose un peu là-bas. Tu avais déjà l’idée de revenir travailler, de venir travailler ici ?

Francine : Quand je suis revenue, non, je ne savais pas trop. Mais en regardant ce que j’avais fait, en regardant l’entreprise que mon père avait développée je me suis que c’était peut être dommage d’aller travailler ailleurs. J’ai mis ce que j’avais appris pendant 3 ans au service, rémunéré, de la société. Ça m’a permis de mettre le pied à l’étrier et de rentrer dans ce monde-là mais tout simplement. Je ne m’étais pas trop fait de plan sur la comète en me disant : « Je vais être ceci, je vais être cela ».

De toute façon, tout est question de compétences, un moment il faut avancer. Ce n’est pas parce que l’on a le nom de la famille qu’on doit prendre un poste ou que l’on est meilleur que les autres, c’est : « Est-ce que l’on apporte quelque chose ? ».

J’espère apporter ma contribution aujourd’hui et en ayant appris au fil des années, jamais avec des certitudes d’ailleurs, mais avec des convictions et une envie et des objectifs que je me fixe. Mais je ne me serais jamais fixée ces objectifs fin des années 1990. J’avais un peu moins de 30 ans, je ne me serais jamais fixée ces objectifs parce que je ne connaissais même pas les contraintes du milieu, rien.

C’est un apprentissage qui est assez génial parce qu’au fil de l’eau, voilà on avance, on grandit.

Comment se passe justement ton arrivée à ce tout premier job ici ? Tu vas voir tes parents, tu leur dis voilà je reviens bosser ici pendant quelque temps, apporter un peu mon savoir-faire, etc. ?

Francine : Je n’en ai pas discuté avec mes parents. Je suis revenue, ça ils le savaient, forcément. J’ai été tout de suite orientée vers le directeur général, il y avait un directeur marketing à l’époque. J’ai échangé avec le directeur marketing pour voir quelles pouvaient être les possibilités.

Antoine : Voir s’il avait un job disponible.

Francine : Effectivement. Je n’ai jamais eu d’échange direct avec mes parents disant tu fais ci, ou tu fais ça. C’est presque plus simple, parce que là il n’y a pas de relation familiale. On a une mission, transmise par quelqu’un d’extérieur et c’est presque plus facile de l’accepter je pense dans un sens comme dans l’autre.

Antoine : Ça simplifie les choses en tout cas, oui, ça évite peut être certains problèmes.

Francine : Ça évite de les complexifier.

Ce premier job ici dure pendant ?

Francine : De 1999, sachant que j’ai eu ma première fille aussi en 1999, donc j’ai été absente pendant deux mois, donc de mi 1999 ou début 2000 à 2004. On a d’autres activités qu’en Bourgogne, donc j’étais plutôt marketing. À l’époque c’était création d’étiquettes, tout ce qui était marketing. Il n’y a pas que la création d’étiquettes, mais la gestion de marque. J’ai fait ça jusqu’en 2004.

Ensuite en 2004 avec mon frère, qui lui avait rejoint la société en 1997, moi c’est 1999, on a décidé de vraiment, mon père avait plusieurs activités, de séparer l’activité viticole du reste des activités. Donc de lui faire un petit nid, son propre nid. On a dissocié les structures en 2004 et j’ai pris la responsabilité du développement de cette structure qui est famille Picard à partir de 2004.

C’était la commercialisation mais également toute l’approche domaine, viticole. Sachant qu’avant je me m’étais pas mise sur le sujet. Entre 2004 et 2007, n’ayant pas de connaissances sur ce sujet, on avait un chef de culture à l’époque, je lui posais des questions pour apprendre. Ce n’est pas que je n’ai pas confiance, mais je me dis que c’est toujours intéressant de challenger la parole de l’autre.

J’ai commencé à prendre contact avec des vignerons divers et variés du coin qui me semblaient assez précurseurs quand j’allais à des réunions, que je trouvais qu’ils me semblaient intéressants. Je leur posais les mêmes questions et les réponses pouvaient différer. Je retournais vers le chef de cultures et je lui disais : « Mais pourquoi ? ». C’est aussi comme ça que j’ai fait mon apprentissage, ce n’est pas en prêchant le faux pour avoir le vrai mais en tout cas pour challenger les réponses.

J’ai mûri et à partir de 2007 j’ai vraiment repris la gestion du vignoble dans la vision, l’approche qu’on pouvait avoir, l’orientation de stratégie et puis en termes de viticulture, en termes de plein de choses, tout en apprenant tous les jours. C’est un apprentissage du quotidien mais c’est en échangeant avec plus de connaissances. J’engrange des connaissances pour pouvoir échanger avec les gens.

C’est sûrement la meilleure manière de gagner en compétences, d’aller voir ces différentes personnes, d’échanger différents points de vue, etc. C’est aussi l’origine de ce podcast. J’espère que les personnes qui nous écoutent ont cet objectif qui est rempli. Tu as dû progresser sur cette partie là à une vitesse incroyable.

Francine : Moi je pars du principe qu’on n’a jamais le savoir. C’est le travail en équipe, c’est à l’écoute qu’on progresse, et on peut toujours progresser, c’est passionnant. C’est passionnant d’écouter l’autre. Là on a échangé hier même de voir ce que tu fais, pourquoi, comment, enfin l’origine… C’est ça qui fait qu’on se lève le matin et que la journée est intéressante, parce que si ce n’est que des travaux récurrents moi je m’ennuie. Je pense que l’on est nombreux à s’ennuyer. De donner de la saveur à toutes les idées que l’on peut avoir, à tous les travaux que l’on va faire, aux travaux du lendemain, à les anticiper à six mois, à un an, mais pourquoi, comment, dans quel sens, mais effectivement c’est en échangeant, en regardant ce qui se fait à côté.

Même si on a tort parfois, parce que de toute façon évidemment que l’on se trompe, on n’a pas la science infuse, mais en tout cas l’objectif reste le même.
À partir du moment où il y a un objectif qui est fixé, il faut que l’on soit raccord sur l’objectif. Même en famille, il a fallu que l’on soit raccord un objectif qui était peut-être environnemental, très environnemental mais en voulant produire des très bons produits, ancrés terroirs et tout mais avec cette vision très environnementale. Ça c’est l’objectif.
Derrière, il y a plusieurs chemins qui mènent à cet objectif et peut-être qu’au mois de mai cette année, ou je ne sais pas peut être l’année dernière on n’avait peut être pas pris le bon. Sur certaines vignes on n’avait peut être pas pris la bonne orientation mais on y retourne et on apprend. On se dit l’année suivant on fera mieux et on sera meilleurs, plus percutants, on réfléchira.

Je trouve ça génial d’apprendre comme ça en fait, avec les gens, avec les autres. Puis il y a une émulation que tu retrouves aussi dans ton milieu. Une émulation c’est-à-dire que les gens se sentent grandis. Quand ils viennent au boulot, ils savent pourquoi ils travaillent. Ils voient aussi la progression du vignoble, la progression de ceci ou cela. Ils sont impliqués, il y a du répondant, eux aussi le matin ils ont envie de venir et de se dire : « Demain qu’est-ce que je pourrais faire ou comment je pourrais faire pour faire avancer le schmilblick ». C’est assez génial en fait.

Antoine : C’est le meilleur environnement de travail que tu puisses avoir.

En 2004 tu prends la direction de la partie « vin » à part entière. Quelle est la ou les premières décisions que tu prends ? Est-ce que c’est justement de continuer comme on faisait jusqu’à présent ? Est-ce que tu donnes une orientation qui est complètement différente ? Comment tu vas travailler ?

Francine : En 2004 je pose un peu les choses, ça c’est déjà en termes d’étiquette ou d’orientation domaine par domaine. Nous on est sur 4 domaines viticoles qu’on a conservés, c’est-à-dire que les noms des domaines on a décidé de les conserver. C’est un choix que j’ai fait dès 2004 de conserver le nom du domaine Voarick, Château de Davenay, domaine de Levert Barault… Il y a une orientation marketing derrière qui est encore plus aboutie aujourd’hui, mais en tout cas c’était la base.

Et on apprend aussi à connaitre les équipes, parce que avant je ne les connaissais pas, j’étais au marketing. On pose ses bagages avec eux et on prend le temps et puis au bout de quelques années c’est à partir de 2007, ou là à force de voir d’autres personnes, j’ai effectivement introduit le bio et ensuite à partir de 2009 la bio-dynamie.
C’est la décision la plus impactante en terme de viticulture. Si j’avais à choisir, je dirais que c’est celle-ci. C’est donc de donner les moyens aux gens pour y arriver, c’est de faire des formations, c’est tout ce qui suit parce que c’est un joli mot de dire on en bio, on vit en dynamie mais derrière comment on fait, comment on l’applique concrètement.
On a fait le tour des vignes ce matin. Tu vois qu’aujourd’hui on produit plus de feuilles que de raisin cette année, ou d’herbe. Là on a une végétation qui est comme dans l’hémisphère sud, qui est tropicale en fait. Comment est-ce que on gère tout ça ? C’est effectivement avoir un niveau de connaissances qui permette d’échanger avec le viticulteur ou le tâcheron ou le chef de cultures et pouvoir les challenger. Ce ne sont pas des décisions radicales, c’est petit-à-petit qui fait que l’on donne à l’autre les moyens pour arriver à l’objectif.

Là du coup quasiment toutes les vignes sont passées en bio ou en bio-dynamie ou vont passer dans les années qui viennent, tout ne l’est pas encore, si, c’est le cas ? Je ne sais pas du tout en fait.

Francine : Si, en fait sur les, enfin c’est 140 hectares de vignes. C’est 105 hectares sur la côte châlonnaise, donc principalement autour des villages de Montagny et Mercurey et puis 35 hectares sur la côte de Beaune. Donc principalement Saint-Aubin et Chassagne-Montrachet et puis on a un petit peu de Puligny, de Corton et de Beaune.

Toute la côte de Beaune est en bio-dynamie et la côte chalonnaise est très majoritairement en bio. J’ai entamé une grosse session d’arrachage sur des vignes qui étaient historiques, historiques même avant nous, qui étaient traitées, qui étaient en conventionnel, on pourrait dire HVE, HVE-3, qui sont sur des aires d’appellations les plus basses en Bourgogne, donc coteau bourguignon, Bourgogne aligoté.

Celles-ci on a guère le choix que de les arracher. On est en cour et dans 2 ans j’aurai fini ces arrachages. Par exemple sur 140 hectares, je n’ai que 106 hectares cette année en production. Et je continue encore à arracher.

On est effectivement en bio-dynamie, bio, et on a quelques hectares mais c’est très faible, qui sont amenés à être arrachés où là on est encore en conventionnel. Mais ça se compte sur les doigts de la main.

Tu as fait ce changement, ou tu as donné cette impulsion quand même plutôt tôt. Qu’est-ce qui t’a poussée à le faire, est-ce que c’était dans ta tête depuis longtemps ou même dans les cartons ici depuis longtemps de faire la bascule ?

Francine : En fait, c’était comme une évidence de discuter avec les gens. Je reviens toujours à mon objectif, mais moi je veux produire des très jolis vins, des très bons vins, mais éviter effectivement d’utiliser au maximum des produits chimiques. Après je ne suis pas anti produits chimiques. Je ne vais pas monter un lobby anti ceci ou cela, chacun fait comme il veut chez lui, chacun sa conscience et d’avancer. Mais je me dis déjà il y a des millénaires, il n’y avait pas de produits chimiques. Il y avait moins de problématiques de pollution de l’air et de pluies acides, ça c’est sûr aussi.

Mais c’est comment faire son travail comme ça se faisait il y a très longtemps finalement mais dans l’air du temps. C’est ça en fait moi qui m’anime c’est qu’on doit réussir à le faire en ayant une production. On n’est pas là pour se dire on est en bio, on est en bio-dynamie et on ne récolte que dalle à la fin, et ce n’est pas l’objectif. C’est bien d’en vivre. C’est trouver comment faire, et ça c’était une évidence pour moi.

Ce n’est pas une évidence au quotidien, ce n’est pas simple. J’aurais même tendance à dire que même cette année ce n’est pas simple en conventionnel et qu’il n’y a rien qui est simple. Ça c’est le métier.

Si on veut faire du vin et que cela soit simple, ce n’est peut être pas la meilleure idée.

Francine : Exactement. C’est ça qui est passionnant, c’est comment réussir à échanger avec les uns les autres pour trouver des techniques qui nous permettent de produire, d’utiliser le moins de produits possible, de faire le moins de passages possible. C’est peut être dans l’environnement de la viticulture française. On est je pense un monde parfois un peu sclérosé, où on n’avance pas beaucoup parce qu’on dit qu’on est un peu conventionnel et on dit la tradition c’est ceci, c’est cela. Mais quand on regarde la tradition, la tradition il y a 2000 ans ce n’est pas la tradition de maintenant. Ca ne veut rien dire la tradition en fait.

On doit avoir des valeurs, on doit avoir des convictions, on veut protéger un produit, une qualité. Et c’est comment faire en sorte de protéger ça avec les agressions du quotidien et elles sont de plus en plus fortes. Ce qui n’était sûrement effectivement pas le cas il y a 8000 ans.

On se lève tous les matins et on se dit que la journée ou l’année n’est pas simple, mais comment est-ce que l’on veut faire ? Peut-être que l’on n’y arrivera jamais, mais en tout cas si on ne se pose pas la question de toute façon on est sûr de ne jamais y arriver. C’est ça qui m’anime.

Ça revient aussi à ce que tu veux laisser une fois que tu ne seras plus là, ou que ce ne sera plus à toi de gérer le domaine, si tu veux créer quelque chose.

Francine : Je prends souvent l’exemple, moi j’ai trois filles, et je ne sais pas ce qu’elles feront plus tard. Mon frère a deux enfants, est-ce qu’ils reprendront, est-ce qu’ils ne reprendront pas, je ne sais pas, et c’est leur vie. Ils feront bien ce qu’ils veulent mais il y a une forme de propriété quelque part, même si on n’est pas actif dans l’exploitation.

J’aimerais moi, dans 40 ans, leur rendre un territoire qui soit sain, qui soit joli, où on n’ait pas des trous et un dépérissement de vignoble excessif, voir qu’il n’y en ait plus, quasiment plus, qu’on ait des feuilles de vigne vivante, qu’on ait un sol qui soit aéré, on peut marcher dessus, on se fait plaisir, voilà.

Et on produit, il y a quand même ça au bout. C’est qu’effectivement c’est une culture, donc on produit. Si, moi dans 40 ans, on peut leur rendre ça, et bien on aura réussi, en tout cas à notre niveau familial. C’est ce qui fait que ça m’a donné envie d’avancer sur le sujet.

Tu en as parlé un peu, mais tu viens souvent ici avec tes filles, tu les emmènes un peu dans le vignoble ?

Francine : Je ne les emmène pas avec moi mais par contre, il y en deux sur trois, il y en a une qui est à l’étranger, mais qui ont travaillé pendant un mois et demi, deux mois en tant que saisonnières mais dans le vignoble.

Alors toujours pareil, elles ne le font pas avec moi mais elles le font avec d’autres, elles voient et franchement cette année ce n’est pas ce qui était le plus simple. Elles étaient aussi là l’année passée, elles font un peu les vendanges, donc il y a une connexion, mais sans l’imposer.

L’objectif premier, elles s’étaient dit c’est pour gagner un peu d’argent, bon très bien, et puis après elles voient le métier aussi, le métier difficile. Parce que tous les ouvriers viticoles qui sont dehors, c’est très dur.

Nous on se plaint quand il pleut ou qu’il fait trop chaud. Eux peuvent se plaindre mais en tout cas ils n’ont pas le choix. Ils ne peuvent pas entrer à l’intérieur en disant on va aller dans un endroit climatisé ou on va aller à l’abri parce qu’il pleut. Non, il faut qu’ils soient dans la vigne.
C’est un métier très difficile, donc elles le voient aussi. Sur deux mois elles rentrent, elles sont fatiguées. Les horaires, la canicule, il faut être là 5 heures du matin. Elles finissent plus tôt certes, mais elles passent leurs après-midi à dormir, bon il y en a une qui faisait un peu la fête après mais voilà c’est une approche que l’on a faite comme ça.
De toute façon, je pense que tu ne peux pas forcer quelqu’un, je pense que j’en discute chaque fois mais si toi on t’avait forcée jamais de la vie tu ne serais revenue et c’est pareil avec tes enfants et ce sera pareil avec leurs enfants et ainsi de suite. Si tu forces quelqu’un tu ne peux jamais.

Francine : Obtenir ce qu’il y a de mieux. Sous la contrainte on fait rarement de bonnes choses. En plus je n’ai pas forcément la volonté qu’elles reviennent. Le seul souhait que j’ai pour elles ou pour les enfants, c’est qu’ils soient heureux dans leur vie, quelle que soit la façon de l’être.

Une entreprise certes, on peut dire que c’est familial, on l’a prolongée, on est la troisième génération avec mon frère, mais on trouvera toujours des solutions.

C’est toujours pareil, une entreprise, on est un peu plus large que les vignes en Bourgogne. On peut être propriétaire et être impliqué en fait parce que c’est une charge aussi que d’être propriétaire actionnaire, une charge, une responsabilité et une chance. Mais derrière ça ne veut pas dire qu’au quotidien vous devez travailler, ou elles doivent travailler, c’est l’outil de travail, ça peut être complètement autre chose mais être impliquées en tant qu’actionnaires.

Quand on est actionnaire et non impliqué, il faut comprendre quels sont les tenants et les aboutissants. C’est aussi passionnant parce qu’autrement on sort des bêtises au conseil d’administration et ça ne sert à rien.

Est-ce que on peut revenir sur tes vins en particulier ? Tu as dit qu’il y en a pas mal, est-ce que tu peux revenir peut être soit sur les grandes caractéristiques ou un peu sur les grands tenants et aboutissants de ta gamme, si on devait la découvrir là comme ça, en quelques minutes ?

Francine : Alors déjà il y a 4 noms de domaines. Si je pars de Montagny, les vignes de Montagny c’est sous le château Davenay, ensuite Mercurey on a deux domaines, donc on a le domaine Voarick qui est sur le Mercurey et un peu de  Givry. On a le domaine du Levert Barault qui est à 100% sur Mercurey, sur la vieille partie de  Mercurey, le tour que l’on a fait ce matin, avec de très jolis premiers crus et ensuite on a le domaine de la Côte de Beaune qui s’appelle le Au Pied du Mont Chauve, qui veut dire au pied du Montrachet, qui voulait dire au pied du Mont Rachas qui s’écrivait en deux mots à l’époque.

Ça c’est les domaines qui constituent l’enveloppe famille Picard, donc 140 hectares, 105 en côtes charonnaises et 35 en Côtes de Beaune. Ensuite les vins. On est majoritairement sur 4 villages, Montagny, Mercurey, Saint-Aubin, Chassagne.

La proportion pinot noir et chardonnay c’est 50/50 à peu de choses près, c’est 51/49. On est sur la typicité de nos vins blancs. La première chose, on a dit qu’on travaillait en bio, en bio-dynamie, enfin bon. Ça c’est un ancrage. L’objectif  c’est quand même d’aller ancrer les racines en profondeur, dans le sol qui est dessous. C’est-à-dire que les racines ne sont pas en superficie, juste au-dessus.
Cela veut dire qu’on va aller récupérer, le raisin à un certain moment va aller récupérer ce qui sort du sol dessous, donc la notion de terroir qui est très quand même présente en Bourgogne, c’est ce que l’on revendique.
En dehors de cet aspect terroir qui est propre à chaque vin, en Chassagne c’est Chassagne, Puligny c’est Puligny et Saint-Aubin aussi. On a sur nos vins blancs, déjà sur l’approche, c’est tout récolté à la main, ça c’est sûr, on ne sulfite pas à l’arrivée des vendanges. Donc ça nous laisse une dégradation un peu naturelle de ce qui va arriver dans le pressoir.

Et ensuite on va travailler sur des vins avec des élevages bois qui vont être assez fins. On est quasiment 100% en bois sur l’élevage, mais par contre avec très peu de fûts neufs. Quand je dis très peu, c’est entre 10 et 20 pour cents suivant les années. Ce qui reste assez faible. Ca veut dire que l’on aura quand même normalement l’empreinte terroir dans le vin plus que l’empreinte au départ élevage. Donc avec une fraîcheur, généralement une acidité qu’on essaie de conserver. Alors suivant les millésimes, ben les millésimes récents ce n’est pas toujours facile parce que l’on a quand même des millésimes plutôt solaires.

Mais voilà, sur les vins blancs donc, c’est vraiment l’empreinte terroir avec beaucoup de fraîcheur.

Sur les vins rouges on est, c’est un peu la même idée. On a des vins rouges avec des tanins qui sont assez souples en fait, qui sont assez fondus. Alors on met un peu de vendange entière mais pas sur tous les vins, loin de là, ça dépend des millésimes et puis on va érafler souvent. On retire, je pense que les gens verront ce que c’est, mais quand on mange un raisin, on mange le raisin et il reste la rafle. C’est la même chose mais ce sont les machines qui le font.
On va aller les vinifier, les élever pareil avec un faible pourcentage de fûts neufs pour garder ce croquant, cette fraîcheur et du fruit, beaucoup de fruits. On fait des macérations pré-fermentées à froid qui font qu’on a du fruit rouge qui sort.
Ce sont des vins qui sont de garde, ça n’a pas forcément à voir avec la garde, mais qui au premier abord ont vraiment ce côté craquant, fruité, avec pas mal sur la Côte de Beaune pour le coup. On a pas mal de terres avec du calcaire, donc avec un côté très salin, très sapide. Moi j’apprécie beaucoup. Et dans les vins rouges et dans les vins blancs, parce que je trouve que ça relance la langue en fait quand on mange quelque chose, le côté salin en fin de bouche.

Sur la côte chalonnaise c’est un peu moins le cas, mais on sera plus sur un côté plus terroir, un peu de terre mais le bon côté de la terre en fait. Je ne sais pas si ça vous décrit les vins mais c’est un peu une typologie. Peu de fûts neufs, on laisse le raisin parler dans la bouteille quoi.

En tout cas ça met l’eau à la bouche et j’espère que nos auditeurs voudront les découvrir. Ils peuvent évidemment venir ici pour le faire ?

Francine : Oui. Tous les vins de la famille sont, enfin non, une grande partie des vins de la famille sont vendus ici à Chassagne-Montrachet dans la boutique du domaine.

Antoine : Sur votre route en Bourgogne en voiture, à vélo, en péniche, voilà peu importe, vous pouvez passer. En tout cas, c’est très joli, ça vaut clairement le détour.

Francine : Oui et puis j’ai quatre personnes qui accueillent, qui sont assez jeunes et qui ont vraiment le côté vin, alors j’ai tendance à dire que plutôt que des commerciaux, ce sont des amateurs de vins.

Ils connaissent, il y en a dont les parents sont vignerons du coin. Ils font vraiment une visite, un parcours pour apprendre à découvrir notre métier en fait. Plus qu’une dégustation qui va vous dire que le vin a de la violette, de la framboise, quelque chose comme ça.

C’est d’expliquer aussi notre métier, notre parcours, pourquoi on est là et ce que l’on fait et ils doivent normalement répondre aux questions qui sont posées. Pour que les gens partent avec un petit bagage. Voilà contradictoire éventuellement avec ce qu’ils vont aller voir plus loin, pour engranger de l’information, toujours pareil.

Parmi cette gamme de vins dont tu viens de parler tu as aussi une petite parcelle de liberté dont tu m’as parlé un peu tout à l’heure. Est-ce que tu veux revenir dessus, sur les tests que tu es en train de faire, ou des choses qui ne vont pas tarder à arriver ?

Francine : Oui, c’est sur une partie du vignoble, j’en ai parlé précédemment que je suis en train d’arracher, parce que trop ancien, parce que travailler d’une certaine manière c’est difficile de revenir en arrière.

En Bourgogne, on a ce que l’on appelle des aires d’appellation. Là ce sont des zones qui sont sur la plus petite aire d’appellation. Donc sur ces zones-là je ne pourrais faire que du Bourgogne-passetoutgrain ou du Côte de Bourguignon, ou du Bourgogne Aligoté, qui en soi peuvent être très bons. Mais moi ça ne m’intéresse pas de faire ça de produire ces appellations-là. C’est très personnel.

Et si en discutant avec des vignerons, peut-être dont je citerai les noms tout à l’heure, sur ce qu’il se faisait il y a des centaines d’années, il y a plus de 150 ans on n’était pas en mono cépage en Bourgogne. On avait plusieurs cépages. Les mono cépages ça date plutôt des années 20, des années 30.
Sur ces petites appellations, comment réussir à concilier l’évolution du temps, de la météorologie, du climat, de ces terres que l’on va reconstituer. On va les passer en bio et en bio-dynamie mais comment faire en sorte d’obtenir sur ces petites zones des excellents produits pour les 20, 30, 40 années qui viennent.
C’est un joli challenge. Quand on voit ce qui se faisait il y a plus de 150 ans on était sur des assemblages de cépages, qui n’étaient pas que des cépages bourguignons aujourd’hui. Effectivement ,on est en train de réfléchir à planter, donc majoritairement des cépages bourguignons. Si c’est du blanc du Chardonnay, de l’Aligoté, mais éventuellement d’introduire un ou deux autres cépages qui nous sembleront intéressants dans l’assemblage, qui pourront répondre au type de sol, à l’orientation de la vigne, si elle est nord, l’altitude… Et pouvoir en faire des super bons produits.

Pour l’instant, je dis bien pour l’instant, ils sortiront de l’appellation parce qu’il y a une réflexion qui doit être menée plus généralement dans la région parce que je n’aurai pas le choix. C’est-à-dire que aujourd’hui assembler du Bourgogne-Chardonnay et du Bourgogne-Aligoté, ça ne peut pas être un Bourgogne. L’INAO ,menée par les vignerons, refuse ça. La demande n’a pas été faite.

Ça veut dire que si moi j’estime que j’ai une parcelle de Bourgogne, plantée en Bourgogne-Chardonnay et Bourgogne-Aligoté et que l’assemblage des deux, on a fait un test l’année dernière sur 1000 bouteilles, est très percutant et très bon, je le ferai mais je ne pourrai pas appeler ça Bourgogne. J’ai décidé d’appeler ça Les Terres Affranchies.

Après comprendra qui veut, mais ce sont les terres affranchies mais de plein de choses, de carcans, pour pouvoir avancer, pour toujours réfléchir. Se projeter dans le futur, ne pas être dans un schéma figé où on n’évolue pas parce que depuis 1850 on n’a pas évolué. Non, il faut avancer.
La nature avance, l’évolution avance beaucoup plus vite que ce qu’on pouvait percevoir avant. On est un peu dépassés en ce moment. Le dépérissement de la vigne, les maladies… On le voit bien, on ne va pas récolter grand-chose cette année. Ça va être une année catastrophique. Enfin catastrophique, il y a des endroits qui vont récolter mais c’est vrai que ce n’est pas une année simple.
On doit se projeter si on veut encore continuer notre métier dans 20, 30, 40 ans. On avance dans ce sens-là, le type de clone, pourquoi, comment.

Sur la Côte de Beaune ,on doit planter l’année prochaine. On plante aussi sur vigne haute, on a le droit de le faire sur ces appellations. Ce sont des vignes qui sont plantées à 5000 pieds par hectare et non pas 10000 pieds par hectare, qui sont moins proches du sol, c’est du semi-haut. Ça veut dire qu’on peut passer plus facilement avec des tracteurs un petit peu différents, plus légers. On peut tondre, on n’est pas obligé de labourer, ce qui peut être intéressant avant le gel de ne pas labourer aussi.

Là on va les planter sous forme un peu de verger. C’est-à-dire qu’on va utiliser différents clones, on va séparer nos parcelles de verger. On est encore en train d’étudier quels arbres et pouvoir encore faire nos tests. Mais ça c’est sur 4 hectares quand même, donc ce n’est pas négligeable. Mais ça va être intéressant. On avance aussi, on a plein de sujets de réflexion.

Ça veut dire que ça vaudra le coup de faire un épisode deux dans 10 ans pour voir à quoi ça ressemble. Les Terres Affranchies, quand est-ce que ça sera disponible ?

Francine : Avec plaisir. Alors les premières ce sont des tests sur les parcelles qu’on avait aujourd’hui où on fait des assemblages. On va dire commercialement, réellement, ce sera d’ici quatre ou cinq ans, un peu plus massivement parce qu’il faut le temps que la plante pousse, soit plantée. Maintenant les petits tests que l’on fait, j’aurai 1000 à 2000 bouteilles qui sont déjà disponibles. Après il faut juste que je finisse mon étiquette que j’ai dessinée. Il faut que je la fasse faire.

Je pense qu’en fin d’année je ferai des tests chez des copains cavistes pour voir le ressenti, ne serait ce que le premier c’est le Bourgogne-Aligoté, Bourgogne-Chardonnay qui est officiellement sera en Terres Affranchies et voir le retour du consommateur.

Antoine : Restez branchés, alertes des actualités des domaines Picard si vous voulez croiser ces vins chez des cavistes.

Où est-ce que l’on trouve tes vins ? Tu as une distribution ? C’est quoi la répartition entre la France et l’étranger ? Comment tu t’organises ? Comment est-ce que tu commercialises tout ça ?

Francine : C’est à peu près 65% à l’export aujourd’hui, en espérant que ça n’augmente pas, mais ce n’est quand même pas simple, parce qu’il y a une évolution des tarifs et que l’évolution des tarifs est inéluctable, malheureusement. Mais qu’elle est plus absorbable dans certains pays étrangers qu’en France mais à juste titre. En tout cas j’espère que ça va rester dans ces proportions-là.

On nous trouve chez des cavistes, chez des restaurateurs, quelques cash qui revendent des produits. Et on doit aussi pousser sur cet aspect-là pour être encore plus diffusés. Donc on est en train de recruter pour aller chercher de la restauration et des cavistes. Il y en a un peu plus de 6000 en France, il faut donc du monde pour aller brasser tout ça.

Antoine : Pour les convaincre aussi, ce n’est pas le plus facile, mais on les adore.

Francine : Bonjour à nos amis cavistes.

Il y a un pays aussi, alors la France évidemment, 35 % c’est considérable. Est-ce que parmi l’étranger est-ce qu’il y a un pays prédominant ?

Francine : Oui il y en a un, c’est les Etats-Unis, forcément.

Oui, tu y es beaucoup allée ?

Francine : J’y suis beaucoup allée à une époque, depuis quelques temps j’y vais moins. Mais oui, j’y vais assez régulièrement. Il y a un pays dans lequel je vais plus et que j’adore, c’est le Japon. Depuis deux ans je n’y suis pas vraiment retournée mais c’est un pays que, en termes de culture, je trouve passionnant.

En termes de nourriture, c’est génial. C’est extrêmement bon, c’est fin, c’est raffiné, c’est méticuleux. Donc c’est tout ce que j’aime, c’est le produit travaillé dans son état brut et qui est mis en évidence dans une assiette, on a juste envie de savourer, de croquer. C’est quand même très raffiné parce qu’ils arrivent à travailler dans un mouchoir de poche, avec des tout petits aliments. L’inverse de ce que je sais faire mais je trouve ça assez extraordinaire. D’ailleurs il y a beaucoup de chefs japonais en France, il y a bien une raison.

Il n’y a pas de matières grasses, ce qui n’est pas mal parce que j’ai un problème de digestion avec ça. Je trouve ça top de travailler avec d’autres produits. Et puis le rapport des Japonais au vin et même le rapport des Japonais à la vie, tel que je le comprends.
La première fois que je suis arrivée, c’était en 2007. Ce n’est pas il y a si longtemps que ça mais je trouvais ça étonnant en fait moi le Japon. J’avais limite en tête les Samouraïs, les petits villages, ce n’est pas du tout ce que l’on voit.
Ça a été reconstruit, ça avait été bombardé pendant la guerre, et reconstruit d’une manière très moche. Ce sont des bâtiments qui peuvent résister pas aux bombardements, aux tremblements de terre, aux séismes et tout ça. Ce sont des cubes en béton, tout ce que l’on ne veut pas, tout ce dont on n’a pas envie mais en 2007 un peu mitigée sur le retour.

J’y suis retournée chaque année et là en fait il y a un tel côté immatériel chez eux que l’on ne voit pas. Ce qu’on voit c’est tout ce côté matériel où ils sont 5000 à passer sur le passage piétons de Shibuya. C’est ce que l’on montre. Il y a énormément de dessins animés qui viennent de chez eux, il y a beaucoup de productions.

Mais en tout cas, quand on fait des wine diners ou que l’on a des échanges avec des Japonais, il y a un temps de réflexion, un temps de pose, on ne parle pas, on est calme, on est serein. Et ce temps-là, que l’on a du mal à avoir en France même ou quand on est tranquille chez soi, on peut peu être éventuellement se poser. Ce n’est pas méditer, mais on réfléchit. Et bien ça là-bas il y a ça et en fait j’adore. Je ne suis pas sûr d’y vivre, mais c’est ce côté immatériel, relation au produit. Ce sont des grands connaisseurs, des grands amateurs, c’est quand même primordial, c’est relaxant.
Quand je reviens du Japon, je suis relax. Je me suis posée avec des gens qui apprécient le produit, qui sont connaisseurs, qui ont envie d’avancer, qui ont envie d’en connaître plus mais d’une manière d’ailleurs pas très snob. C’est plutôt aussi sympa ça. C’est un pays que j’apprécie énormément pour ça.
Antoine : Oui, je ne suis encore jamais allé au Japon, mais j’ai beaucoup envie d’y aller. Ça fait partie de mes destinations et j’ai envie d’y aller même potentiellement un peu longtemps, pas juste une semaine ou 10 jours pour faire le touriste et découvrir le truc.

Francine : Connaître des gens, rentrer chez eux dans leur intimité, pour savoir comment ils vivent.

Antoine : Potentiellement deux ou trois mois sur place.

Francine : Et sortir des villes, parce que en fait il y a la ville effectivement qui est bouillonnante. À la fois elle est bouillonnante, en fait quand je marche beaucoup, parce que quand je rentre à l’hôtel généralement je rentre à pieds, et honnêtement c’est une ville très silencieuse. C’est assez impressionnant, on passe d’un quartier, d’un petit environnement à un autre et il n’y a personne.

On ne se fait pas ennuyer, rien. Je peux marcher une heure et demie pour rentrer et pas un bruit. Quand tu sors de Tokyo, ou Kyoto, même c’est possible d’obtenir un permis là-bas, ce que j’ai fait et tu conduis, c’est totalement possible de conduire au Japon, et en fait on est dans des zones paisibles, où les gens travaillent dans leurs champs. On arrive dans des petits villages, les gens sont tout sourire, ils sont super agréables.
Alors après c’est vrai qu’il y a un problème de langue. Si on ne parle pas japonais ce n’est pas simple et généralement ils ne parlent pas anglais. Mais  avec les mains on arrive à s’exprimer et on trouve toujours quelqu’un qui saura parler une langue ou autre. C’est vraiment un joli pays avec beaucoup de culture, donc je le conseille.
Antoine : Il faut vraiment que je trouve un moyen d’y aller, je vais prendre un billet d’avion.

Francine : Il faut attendre un peu parce que c’est moyen en ce moment.

Antoine : Oui, en ce moment c’est un peu dur. Déjà juste pour y entrer je pense que ça doit être galère. Pour les personnes qui nous écoutent dans le futur, on est le 27 juillet 2021, on commence à sortir du Covid. Tout le monde commence à être vacciné, il  y a un variant là qui est en train d’arriver. Voilà, on ne sait pas trop où ça mène. On verra bien, j’espère qu’on pourra à nouveau vraiment voyager librement sous peu.

Sujet complètement différent, qu’on n’a pas trop abordé dans la conversation jusqu’à présent, mais tu es une femme dans le milieu du vin. Jusque là je n’ai pas révolutionné le truc, mais je pense que c’est important pour toi aussi cette dimension. En tout cas la place des femmes dans le vin c’est sûrement une cause qui t’est chère de ce que j’ai compris hier dans mes échanges ici. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ? Comment tu vois les choses ? Est-ce que c’était dur au début, ou pas tant que ça ?

Francine : La place de la femme dans le monde du vin, je ne sais pas si elle m’est chère, c’est la place de la femme dans le monde en général. Je ne suis pas féministe mais qu’il y ait effectivement un rééquilibrage, quand il doit y avoir rééquilibrage. Je ne suis pas forcément pour les quotas parce que les quotas permettent d’obtenir quelque chose. Mais on peut aussi avoir des femmes qui sont à des postes et qui sont complètement incompétentes. Ça leur sera dit plus rapidement qu’à un homme, c’est peut être la différence. Il y a vraiment une question de compétences. Mais dans le monde du vin, je n’ai pas, franchement, peut être que je suis passée outre de par ma vie privée, mais je n’ai jamais ressenti de mal-être parce que j’étais une femme, parce que ceci, parce que cela.

Je crois, ce n’est pas que je me moque un peu de ce que pensent les autres, parce que pour avancer, ce que je disais tout à l’heure, c’est important. Mais par contre sur ce qu’ils peuvent penser de qui je suis, comment je suis, est-ce que j’ai pris trois kilos, est-ce que j’en ai perdu deux, est-ce que j’ai les cheveux longs ou courts, je m’habille comme ci, comme ça, des choses comme ça, moi ça ne m’intéresse pas chez les autres. Le regard de l’autre sur moi m’a sûrement pesé dans ma jeunesse, et je pense qu’à un moment j’ai totalement lâché prise sur ce sujet. Il y a plein de sujets sur lesquels je ne lâche pas prise, mais celui-là j’ai totalement lâché prise et ça m’indiffère.

Je m’engage dans sur des orientations ou des réunions où je vais dire ce que je pense mais pas en tant que femme, en tant que Francine Picard qui s’exprime. Je pourrais peut être un homme et dire la même chose.
Il y a encore dans le monde viticole encore plus de viticulteurs. Mais je crois qu’il y a quand même 30% de femmes, ce qui n’est pas négligeable chez les vignerons.
Il y a aussi, comme dans tout métier, les enfants, peut-être une charge supplémentaire réelle, insidieuse mais réelle. Et cette envie finalement aussi de s’occuper peut être plus qu’un homme en général, je ne veux pas faire une généralité, des enfants. On ressent peut être plus ce besoin naturel, donc on va passer aussi un peu plus de temps là-dessus. Ce qui fait qu’un moment on ne peut pas être partout ou même moment, peut-être moins qu’un homme sur certains sujets. Et parfois on peut l’être.
J’aurais tendance à dire aux femmes, impliquez-vous. Ça ne peut pas forcément venir du monde masculin qui va dire on va vous mettre un quota et vous devez être dans telle et telle réunion parce qu’il nous faut une femme. J’ai déjà fait des conseils d’administration, j’en fais encore, où on doit être deux ou trois femmes sur 40 personnes. Est-ce que ce n’est pas un manque d’implication de la gent féminine qui n’y va pas.
Pourquoi elles n’y vont pas ? Parce que peut-être qu’elles plein d’autres choses. Elles se disent aussi souvent on ne sera pas écoutées, on n’est pas percutantes.

La principale distinction finalement que je fais entre un homme et une femme dans sa façon d’appréhender le travail, c’est plus de partage. Il y a un mode projet, il y a un mode objectif sur quelque chose de précis pour une femme mais ce n’est pas forcément le revendiquer en disant c’est moi qui ait fait ça. C’est qu’est-ce qui fait que je peux faire avancer tel sujet ?

Je vois les hommes un peu différemment qui est : « C’est moi, c’est moi le projet ». Dans une réunion, si on n’est pas forcement entendu, si on n’est pas assez grande gueule, on ne veut pas pousser plus loin, ce ne sera jamais super d’aller dans ces réunions. Ça doit en décourager certaines.

Aucun féminisme, bougeons ensemble et ayons, on peut avoir une vision différente du travail, de la façon de l’appréhender. Pour moi il n’y a pas de vins féminins ou masculins, faits par les femmes, par les hommes, tout dépend des caractères des uns et des autres. C’est surtout du travail en équipe. C’est rare qu’il n’y ait qu’une personne qui fasse tout de A à Z, même chez les vignerons, et même chez les vignerons connus. En tout cas je n’en connais pas.

Il y a toujours un partage, même le grand vigneron qui travaille tout seul a peut-être un tractoriste qui est dans sa vigne. Il y a une notion de partage, parce que si le tractoriste foire le travail derrière c’est compliqué. C’est un travail d’équipe. Je ne sais pas si ça répond à ta question ?

Antoine : Il n’y avait pas de réponse attendue, tout répond à la question.

Le travail d’équipe c’est plutôt une très bonne réponse. Dans ce podcast pendant longtemps, j’ai eu une bonne parité et après ça a dévié. J’ai eu beaucoup d’hommes les uns à la suite des autres, qui sont des gens passionnants, il n’y a pas de problème.

Il y a un rééquilibrage progressif depuis quelques épisodes, c’est assez cool. Je ne sais pas si les personnes qui écoutent sont sensibles à cette attention mais moi je suis plutôt content.

Francine : Ils peuvent t’envoyer un mot.

Si tu avais l’occasion de recroiser la Francine qui vient de sortir de chez Nike et de lui glisser un petit mot dans l’oreille à ce moment-là, qu’est-ce que tu lui dirais ?

Francine : Je vais peut être transformer ta question. Si j’avais l’occasion de croiser la Francine qui était au lycée, je lui dirais de se bouger un peu plus. C’est dans ces âges-là que l’on engrange le plus d’informations facilement et je pense que j’étais un peu trop en dilettante à cette époque-là.

Je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. C’est dans cette période, 16, même avant, ou 22 ans où il faut engranger le plus d’informations possible, se documenter, lire. Ce n’est pas forcément à cette époque-là que l’on a envie de faire ça. C’est ce que j’aurais tendance à dire comme ça, c’est ce qui pourrait me manquer dans ma tête en me disant : « J’aurais dû faire ça ». Même si je n’aime pas du tout ce verbe.

Sortie de chez Nike, je ne sais pas. Je pense que je me suis donnée, j’ai eu un fil conducteur et je m’y suis plutôt tenue. Et je me vois avancer très sereinement et je pense mettre des actions correctrices quand il faut en mettre.
Je me fais plaisir dans ce que je fais. Quand je me lève le matin, généralement j’ai envie d’avancer, je suis plutôt heureuse en fait.
On en a parlé hier, le métier tel que je l’appréhende en tout cas, mon métier c’est un peu, toutes proportions gardées, être chef d’orchestre. C’est-à-dire pouvoir travailler avec des gens qui sont meilleurs dans chaque domaine que moi-même et les faire travailler ensemble. Ça veut dire que c’est un peu touche à tout. Peut-être que chez Nike c’était ça qui me manquait aussi, ce côté corporate et le côté très orienté pas très touche à tout.

Je touche à plein de choses et c’est de l’achat d’un véhicule, d’un tracteur à un enjambeur, et pourquoi, et comment, qu’est-ce qu’il va faire, pourquoi il nous faut ça jusqu’à la dégustation, la commercialisation, les étiquettes que je fais, la gestion des équipes. Il y a plein de choses, l’humain…

J’apprécie cette diversité et je crois que je pense que j’ai une grande chance. Elle n’est pas donnée à tout le monde, c’est aussi à moi de la saisir, de me faire plaisir et de me dire que j’ai beaucoup de chance.

Ce que je changerais, c’est avant, pas après. C’est peut-être un message pour mes filles aussi.

Antoine : Si elles écoutent ce podcast. C’est le moment où jamais de vous lancer, de vous bouger et d’apprendre un maximum de choses. C’est d’ailleurs pour ça que moi je dois passer mon code de la route très vite parce que sinon ma mémoire va commencer à chuter.

Francine : Tu peux rappeler ton âge.

Antoine : Oui, c’est vrai que j’ai 24 ans.

Francine : Tu n’as pas le permis, et tu es parisien.

Antoine : J’ai quand même quelques défauts, là ça en fait deux déjà.

Est-ce qu’il y a une question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée ?

Francine : Pas celle-là pour le coup, non.

Est-ce que tu penses que l’on a oublié de parler de quelque chose ? D’un aspect de tes parents, du domaine ?

Francine : Non. Si, mais c’est pour le consommateur parce que ce sont quand même des gens qui écoutent. Tu as sûrement des grands amateurs et des gens qui sont moins dégustateurs courants, surtout quand on déguste un vin ou quand on boit un vin, c’est être relax par rapport à tout ça. Ce que l’on oublie de plus en plus j’ai l’impression, quand on fait des dégustations, c’est on se fait plaisir ou on ne se fait pas plaisir. C’est réussir à se faire plaisir, donc ça veut dire avoir effectivement un socle de connaissances qui permette de distinguer telle ou telle saveur, ou arôme.

Mais c’est comme un tableau, on l’aime ou on ne l’aime pas. Il peut être peint par le plus grand peintre ou par le plus piètre peintre, c’est est-ce on a une émotion devant.
Quand on boit un vin il y a ce côté-là en fait, il y a une émotion. Et le même vin que l’on boira, on prend un vin on le boit le lundi et on le re-boit le vendredi, peut-être que l’on aura plus d’émotions le vendredi parce que l’on sera conditionné comme ça, parce que notre jour aura été meilleur, être très détendu par rapport à ça et tout mettre dans un cadre.
J’ai dit que je n’aimais pas les carcans, c’est pourquoi je fais Terres Affranchies, que je veux essayer de sortir de certains cadres. C’est la même chose dans la dégustation, il faut être très humble. Le consommateur doit aussi être humble. Il peut dire : « J’ai payé un prix, je devrais », s’il y a un défaut dans la bouteille, je suis d’accord.

Il y a la façon dont nous sommes nous-mêmes constitués qui fait que l’on a une évolution. La bouche n’est pas la même. On peut avoir de l’acidité qui est due à autre chose. Le vin sera moins facile à déguster.

Prendre du plaisir avant de décortiquer une étiquette, prendre du plaisir dans ce que l’on boit et éventuellement l’analyser après. C’est la question que tu ne m’aurais pas posée, je ne sais même pas quelle question d’ailleurs mais en tout cas pour répondre à la façon d’appréhender la dégustation.

Tu arrives encore justement à prendre du plaisir quand tu dégustes des vins aujourd’hui ?

Francine : Oui. Je déguste beaucoup de vins qui ne sont pas de la région. Je trouve ça sympa, je découvre plein de choses et au contraire quand on va au restaurant on prend tout sauf de la Bourgogne. C’est découvrir d’autres choses, heureusement.

Je ne suis pas sommelière, je ne déguste pas tous les jours des produits. La découverte est potentiellement énorme, donc oui. Parfois je trouve ça mauvais, je n’ai pas d’émotions.

Antoine : Le message est passé : prenez du plaisir quand vous dégustez. Chez moi c’est passé aussi. On arrive à la fin de cette interview. Ça fait bientôt 55 minutes que l’on parle ensemble, ça passe vite.

Il me reste trois questions qui sont assez traditionnelles. La première c’est est-ce que tu as une dégustation coup de cœur récente, une émotion particulière ?

Francine : Ce n’est pas si récent que ça, j’ai bu un Cahors de Ségou et sa cuvée Amphore, 2017, et j’avais vraiment trouvé ça excellent, du fruit. D’ailleurs ils en vendent, enfin ils en vendent à plein d’endroits, mais « La cave des climats » dans le 7ième chez Franck-Emmanuel Mondésir, il en a.

La dernière fois que je suis repartie d’ailleurs, j’en avais un peu trop bu mais j’étais rentrée à vélo, heureusement. Vraiment j’avais adoré ce produit. Voilà, un Cahors.

Antoine : Le message est passé. Cahors c’est très sympa, il se passe de très belles choses sur place.

Francine : Ça a vraiment évolué. Autant le Cahors, il y a 30 ans, on avait le Cahors sur la langue, c’était un peu râpeux. Mais comme tout, comme les terrasses du Larzac. Ce sont des zones desquelles on devrait apprendre, nous bourguignons parce que l’on est des nantis.

Peut-être ne pas se remettre en cause assez rapidement fait que l’on sera peut être les terrasses du Larzac avant d’être les terrasses du Larzac aujourd’hui, dans 20 ans, ou dans 30 ans. Je trouve que tout ce qu’ils ont fait dans ces zones-là c’est assez exceptionnel. Moi je prends un énorme plaisir à boire ces vins rouges. Blanc, en dehors de la Bourgogne et du Riesling, je suis quand même très Bourgogne, ou du Savagnin, mon ami n’aime pas mais les rouges, je trouve ça excellent ces produits.

Deuxième question : est-ce que tu as un livre sur le vin à me recommander ?

Francine : Alors c’est une BD, l’histoire du vin sous forme de BD. Je ne sais plus qui l’a écrite parce que je ne fais jamais attention à ça. Je trouve ça exceptionnel et en fait c’est l’histoire du vin qui est racontée depuis le début, depuis 8000 ans jusqu’à maintenant.

Ça parle des agronomes du passé. Je peux les citer comme ça, il y a : Columelle, Pline l’Ancien, c’est un joli nom mais ça c’est un siècle avant Jésus-Christ, même pas, Magon par exemple, c’était le premier.

Ce sont des gens en fait qui, il y a des millénaires, ont de manière empirique au départ et ensuite avec énormément d’observations, ont créé tous nos vignobles. Ça fait relativiser quand tu me demandais tout à l’heure qu’est-ce que l’on peut faire, mais posons-nous des questions surtout. C’est ça qui fait avancer. Ils se posaient énormément de questions et c’est relaté dans cette BD de manière humoristique si on aime les BD mais tout est écrit et je la trouve géniale. Donc c’est : L’Incroyable Histoire du Vin. Il en existe une autre aussi, c’est l’histoire du sexe, c’est assez rigolo parce que c’est pas mal, c’est là où on apprend que les fêtes bachiques c’était assez extraordinaire à l’époque.

Antoine : Très bonne recommandation. Procurez-vous au moins L’Histoire du Vin et potentiellement les deux BD, en achat groupé.

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Qui est la prochaine personne que je devrais interviewer dans ce podcast ?

Francine : J’en aurais, et bien tu choisiras comme ça, j’ai deux profils différents et pas tellement différents mais je ne sais pas si tu as déjà interrogé des couples ?

Je trouve qu’il y a un couple qui est assez détonnant. Je travaille plutôt avec, alors ils s’appellent Jean-Yves Bizot et Claire Naudin, deux noms très connus sur la Côte de Nuit, Côte de Beaune.

Ce sont des gens qui réfléchissent énormément à la viticulture de demain et ce que j’aime notamment pour travailler beaucoup avec Jean-Yves, mon projet de Terres Affranchies on le regarde aussi ensemble, c’est qu’en fait il a une vision collégiale et partage l’information. Il est impliqué au BIVB , il est impliqué sur pleins de sujets.

En dehors du fait qu’il a 3,5 hectares de vignoble et qu’il vend sans soucis et qu’il en vit très bien. C’est qu’il travaille pour la communauté avec sa vision précurseur et dans l’échange. Ça peut de gens le font, il y en a d’autres, mais pas de cette manière-là. Je trouve ça vraiment appréciable en plus d’avoir des vins de très bonne facture évidemment.

Son épouse, Claire Naudin, a aussi beaucoup de réflexions, peut-être un peu moins sur la communauté. Quoi qu’elle partage énormément sur les réseaux sociaux, tous les tests qu’elle fait. Chacun peut se les approprier et regarder de quoi il s’agit. Voilà, ce serait un couple.

Et l’autre personne, qui est sur la côte chalonnaise à Mercurey, c’est Bruno Lorenzon. Je dirais que lui c’est un vigneron joailler. Il réfléchi de A à Z, il est maniaque et il a une vision complète et pareil en projection de la vigne et c’est passionnant d’échanger avec lui.

Ce n’est pas pour dire que l’on va faire exactement la même chose mais tout est réfléchi et il transmet les informations. Si on veut discuter, il discute énormément. Il échange peut-être moins de manière collégiale que Jean-Yves parce que après c’est un autre choix. Mais quand on pose des questions il est très ouvert et ce sont des gens qui vont nous faire avancer sur le vignoble.

Ça marche ! Restez à l’écoute de ce podcast. Peut-être que vous aurez l’opportunité d’écouter ces deux prochaines interview qui me feront en plus revenir en Bourgogne. C’est plutôt une bonne nouvelle. Je sais que je n’y suis pas assez allé. Je suis content de passer un petit peu plus de temps ici.

Francine : On a des locations de voitures électriques.

Antoine : Avec plaisir mais là il va falloir que je bosse beaucoup. Francine merci beaucoup pour cette heure d’échange ensemble. C’était un plaisir.

Francine : Merci à toi de m’avoir sollicitée et c’est super sympa comme exercice.

Antoine : On se revoit pour l’épisode 2 dans quelques années.

Pour les personnes qui nous écoutent n’oubliez pas de partager évidemment ce podcast avec vos proches. Si vous l’avez aimé mettez-lui un commentaire etc. Vous connaissez tout ça. Merci beaucoup à ceux qui le font d’ailleurs, vous êtes de plus en plus nombreux à le faire. On a je crois dépassé les 100 reviews sur Apple Podcast. Merci et je vous dis à très bientôt.

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