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Ivan Massonnat : Il se passe quelque chose à Chinon

Bienvenue dans ce nouvel épisode du Wine Makers Show dans lequel nous partons à la rencontre d’Ivan Massonnat pour un deuxième épisode. Après l’avoir interviewé sur son aventure à Belargus, nous partons à la découverte d’un tout nouveau défi de vigneron. Il semblerait qu’Ivan soit bien parti pour occuper tous les étages de notre cave à vin mais on ne va pas s’en plaindre ! Je vous souhaite une très bonne lecture, écoute ou visionnage et de très bonnes dégustations !

Présentation d’Ivan Massonnat

Antoine

Ivan, merci beaucoup de m’accueillir et je te laisse te présenter.

Ivan Massonnat

Merci Antoine, C’est sympa de se revoir. Effectivement, quand tu as pris l’initiative de me contacter, je me suis dit tiens, pourquoi pas effectivement se revoir et dans un endroit qui m’est qui m’est très cher. Donc moi, pour me présenter, je suis un néo vigneron. D’ailleurs, c’est une des différences par rapport au moment où on s’est vu il y a quelques années, c’est qu’à l’époque j’avais encore mon ancien métier qui était dans la finance en l’occurrence, que je n’ai plus aujourd’hui. Donc je suis devenu 100 % vigneron au tournant de la cinquantaine. Donc pour me présenter, il faut probablement expliquer pourquoi j’ai ce rapport au vin qui a un rapport très important puisqu’il a guidé toute ma vie d’adulte, comme beaucoup de choses importantes dans la vie. C’est lié à mon enfance. Moi, j’ai vécu en Savoie dans un tout petit village qui s’appelle Les Molettes, il y a 300 habitants. Et puis mon grand père habitait dans ce village et jusqu’à 18 ans, j’ai été à ses côtés et lui s’occupait des vignes de la famille.

Donc il n’était pas vigneron, mais il faisait le vin de la famille. Et c’était non seulement des moments de joie énorme pour moi gamin, Les vendanges qu’on faisait en famille un week end de l’année. C’était le meilleur week end de l’année pour moi. Et puis au fil des saisons, je l’accompagnais et quelque part, je vivais certains travaux, mais aussi je ressentais les odeurs, les ambiances de cave, de vinification, etc. Bref, le vin, je m’y suis pas intéressé avant l’âge de presque 25 ans. Je n’ai jamais goûté son vin, d’ailleurs il est décédé avant. Par contre, le moment où je m’y suis intéressé, c’est devenu ma grande passion. Donc ça a guidé ma vie d’adulte. Alors j’avais fait des études, donc j’ai travaillé dans des milieux qui n’avaient rien à voir. Mais j’avais comme fil conducteur, je dirais, la découverte du monde des vins. Tout de suite, j’ai voulu savoir comment ça se faisait pour me reconnecter quelque part avec cette enfance. La région qui m’a fait quelque part, c’est la Bourgogne.

À l’époque, elle était très accessible, à tous les sens du terme. Les vignerons étaient disponibles et leurs vins étaient abordables. Et à leur côté, j’ai façonné mon palais qui est plutôt attiré par les vins fins, on va dire septentrionaux, plutôt fait dans la moitié nord de la France pour ce qui est des vins français et quasiment tout le temps monocépage, donc ce qu’on appelle des vins de lieu. Et ça, ça m’a fasciné dans la Bourgogne pendant de nombreuses années. Mais j’ai découvert il y a 20 ans et là on fait le lien avec là où on est aujourd’hui. On est autour de Chinon aujourd’hui et en fait, il y a presque 20 ans, on cherchait une maison de campagne avec ma femme et mes enfants qui étaient tout jeunes à l’époque et on est tombés sur une petite commune de la vallée, entre Chinon et Richelieu, une commune qui s’appelle Champigny sur Vaud. Et on a trouvé cette maison tellement agréable qu’on y a passé énormément de temps sur presque 20 ans.

Et quelque part, c’est ce qui a déclenché mon histoire d’amour avec la Loire. Parce qu’effectivement on s’est rencontrés il y a quelques années quand je lançais commercialement mes premiers vins. C’est peut être une histoire dont on parlera. Ça s’appelle le domaine Belargus, c’est à une heure et demie d’ici. C’est dans une région de la Loire qui est complètement différente, qui s’appelle l’Anjou. On est autour de la ville d’Angers et encore une fois, ça n’a rien à voir avec la Touraine, mais ça a été toute une série de péripéties. Mais ce qui est sûr, c’est que tout a commencé ici et pendant de nombreuses années, je me considérais Tourangeau d’adoption. Aujourd’hui, je suis à moitié angevin d’adoption et surtout ligérien dans l’âme. Donc voilà, la Loire m’a m’a happé. Cette région est fascinante. Elle est fascinante par son histoire, par son patrimoine au sens large : patrimoine de belles pierres, patrimoine culturel, patrimoine historique. Et bien sûr, pour quiconque s’intéresse au vin. C’est une région extrêmement riche, dense, complexe elle aussi.

Elle a deux grands mono cépages comme la Bourgogne. Ici, c’est le Chenin et le Cabernet Franc. Tout ça a guidé la nouvelle partie de ma vie professionnelle qui s’est ouverte il y a quelques années, qui est une vie de vigneron. Donc désolé pour cette introduction très longue, mais je pense que ça méritait qu’on explique comment est ce qu’on part d’un petit village savoyard et qu’on se retrouve après avoir vécu à Londres ou à New York, ici à Panzoult, en plein cœur de la Rabelais ?

Ivan Massonnat et le domaine Belargus

Antoine

Alors la dernière fois qu’on s’était vu, justement, c’était le lancement commercial de Belargus. Donc pour les personnes qui nous écoutent, si vous voulez savoir ce qui s’est passé entre la carrière d’Ivan et l’arrivée à Belargus, je vous renvoie vers cet épisode. Est ce que tu peux nous raconter déjà ce qui s’est passé à Belargus depuis le lancement puisque tu as vécu une aventure incroyable ?

Ivan Massonnat

Je pense qu’il faut qu’on fasse le lien avec là où on se trouve, parce que mine de rien, mon histoire d’amour avec la Loire, au bout d’un moment, elle s’est transformée en une idée qui était : « Ah mais si un jour je devenais vigneron ? » Ah bah oui, forcément, ce serait dans la Loire. Et en fait, la première idée que j’ai eue, c’était pas du tout l’Anjou et c’était pas du tout Belargus. Et quelque part, on est ici aujourd’hui par amitié, j’ai ouvert la porte, mais pour l’instant, tu es la personne qui est venue ici, donc je te remercie d’avoir fait l’effort de me contacter. Moi je suis quelqu’un qui aime discuter et expliquer finalement ce qu’on essaie de faire. Et en fait, j’ai d’abord voulu acheter le domaine Beauséjour qui est ici à Panzoult, là où on se trouve. On était en 2015 et j’étais déjà avec un certain nombre d’idées et de convictions sur la Loire et ce domaine me faisait rêver pour plein de raisons dont on reparlera.

Pour le coup, ce domaine me faisait rêver. Il était en vente d’ailleurs depuis très longtemps déjà et j’ai essayé de l’acquérir et j’y ai passé presque un an. Et en fait c’est n’arrivant pas à l’acquérir. Peut être parce que je n’étais pas prêt. Peut être parce que les vendeurs n’étaient pas prêts. C’est comme ça que je me suis dit : « En fait non Ivan, ce ne sera pas ici. ». Si ce n’est pas Beauséjour, ce sera pas Chinon. Si c’est pas Chinon, ce ne sera pas les rouges. Si c’est pas les rouges, faut que ce soit les blancs. Mais où sont les grands terroirs de blancs ? Et surtout où sont des grands terroirs qu’on peut effectivement acheter, c’est à dire pas des régions où les vignes se transmettent localement, mais des régions où il y a vraiment des vignes à vendre. Et c’est comme ça qu’en fait, alors que je méconnaissais beaucoup, l’Anjou, c’est comme ça que je me suis retrouvé à m’intéresser énormément à cette région qui est 20 kilomètres au sud d’Angers qu’on appelle l’Anjou noir aujourd’hui, parce que c’est une appellation.

Enfin, c’est une dénomination qui commence à imprimer dans le marché, c’est à dire c’est la partie de l’Anjou qui est sur les schistes. C’est la partie de la Loire d’ailleurs qui est sur les schistes, d’où la couleur de la roche. Et effectivement, donc on était en 2016. Je sentais que c’est sur finalement, le chenin qui avait probablement l’aventure viticole la plus évidente à écrire parce que le marché est aujourd’hui plutôt orienté sur les blancs. Et surtout, je voyais dans ces grands terroirs qui étaient historiquement des terroirs de liquoreux. Je voyais énormément de magnifiques vignes à vendre. Et je me suis dit en fait, toi qui veut entre guillemets, des vignes un peu exceptionnelles, enfin certainement des vignes qui sortent de l’ordinaire. S’il y a bien une région où tu as peut être une chance d’en trouver, c’est bien en Anjou noir, puisqu’il y a tellement de domaines à vendre. Et en fait, ça m’a guidé pendant deux ans, de 2016 à 2018, dans un rayon de 20 kilomètres autour d’Angers. J’ai regardé à peu près tout ce qu’il y avait à vendre.

Il y avait beaucoup, beaucoup de domaines qui sont tous d’ailleurs vendus depuis. Et puis j’étais à la recherche de cette voix, de cette de cette étincelle, de ce de ce moment où on se dit Ah bah c’est ça. Et en fait c’est venu au bout de deux ans. C’est un des vignerons du coin, Patrick Beaudouin, qui m’a gentiment présenté à un autre vigneron, Jo Pithon, qui vendait des vignes. Et dans les vignes que vendait Joe, il y avait son grand œuvre qui s’appelle Le Coteau des Trailles, qui est une parcelle absolument magnifique, qui est une des plus belles parcelles de vignes que je connaisse. Qu’il avait passé 20 ans de sa vie. Il y avait redonné vie. C’est un coteau qui avait été abandonné après guerre parce qu’il était trop pentu, 70 % de pente. C’est un endroit absolument magique de l’Anjou et bref, ça a été le point de départ de toute l’aventure. Mais en fait, comme tu l’as dit, j’ai pas repris que les vignes de Jo.

Donc ça, c’est vraiment un alignement des planètes qui s’est produit. J’ai racheté deux autres vignobles en six mois de temps, l’un sur quart de chaume qui est aujourd’hui le cœur du domaine Belargus. On a réussi à reprendre dix hectares sur les 40 de l’appellation, donc le cœur historique de l’appellation. Le quart de chaume qui est le grand cru de la Loire, le seul et unique. Et puis des vignes également sur Saint Pierre. Bref, en constituant un domaine qui était dédié au chenin, je voulais qu’il fasse que du chenin en parcellaire. On en a un peu plus de 20 hectares aujourd’hui en production, essentiellement en coteaux. C’est une des spécificités du domaine Belargus et on essaie d’exprimer chacun de ces lieux de manière la plus précise possible, donc la viticulture la plus sensible possible. On a la chance en Anjou d’être dans des paysages tout à fait préservés. Et donc voilà, on essaye millésime après millésime, ça fait déjà cinq millésimes qu’on travaille d’exprimer le coteau des trailles, les Bonnes Blanches, les Quarts, les Rouères, les Gaudrets, les Rucheres avec le plus de précision possible, tous les ans en sec.

Et puis les grandes années des liquoreux qui nous tiennent à cœur parce que c’est ceux qui ont fait la réputation de l’Anjou. Et on a cinq cuvées de liquoreux qui expriment quelques lieux un peu un peu mythiques de la région. Donc voilà ce qu’est ce qu’est le domaine Belargus. Je l’ai créé donc en 2018. Le nom Belargus, c’est le nom d’un papillon. Il se trouve qu’on a ce papillon bleu sur nos coteaux. Il est magnifique. Donc j’ai trouvé que cette évocation de la nature allait très bien avec la vision que j’avais. Et j’ai installé une équipe très jeune, une grosse douzaine de personnes, que des jeunes, avec l’idée de partager la passion du vin et d’essayer de le valoriser collectivement. C’est quelque chose dont on reparlera peut être. Je crois beaucoup à la dimension collective de l’aventure viticole et je pense qu’elle est indispensable dans la Loire. Et on essaie de s’inscrire dans une dynamique régionale qui a pris beaucoup d’ampleur depuis quelques années. Objectivement, même quand je regarde entre 2018 et 2023 ce qui s’est passé dans la région, je pense qu’on est vraiment sur la bonne voie.

Ivan Massonnat

Et voilà. Donc Belargus m’a donné beaucoup de joie et de satisfaction. On a eu, pour être honnête, c’est une confidence, mais je pense qu’on a eu un petit peu de chance dans notre parcours. On a eu certainement de la réussite puisque notre premier millésime, déjà, on l’a réussi. C’est mine de rien, c’est c’est aussi déjà beaucoup, c’est déjà pas mal. Et surtout, on a réussi à trouver un écho dans le marché. C’était pas évident parce que j’avais dans le projet Belargus, j’avais une ambition pour la région, pour la Loire, qui était une ambition importante. Je voulais contribuer à essayer de casser ce plafond de verre que je trouve comme une forme d’injustice forte. Quand je compare la Loire à d’autres régions viticoles françaises. Et je ne parle pas des régions stars comme la Bourgogne où les prix sont vraiment à des niveaux même pas explicables. Non, non, je parle de toutes les autres régions viticoles, je parle de l’Alsace, je parle des Côtes du Rhône, je parle de Bordeaux, etc.

Et dans l’amplitude des prix dans la Loire, je trouvais qu’il y avait une injustice à ce que cette amplitude soit comprimée entre deux et trois fois, entre l’entrée de gamme et le haut de gamme, et que même les très grands vins de Loire que les collectionneurs s’arrachaient, personne n’osait valoriser ces vins. Et je pense qu’une région n’existe que si elle est capable de proposer des vins sur une gamme très large, y compris des vins avec des terroirs très exigeants donc qui donnent très peu de rendement, des élevages très longs qui sont quand même le signe des grands vins de garde. Et pour faire tout ça, il faut trouver une valorisation. Bref, dans le domaine Belargus, j’ai essayé de mettre cette ambition dans le projet dès le départ, donc en assumant un positionnement ambitieux pour la région et des prix qui n’avaient jamais été pratiqués. Et je me préparais à ce que ce soit long et pénible. Pour être honnête, j’avais la chance à l’époque d’avoir encore mon métier qui me nourrissait. Donc je me suis dit si moi je le fais pas, qui peut le faire ?

C’est moi. J’ai le luxe de pouvoir attendre. S’il faut attendre cinq ans ou dix ans, c’est pas grave, j’attendrai pour qu’on trouve notre place dans le marché. Et en fait, et c’est peut être un des éléments de notre réussite, c’est qu’on s’est lancé. On s’est rencontrés fin 2020, on se lançait, il y avait un petit, une petite bébête apparue en Chine qui était en train de mettre la planète sens dessus dessous. Et cette période du COVID, en fait, paradoxalement, je pense, nous a aidés parce que c’est une période où les gens, quelque part, ont ôté les œillères que parfois ils ont dans le monde du vin. Beaucoup de personnes ont ressenti le besoin d’aller vers des fondamentaux et quelque part, à notre toute petite échelle, notre micro échelle d’un petit domaine au fin fond de l’Anjou. Et finalement, on a proposé quelque chose qui a plu à des gens qu’on n’avait pas anticipé, et notamment les professionnels et les amoureux des vins de Bourgogne qui se sentaient orphelins depuis des années parce qu’ils pouvaient plus se payer les grands crus, les premiers crus qu’ils avaient l’habitude de se payer.

Et en fait, tous ces gens là se sont dit mais la Loire ? Mais c’est un pays incroyable. C’est à dire qu’on peut faire des très très grands vins blancs, en l’occurrence avec des élevages très longs. Nous, on a fait des élevages de trois ans, etc. Des choses qui étaient, qui étaient l’apanage des grands vins. Et en fait le marché a dit oui, il y a de la place pour une amplitude dans une offre de la Loire qui est de plus en plus riche, de plus en plus sophistiquée. Il y a de la place aussi pour des vins qui sont plus valorisés. Et donc c’est le principal développement, je dirais, depuis ce lancement, c’est qu’en fait on a trouvé beaucoup plus rapidement que j’avais prévu notre place dans le marché. Alors on a aidé bien sûr par cette dynamique régionale qui est aujourd’hui une aspiration formidable pour les vins de Loire. Ils correspondent pleinement, notamment sur les Blancs, à ce que veut le consommateur. Et je pense qu’en Anjou, on est très très bien placé pour pour donner ça.

Donc on a le domaine, on est toujours au début de l’aventure Belargus, là on a un grand projet, enfin beaucoup de grands projets, mais il y en a un plus important que les autres qui nous mobilise plus, c’est la construction d’un nouveau chais. Et voilà, on a beaucoup beaucoup de projets là bas, mais mine de rien, on a trouvé quand même une place et maintenant on est en situation de contribuer à ce message. Une bouteille à la main à chaque fois et d’expliquer ce que sont les grands terroirs de l’Anjou. C’est un travail qui va nécessiter encore des décennies. Je blague souvent, mais c’est une semi blague en disant que Belargus est un projet à 100 ans, c’est à dire notre horizon de temps. Et je prends 100 ans pour être sûr que ce soit vrai. C’est un horizon où la Loire a retrouvé son rang. C’est à dire que ce vignoble qui au XXᵉ siècle, s’est effectivement plutôt tourné vers une viticulture productiviste qui a produit des excellent rapport qualité prix et des très bons vins dont beaucoup étaient des vins de comptoir et des vins de tous les jours.

Frais, léger, fruité. En fait, cette région, elle avait une histoire beaucoup plus ancienne et entre guillemets également plus noble. Jusqu’à la crise du phylloxéra qui était une histoire autour des deux grands mono cépages, le cabernet et le chenin, sur des terroirs qui avaient été identifiés depuis des siècles. Et pour ce qui est des quarts de chaume par exemple, plus de 1000 ans, on sait déjà qu’il y a plus de 1000 ans, le vignoble des quarts de Chaumes existait déjà et le meilleur quart de la récolte allait au propriétaire qui était l’abbaye du Ronceray. Enfin, on parle d’un vignoble de  ce niveau là. C’est le vignoble de Loire, c’est ça ? Et quelque part, j’ai trouvé avec Belargus un moyen d’apporter ma pierre à cet édifice. En n’oubliant pas, bien sûr, que cet édifice qu’on construit dans les prochaines générations, ce n’est pas nous qui avons commencé le travail. Le travail, c’est la génération de ce que j’appelle les pionniers qui l’ont commencé dans les années 80, essentiellement 80, 90 on va dire.

Pour ce qui est de l’Anjou, c’est déjà Pithon. Ces marques là, c’est Marc Angélil et Richard Leroy. On en a cité, voilà, ces gens là, il n’y avait pas que dans la Loire, mais eux, en Anjou, ont fait le premier ce travail déjà de revalorisation du chenin qui était le grand cépage, mais qui était le cépage qui avait souffert. Faut pas oublier que le chenin jusqu’au 19ᵉ, c’est 80 à 90 % des cépages. Aujourd’hui c’est 20 à 25 % des cépages. Donc eux ont été les premiers à dire le grand cépage qu’on a, c’est le chenin. Ensuite, on a des grands coteaux et la viticulture quelque part, qui s’est installée sur des plateaux ou des terres beaucoup plus riches et qui a permis d’augmenter les rendements, etc.

Ils sont repartis à la conquête de ces de ces coteaux et ils ont été les premiers à croire eux mêmes en leurs vins et à faire des grands vins. Et donc ils nous ont montré la voie. Aujourd’hui, on est beaucoup plus nombreux. Il y a beaucoup de projets quelque part. Tous partagent la même ambition. Et une des grandes différences, c’est qu’aujourd’hui on est beaucoup à travailler ensemble et le collectif est en train de se mettre en mouvement pour faire reconnaître l’Anjou, alors que l’Anjou était un peu le parent pauvre de la Loire, si on se dit la vérité. L’Anjou Noir notamment, était vraiment parce que cette région, plus que d’autres d’ailleurs, avait diversifié sa viticulture, était allée sur des vins très différents, des rosés, des rosés sucrés, des rouges, des blancs, des bulles, encore des moelleux, mais pas toujours bien faits. Bref, cette région, plus que d’autres quelque part, avait les stigmates de cette vision de la Loire. Et plus que les autres, je pense que cette cette région avait l’envie de montrer ce dont elle était capable.

Et nous on a eu la chance d’être là au bon moment. Il y a quelques fées qui se sont penchés sur notre berceau, donc c’est comme ça que j’ai réussi à constituer le domaine. Je dis souvent si j’avais voulu acheter des vignes là où je les ai in fine achetées en Anjou, ça n’aurait jamais marché. C’est que des micro appellations confidentielles. C’est pas facile du tout de trouver des vignes sous cette appellation là. Le fait est qu’on a eu la chance de pouvoir le faire et qu’aujourd’hui le moindre qu’on puisse faire, c’est d’essayer de pousser ça avec les autres dans cette logique collective. Donc là aussi, j’ai fait une réponse un peu longue à ta question. Il s’est passé beaucoup de choses. On a tous les jours, on a des gens qui viennent nous voir au domaine pour voir comment est ce qu’on travaille, pour découvrir nos paysages. l’Anjou a des paysages très préservés. C’est la force de cette région. Ses paysages sont préservés et donc ils sont magnifiques.

Antoine

Alors effectivement, il s’est passé beaucoup de choses, mais en fait, ce que je retiens un peu, c’est que des discussions qu’on a pu avoir. Tu as fait un pari il y a quelques années pour lequel tu avais le temps d’espérer le gagner. En fait, il a été gagné un peu plus vite que prévu.

Ivan Massonnat

Oui voilà, c’est la dimension chance de la vie je dirais.

Antoine

Tu me racontais par exemple tout à l’heure, alors je ne sais pas si tu veux en parler, mais ta première, une de tes premières notes. Alors ton premier millésime, tu disais que vous l’aviez réussi. C’est une réussite qui est personnelle, collective au sens du domaine, qui a fait du bon travail. Mais c’est aussi une réussite qui a été reconnue par les critiques.

Ivan Massonnat

On a eu la chance, on a eu la chance effectivement d’avoir des critiques.

Et qui sont pour la mise en marché, qui sont assez indispensables, notamment à l’export. Nous, les premiers marchés qui sont positionnés sur nos vins, même si aujourd’hui je suis très fier de dire qu’on a réussi à réorienter notre distribution davantage vers la France, quasiment à moitié moitié. Au départ, c’était 80 % de l’export. Donc l’idée, c’était effectivement d’arriver à convaincre le microcosme que les vins d’Anjou étaient grands et qu’ils avaient leur place dans les plus beaux restaurants et les plus belles caves. Et c’est vrai que les critiques nous ont beaucoup aidé, mais les grands critiques internationaux nous ont mis des notes. Même si on n’est pas à la recherche de notes, on est on n’est pas à l’école. Mine de rien, il faut reconnaître que l’impact commercial est très important et ça nous a aidés, bien sûr.

Montrer la voie pour la Loire

Antoine

Et c’est un impact aussi en termes de montrer la voie pour une région ou en tout cas montrer que c’est possible.

Ivan Massonnat

Oui, c’est la dimension. En fait, ce qu’il faut retenir, c’est la dimension casser le plafond de verre. Effectivement, quand on a eu les 100 points Parker sur un premier millésime, c’est surtout de dire voilà 100 points Parker en Anjou, c’est possible, bien sûr. Donc ça veut dire que l’élite de la viticulture mondiale est accessible aussi aux sous régions de la Loire, y compris l’Anjou qui était cette espèce de parent pauvre décrié. C’est en ça que ce changement de dimension de la Loire est vraiment à l’œuvre. Et je vois vraiment comment est ce que les choses changent vite. En fait, je ne pense pas qu’on aura besoin de 100 ans pour être honnête. Je pense que ça se fera à l’échelle de notre génération. Je pense que la Loire est réellement en train de changer de dimension, c’est à dire qu’elle prend dans le regard du marché une dimension un peu incontournable, ce qu’elle n’était pas avant. Il y a tout un segment du marché, notamment les grands collectionneurs, notamment les gens qui s’intéressent aux vins les plus, les plus complexes, les plus grands vins de garde, les plus les vins qui ont une valeur de collection, etc.

Cette partie là du marché ne s’intéressait pas à la Loire, à part quelques domaines ou quelques vignerons. Mais c’est très différent de considérer qu’une région est entre guillemets négligeable. Moins quelques vignerons stars. C’est très différent d’un paradigme où la région devient une incontournable parce qu’il y a tellement de bons vignerons et tellement de grands terroirs qu’en fait il faut l’avoir dans sa cave, il faut la voir à sa carte et c’est ce changement de dimension qui est en train de se produire. Et je pense que dans une génération, il n’y a pas de carte étoilée sans une longue liste de vins de Loire, alors qu’en fait et dans la Loire, la Loire ne se résume pas à Pouilly, Sancerre, la Loire c’est aussi la Touraine, c’est aussi l’Anjou, c’est aussi le muscadet et dans le muscadet il y a des crus et en Anjou il y a l’Anjou noir et l’Anjou blanc. Tu vois ce que je veux dire ? C’est à dire c’est cette dimension et c’est en ça que c’est un changement. Et c’est en ça qu’il va falloir qu’on travaille et que ça ne va pas se faire du jour au lendemain.

C’est à dire qu’on ne va pas changer un marché qui aujourd’hui considère qu’il y a Bourgogne, Bordeaux, Champagne et le reste de la France, c’est quand même ça. On ne va pas changer ça en disant en fait, il y a une quatrième place là haut dans la première division, c’est la Loire. La Loire est un vignoble de premier plan et elle mérite que qu’on y consacre l’attention nécessaire. Ça, ça ne va pas se produire instantanément. Donc il faudra qu’on travaille tous.

Antoine

Comment est ce que tu fais ça justement ?

Ivan Massonnat

Je pense que le moyen de le faire, c’est vraiment à l’échelle collective. C’est pas un domaine, quelle que soit la qualité de ses vins, son histoire, ses infrastructures, etc. Qui peut à lui seul, quelque part, faire bouger un marché ? Ce n’est pas possible dans cette vision là, ce domaine serait un OVNI dans un océan de médiocrité. Non, le seul moyen de porter ce message, c’est collectivement. Parce qu’en fait le collectif, quelque part, il en impose. C’est à dire que si je prends juste à l’échelle de l’Anjou, ce qu’on a réussi à faire en quelques années avec la Paulée d’Anjou, c’est aujourd’hui un événement qui rassemble des professionnels. Mais c’est 5 à 600 chaque année dans une des sous régions de l’Anjou. Aujourd’hui, l’Anjou, c’est trois sous régions, l’Anjou noir, donc les schistes autour d’Angers et ce qu’on appelle l’Anjou blanc, le Saumurois qui est très connu et le Bourgueil. Jusqu’à la Révolution française faisait partie de la province d’Anjou et donc en fait la centaine de domaines qui constituent les adhérents de la Paulée d’Anjou et ils se mettent tous ensemble.

Mais c’est très impressionnant. C’est à dire que vous avez à déguster le même jour le Clos Rougeard, mais aussi le petit ou la petite dernière vigneronne arrivée sur ces trois hectares et qui fait des vins qui émeuvent tout le monde. Et en fait, c’est cette dimension collective qui fait dire ah oui, c’est des grands terroirs. Ah oui, c’est un grand vignoble, c’est un vignoble où il y a énormément de très bons vignerons et c’est là où le marché est obligé de dire Ah oui, il faut que je connaisse, il faut que je mette, il faut que je comprenne davantage, etc. Et là on est en position, quand on est en collectif, on est en position de faire valoir ces arguments là. Et je pense que c’est cette petite machine là qui commence à être activée et qui, je l’espère, marchera. Et moi, je vois que c’est en train de bouger assez vite, en fait.

Il se passez quelque chose à Beauséjour

Antoine

Venons en à Beauséjour. Tu pars créer Belargus et on est revenu sur un peu l’histoire et ce qui s’est passé entre temps. Qu’est ce qui s’est passé pour pour que tu reviennes ici et qu’est ce que tu fais ici ?

Ivan Massonnat

Alors c’était pas prévu, C’était pas tout à fait prévu cette affaire. En fait, la vie est ainsi faite. De l’autre côté de la vallée, il y a ma maison de campagne. Même si chemin faisant, je m’étais intéressé à l’Anjou. Chemin faisant, j’avais créé Belargus et j’avais largement de quoi m’occuper. Mine de rien, mon temps libre était beaucoup passé dans une maison de campagne et donc j’étais toujours tourangeau et toujours un peu Chinonais. Et donc ce domaine qui est, qu’on finira par décrire tout à l’heure, unique. Je le savais très bien et chaque fois que je passais devant, je fais pas mal de vélo, je passais devant en vélo. Bah voilà, j’y pensais, j’y pense. Et en fait, encore une fois quand je l’ai étudié en 2015, il était déjà en vente depuis très très longtemps.

Donc en fait, c’est un domaine que beaucoup de gens regardent depuis très longtemps sur l’appellation. Et le fait est que le patriarche Gérard Chauveau, qui est l’homme le bâtisseur qui est derrière ce domaine, on racontera peut être l’histoire. Je pense que c’est une histoire intéressante. C’est une histoire familiale très belle. Malheureusement, il est décédé à 95 ans. Il a eu une vie très riche mais il est décédé en 2021. Et en fait, en apprenant ça, j’avais gardé contact avec la famille. J’ai appris ça un peu par hasard. Là, je me suis retrouvé dans un cas de conscience et je me suis dit ah oui, en fait, la famille voulait vendre depuis très très très, très, très longtemps. Alors lui était, c’était toute sa vie, donc lui était le plus inflexible. Mais je savais que sa femme et son fils qui géraient le domaine au quotidien, c’était un gros domaine pour eux et ça faisait longtemps qu’ils auraient aimé tourner la page. Donc je me suis dit ce domaine va se vendre très très vite.

Il y a tellement de gens qui ont essayé de l’acheter pendant tellement longtemps et c’est tellement évident sur l’appellation que ça va se vendre très très vite. Et donc j’ai deux choix, c’est à dire soit je continue mon chemin, voilà je m’attache à Belargus et je fais que ça et c’est très bien. Mais si je fais ça toute ma vie quelque part, je repenserai à ces jours-ci et pour le coup, ça s’appelle la route des Coteaux, c’est pas pour rien. Donc c’est une route qu’on aime bien prendre en vélo. Donc soit je laisse passer le truc, mais ça veut dire que voilà, je pourrais m’en prendre qu’à moi même, soit j’essaye. Finalement, c’était mon premier amour. Finalement, les grands rouges de Chinon m’ont fait rêver. C’est, je pense, le plus grand vin rouge que j’ai bu de ma vie. C’était un Chinon. On pourra en reparler si tu le souhaites. Et je me suis dit mais il faut faire des rouges. Et puis s’il y a bien un endroit où tu as envie d’en faire, c’est un Beauséjour et voilà.

Et donc bien sûr, comme on se connaissait avec la famille, j’étais pas le seul sur les rangs. Là pour être clair, il y avait d’autres prétendants. J’étais pas forcément d’ailleurs le mieux disant par contre, j’étais celui qui connaissait la famille et qui était connu de la famille. Et surtout, j’ai proposé quelque chose. Je dirais dans une dans une logique de transmission, c’est à dire pas une logique de rupture. Je pense que la notion de transmission avec un grand T est une des valeurs cardinales du monde du vin. On est de passage, on est tous de passage sur cette planète. Ce qui reste, c’est les grands terroirs. C’est le vin qui a accompagné l’humanité depuis 8000 ans déjà. On sait déjà que, au moins depuis 8000 ans, le vin accompagne l’humanité. Donc s’il y a bien une valeur cardinale, c’est la valeur de transmission. C’est pour ça que, en Anjou, je travaille toujours avec Jo et que Jo, même s’il est retraité, il suit l’aventure Belargus au quotidien.

Et ici, ça me serait jamais venu à l’esprit de racheter ce domaine qui a été construit par Gérard Chauveau sans le faire avec la famille. Donc j’ai proposé quelque chose où madame Chauveau Marie-Claude reste dans sa maison que j’ai achetée mais qu’elle peut utiliser ad vitam eternam. Et puis quelque chose où David Chauveau, son fils qui était le gérant du domaine, nous accompagne dans l’aventure. Alors c’est une aventure qui, bien sûr, nous amène à faire beaucoup, beaucoup de transformations, mais il est totalement aligné avec ça et il accompagne bien volontiers ce mouvement. Et donc c’est dans la continuité. Mais évidemment, c’est une immense rupture par rapport à certaines pratiques et il y a un niveau d’attention aux détails et d’investissement qui est effectivement nouveau par rapport à l’historique du domaine sur les 20 ou 30 dernières années. Donc, on est parti sur une grande aventure, une belle aventure. La transaction s’est faite il y a bientôt deux ans, c’était fin 2021 en décembre et puis voilà, en 2022, j’ai constitué l’équipe.

J’ai appliqué les mêmes recettes qu’à Belargus et j’ai fait le choix de la jeunesse. La personne qui fait les vins ici, elle s’appelle Sarah. Elle est toute jeune, elle avait 26 ans, donc elle a 27 ans aujourd’hui. Tout à l’heure, tu as croisé Guillaume qui sera le prochain chef de culture. Guillaume vient d’avoir 25 ans. Donc on est dans cette même dimension, je dirais, d’insuffler une nouvelle énergie sur ce domaine que je vais finir par décrire, travailler de la même manière qu’en Anjou. C’est à dire bien sûr dans le respect de la nature et de la biodiversité. C’est un des un des principaux atouts du domaine. Ce qui en fait un domaine unique, c’st qu’il y a 25 hectares de vignes. C’est un grand carré comme ça, d’un seul tenant. Mais ces vignes sont elles mêmes dans un domaine qui fait 100 hectares et en fait, il y a 100 hectares d’un seul tenant qui ont été constitués au fil d’achats successifs par Gérard Chauveau.

En fait, ils sont sur un des plus beaux coteaux de l’appellation. C’est la propriété qui fait la jonction entre les deux communes et donc il y a 50 hectares de vignes au dessus de nous qui sont le bout de la forêt domaniale de Chinon, qui est une immense forêt de 1500 hectares je crois. Et puis ensuite il y a des vignes sur le coteau et puis ensuite il y a des prairies, une vingtaine d’hectares et tout ça. Et sur un coteau qui surplombe la vallée de la Vienne, on est exposé plein sud et donc à 180 degrés, on a une vue dégagée sur des coteaux qui sont magnifiques, avec des lumières absolument dingues et un lieu qui a une énergie toute particulière. Ici, on est dans des caves qui n’ont pas d’âge. On sait que personne ne sait vraiment quand ont été creusé les troglodytes. Elles n’ont pas d’âge, mais on s’y sent bien, on s’y sent protégé, on s’y sent au calme, on est entouré de nature et voilà.

Et je pense qu’il n’y a pas assez d’une vie pour savourer en fait, tous les moments qu’on peut imaginer ici, que ce soit au bord de la piscine, que ce soit sur la terrasse ou que ce soit en travaillant dans les vignes. Voilà, donc c’est un lieu qui m’a toujours beaucoup parlé. Alors il est assez évident, parce qu’encore une fois, quand on passe devant depuis la route, on se dit Ah oui, tiens, ça c’est beau, ça s’appelle Beauséjour. OK, il y a quelque chose d’évident, mais il y a aussi beaucoup, beaucoup de travail. C’est pour ça que ça fait deux ans qu’on travaille d’arrache pied. Tu es la première personne qui vient. Et franchement, il va se passer encore au moins deux ans avant qu’on ait la moindre bouteille à vendre. Parce que je suis parti sur des élevages longs. Notre premier millésime, c’est 22. On l’a goûté ensemble tout à l’heure, mais c’est pas l’idée. C’est pas de commercialiser des vins tout de suite.

L’idée, c’est plutôt de donner au cabernet franc ce dont il a le plus besoin, je pense, ce qui le rend le plus noble, c’est à dire le temps. Et ça, on ne peut pas le remplacer. Donc on est parti sur sur ce type de projet qui est un projet patient, complet, parce qu’ici il y a des très beaux bâtiments, comme tu as vu, tout est parti. Pour l’histoire du domaine, c’est quoi en fait ? Tout part d’un corps de ferme du 18ᵉ qui est au milieu du coteau.

Son père avait acheté ce corps de ferme, son père était médecin. Lui en a hérité. Mais il s’est dit : en fait, cette ferme qui était en polyculture, c’était fin des années 50/60. C’est au moment où l’appellation l’appellation Chinon était en plein renouveau. Alors on était dans une autre vision que celle des vins d’aujourd’hui. Mais mine de rien, elle était en renouveau. Il y a beaucoup de vigne qui se plantait à cette époque là et lui s’est dit sur un magnifique coteau Bien sûr qu’on va planter des vignes. Et donc il a créé le domaine. Les vignes ont été plantées à la fin des années 60. C’est pour ça que quand on s’est baladé dans les vignes, tu as vu des ceps énormes. C’est à dire voilà, on a des vignes qui ont 50 ou 60 ans d’âge.

Qui sont vraiment des très très vieux ceps. Donc il plante le domaine et puis surtout, il rachète aussi les parcelles qu’il n’avait pas encore autour pour constituer cet ensemble d’un seul tenant. Et c’est ça qui fait, je pense un peu. En tout cas, c’est dans mon regard à moi. C’est ça qui fait l’intérêt de Beauséjour, c’est que c’est un lieu où la semaine dernière, on est allés ramasser des ceps puisque l’été a été assez pluvieux dans la forêt. C’est extraordinaire. On peut imaginer qu’un jour les chênes de la forêt, on pourrait très bien avoir nos propres barriques qui viendraient. On peut très certainement faire des piquets, on a pas mal d’acacias, on peut très bien faire des piquets, on est autonome en eau, on a des prairies. Donc si on veut avoir des moutons, si on veut avoir des chevaux. Aujourd’hui, on commence à travailler une partie du vignoble au cheval.

En fait, tout est possible, tout est possible et d’un seul tenant. C’est ça qui me paraît qui me paraît intéressant. Alors, pour poursuivre l’histoire du domaine, donc Gérard en fait, faut savoir qu’il était architecte, il travaillait à Paris, c’est ça qui lui a permis de financer quelque part tout ce projet. Et c’était un bâtisseur en fait, juste devant les troglodytes, même ceux qui nous regardent ne pourront pas le voir. Mais il a construit une magnifique villa avec des matériaux anciens qui surplombent le coteau. Mais il a construit également pareil au sommet de la propriété en bordure de forêt. Il a creusé une quinzaine de mètres dans la roche pour aller y construire un chais gravitaire semi enterré. On est à la fin des années 70, avant que le mot gravitaire, à mon avis, soit utilisé dans le vignoble. Ça c’était totalement visionnaire, sans climatisation, creusée dans la roche enterrée. Et il s’est dit puisque maintenant j’ai creusé, je vais creuser des galeries pour faire des galeries d’élevage.

Et donc il a creusé des galeries pour pouvoir élever les vins avec des conditions d’hygrométrie et de température parfaite. Voilà, il a fait tout ça, ça a été un bâtisseur dans les années 80. C’était vraiment un des domaines qui rayonnait sur l’appellation de Chinon. C’était le Chinon qu’on trouvait chez Nicolas. C’est une propriété qui vendait plus de 100 000 bouteilles chaque année chez Nicolas. C’est probablement un des premiers Chinon que j’avais bu d’ailleurs dans ma vie, avec une étiquette assez reconnaissable, rouge et noire, qu’il avait lui même dessiné. C’était quelqu’un d’assez exceptionnel. Voilà. Et là, à partir de la fin des années 80, malheureusement, ça a coïncidé à un moment où le marché a un peu évolué quelque part. Tout à l’heure, on parlait de ces pionniers de la Loire, quelque part, ces pionniers, ils sont aussi inscrits dans une révolution qui était la révolution du consommateur. C’est à dire que dans les années 80-90, le vin a commencé à changer de dimension.

Les gens ont dit : « Mais en fait, les vins, c’est pas un aliment ». Le vin, on ne va pas en boire tous les jours, certainement pas tous les repas. C’est un produit plaisir. Mais donc on veut des grands vins et donc on veut des vins issus de vignes qui respectent les sols. Donc il faut du bio et puis on veut des vinifications plus précises, etc. Et ce virage là, la famille ne l’a pas prise, en partie parce que Monsieur Chauveau avait eu des problèmes de santé, en partie parce que voilà, il faut aussi, il y a peut être des choix aussi qu’il fallait faire. Bref, ce virage là n’a pas été pris, donc le virage du bio n’a pas été pris et les vins sont restés assez assez classiques dans leur facture. Donc les vins que d’ailleurs on peut toujours se procurer chez Nicolas aujourd’hui jusqu’au millésime 2021, c’est des vins qui sont de bonne facture, qui sont, qui sont très bien, mais qui ne sont pas, de mon point de vue, à l’optimum de ce que ce terroir peut donner.

On est sur un des grands terroirs de l’appellation. On peut essayer de faire des vins plus fins, plus sensibles à une viticulture qui a lancé la conversion du bio il y a deux ans. Bien sûr, le bio, c’est un peu sinequanone aujourd’hui dans une vision qualitative du vin, mais également une approche parcellaire, micro, parcellaire dont on parlera peut être pour arriver à lire ces terroirs même si la parcelle est d’un seul tenant. En fait, les micro terroirs qui la composent sont hyper différents. C’est quelque chose sur lequel on pourra revenir plus en détail et donc on va essayer de revenir à cette vinification beaucoup plus précise pour exprimer le lieu de manière plus fine.

L’expression du terroir à Beauséjour

Antoine

Justement, poursuivons sur l’expression de ce lieu et du détail du parcellaire. Tu m’expliquais tout à l’heure qu’un des premiers éléments, quand on est arrivé ici, c’est de mener une étude des sols. 

Ivan Massonnat

Pour commencer, le travail de cartographie. Oui, c’était une évidence. La propriété, les vignes, elles sont de part et d’autre de la route et ne serait ce que visuellement quand on se balade dans les vignes, entre ce qu’il y a sous la route et au dessus de la route, déjà c’est complètement différent. Et puis au dessus de la route, quand on monte dans le coteau, là aussi c’est différent. C’est à dire on voit en surface déjà des surfaces qui sont complètement différentes. Il y a des endroits très sablonneux et des endroits où il y a des cailloux et il y a des endroits où il y a des galets. Donc bref, on se disait bah oui, il y a forcément une diversité. Donc on a dit on va déjà découper, on a fait huit parcelles, huit cuvées entre guillemets sur sept sur cette grande superficie de vignes, en allant au plus évident, c’est à dire en prenant vraiment les îlots qui étaient qui avaient l’air très différents.

Et dans la foulée, bien sûr, on s’est entouré de spécialistes et on a dit effectivement, faisons l’étude des terroirs précise. Donc ça a commencé par la dissymétrie qui permet d’identifier finalement les zones où ça peut être intéressant, où on voit des homogénéité et où ça peut être intéressant du coup de faire des fosses. En fait, concrètement, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’au bout d’un moment on prend la carte ainsi dessinée qui ne ressemble pas du tout à la carte qu’on voit comme ça ? C’est vraiment ce qu’il y a dans les sols qu’on voit ressortir. Et puis on va faire une fosse, là, une fosse là, une fosse là, une fosse là, on dessine les endroits où on va faire des fosses. On a décidé d’en faire une grosse vingtaine, presque 25, je crois, sur la propriété. Et donc c’est des fosses à deux mètres de profondeur, et on regarde ce qu’il y a dedans. Et là, on savait que ce serait hétérogène, mais on ne pensait pas que ce serait à ce point là.

On a trouvé une quinzaine de faciès totalement différents et surtout tous les faciès de l’appellation. C’est à dire que la parcelle, quelque part, elle est tellement grande qu’en fait on a toutes les ères géologiques de l’appellation. Donc cette vallée de la Vienne qui est très très plate, très creusée dans le temps, en fait, elle a des parties qui sont évidemment plutôt alluvionnaires, mais les alluvions parfois c’est des sables, mais c’est des sables comme à la plage, c’est à dire très très fin, sans aucun cailloux. À d’autres endroits c’est des graves et à d’autres endroits c’est des galets et on a l’impression d’être quasiment à Châteauneuf, mais à d’autres endroits, quand on est dans le cœur du coteau, là on est plus sur les sables, on est plutôt sur des argiles, des argiles à silex. On a des argiles beaucoup plus lourdes aussi à certains endroits. Et puis dès qu’on monte sur le coteau, là on commence à retrouver les calcaires. Et ici on a deux types de calcaire. Alors ce qu’on voit là derrière nous, c’est ceux qui sont sur le sommet du coteau.

C’est ce qu’on appelle des millarges ou des faluns, c’est à dire c’est des calcaires récents. C’est pour ça qu’ils sont orange comme ça, en fait, ils sont durs, mais si on prend un outil, on va pouvoir les gratter et ça va se décomposer en sable en fait, et c’est ce qu’on appelle les faluns. Et puis on a d’autres calcaires. Ça a été une de nos grandes surprises qui sont des calcaires blancs classiques de la craie. Mais comme en Champagne, c’est à dire des blocs de craie complets. Et donc on a retrouvé cette quinzaine de facettes. Donc là on est en train et c’est ce qui va nous guider pour les vendanges 2023 qui sont deuxième vendanges. Là on va faire non pas huit cuvées, mais on va en faire une bonne douzaine où on a choisi bien sûr les endroits qui nous paraissaient les plus intéressants. À partir de l’année prochaine, la vigne elle même sera menée de manière différente, notamment sur l’interne, pour gérer les questions de vigueur, etc.

Pour s’adapter au plus près de chaque sous terroir. Et ça, ça va nous donner une douzaine de vinifs. Donc ça nous a amenés bien sûr à changer le chais. On est en train de tout changer dans le chais pour pouvoir vinifier dans des petits contenants. Alors on a choisi le ciment, mais on a choisi des petits cubes de différents contenants pour pouvoir être au plus près justement de ce parcellaire. Et puis de zoomer au plus proche de ce qui nous paraît être les composants primaires de Beauséjour. Tu as goûté avec moi, donc les cuvées qu’on a fait en 2022, elles sont au début de leur de leur vie puisqu’on va faire des élevages longs. Mais on voit déjà des différences très importantes entre des terroirs qui vont donner des vins avec un fruit absolument éclatant. D’autres, au contraire, on va avoir une zone quasiment à l’opposé, avec une énorme densité des terroirs d’argiles, avec une espèce de compacité des tanins qu’il va falloir dompter par le temps, d’autres beaucoup plus sur la finesse je pense.

D’une manière générale, sur une bonne moitié du coteau, on a ces vins très fins qui sont, je pense, la signature des vins de millarges et de sable argileux qu’on a sur une grande partie de la propriété. Et puis les parties calcaires qui sont les parties les plus les plus traçantes avec la bouche la plus crayeuse. Aujourd’hui, c’est un peu comme un patchwork, alors on va affiner ça de millésime en millésime. Parce que bien sûr, on ne peut pas se baser sur un seul millésime 2022. C’est un millésime extrême de maturité, de concentration, etc. Même si on a réussi à faire des vins extrêmement fins et ça a vraiment été excellent, parce que même avec des moyens qui n’étaient pas faciles l’année dernière, on a réussi, je pense, à exprimer de manière fine et en gardant une fraîcheur et un fruit dans ces vins qui n’était pas évident pour le millésime. Mais on voit déjà un peu les palettes qui commencent à se mettre en valeur, en exergue. Et voilà. Il va nous falloir encore deux ou trois millésimes, je pense, pour affiner tout ça, cette compréhension là en voyant des millésimes différents.

On travaille également sur les élevages parce que je suis assez obsédé par la notion d’élevage et on essaie différents contenants. Alors la grande direction qu’on prend, c’est la même que j’ai prise à Belargus, c’est les foudres, donc c’est les grands contenants. Là tu as vu des foudres de 60 hecto, donc 6000 litres. Et l’idée c’est d’aller vraiment sur ces grands contenants pour pouvoir accompagner le vin pendant le plus longtemps possible sans le marquer. Donc c’est ça l’objectif. On a bien sûr des barriques aussi et des demi muids, mais on a également des cuves ciments qu’on a gardé pour l’élevage. Mais voilà, on va tourner autour de ça pour essayer de trouver les bons contenants pour les bonnes parcelles. Et au bout d’un moment naitra dans notre esprit l’envie de faire, d’exprimer ces vins à travers une ou plusieurs cuvées. Ça, ça fait partie des choses qu’on va définir dans la durée. On n’est pas pressé encore une fois, aujourd’hui, c’est de la matière brute.

C’est pour ça que tu es le tout premier à venir ici. Le seul intérêt aujourd’hui, c’est de voir un peu le making of, c’est à dire c’est de voir les étapes préalables à la constitution d’un domaine et d’une gamme.

Antoine

C’est exactement ce que j’allais dire. Et c’est peut être aussi ce qui est, ce qui sera un peu frustrant pour les personnes qui nous écoutent, c’est que, à la fois il y a beaucoup de choses, il y a de la vigne, du raisin, un terroir magnifique, des paysages incroyables, un outil de vinification qui évolue et que tu as commencé à changer, des premiers jus. Mais en même temps, il n’y a pas de vin.

Ivan Massonnat

Non, pas avant de nombreuses années.

Antoine

Tout à l’heure tu me disais en fait, on ne sait pas encore ce qu’on va faire.

Ivan Massonnat

Disons qu’on se garde la liberté. Les fondamentaux, on sait déjà, on sait qu’on veut faire du micro parcellaire. Maintenant, on a notre douzaine de parcelles. La carte est dessinée cette année, on s’est baladé dans les rangs, tu as vu les balises, etc. Donc notre itinéraire, maintenant, on le connaît, c’est à dire c’est cette micro vinification, c’est cette expression du terroir à travers toutes ses composantes. Ce qu’on n’a pas décidé, et j’ai envie de dire encore heureux qu’on n’ait pas décidé, c’est comment est ce qu’on va exprimer ça en termes de gamme et dans un produit fini, Voilà. Parce que ça, je dirais, il n’y a pas d’urgence, il n’y a pas d’urgence.

Ivan Massonnat

Je dirais une chose importante parce que moi, dans la vraie vie, j’ai des jumeaux, des vrais jumeaux, mes deux fils et des jumeaux. Et j’ai coutume de dire qu’en fait, Belargus et Beauséjour, c’est deux jumeaux, c’est la même chose. C’est deux visions totalement complémentaires, mais de la même esthétique des vins de Loire, de la même envie. Mon ambition pour les vins de Loire, mais sur deux terroirs complètement différents : il y en a un Belargus qui s’exprime sur les schistes et le cépage chenin blanc sur les schistes. Ça fait des siècles qu’on observe qu’il a fait des très grands vins secs et moelleux et on a réussi à Belargus, à trouver des terroirs qui sont parmi les plus beaux terroirs de cet endroit là. Et ici, on est au royaume du Cabernet : Chinon, Bourgueil, c’est des appellations historiques du Cabernet. Je pense que j’ai appris récemment que le premier pied de Cabernet a été planté à l’abbaye de Bourgueil, dans le Clos de l’Abbaye en 1990.

Vrai ou pas vrai ? On est clairement dans le royaume du Cabernet franc et c’est la même envie d’exprimer cette quintessence du cabernet franc, cette quintessence de la Loire sur un des terroirs historiques. Donc en ça, Belargus et Beauséjour, c’est deux frères jumeaux, ces deux projets jumeaux, mais en même temps, tout les oppose. Belargus, c’est une constellation de vignes, alors les vignes, elles sont dans un rayon de dix kilomètres. Mais mine de rien, c’est entre guillemets à la Bourguignonne. C’est à dire c’est une constellation, il faut aller sur la commune, l’autre commune. Et puis là il y a un coteau comme ci, puis là il y a un coteau comme ça. Ici, tu as vu les vignes, c’est d’un seul tenant et c’est très entre guillemets, beaucoup plus facile à travailler, etc. Ensuite, le cépage n’a rien à voir, c’est à dire quand on essaie de faire des vins rouges avec un cépage comme le cabernet, le travail de vinification n’a rien à voir avec le travail qu’on fait sur le chemin.

Et puis il y a la dimension humaine du projet, qui est que Belargus était quand même essentiellement une feuille blanche, même si Jo était resté dans l’aventure. En termes opérationnels, ça a été quasiment 100 % de l’équipe recréée. Dès le premier jour, on partait vraiment d’une feuille blanche avec une vision qui était la plus simple possible. C’est à dire je choisis la dizaine de parcelles qui sont le plus expressives et on pousse nos vinifications le plus précis possible pour exprimer ces terroirs. Et quelque part, on fait confiance à ces terroirs pour pouvoir avoir un rendu intéressant. Ici, c’est complètement différent. On compose quelque part avec un existant autour de David, le gérant. Il y avait deux autres personnes qui travaillaient les vignes. Il y avait des personnes qui étaient au bureau, mais il y avait au moins deux autres personnes qui travaillaient la vigne. Donc, et c’est des gens qui sont dans le projet mais qu’il faut emmener aussi dans le projet. Donc on y va. Encore une fois, l’idée c’est de ne rien casser, donc on y va en accompagnement.

Et puis il faut passer par cette phase d’observation parce que je veux trouver la manière la plus pertinente d’exprimer Beauséjour. C’est un lieu vraiment unique. Je sais comment est ce qu’on va travailler, mais je veux me garder jusqu’au dernier moment, quelque part dans la réflexion et en m’inspirant des discussions qu’on a en équipe, etc. Et encore une fois, d’avoir quelques millésimes de recul pour dire voilà, c’est comme ça qu’on va exprimer Beauséjour. Et je pense que ce serait, ce serait une erreur de me précipiter.

Beauséjour porte bien son nom

Antoine

Au delà de du vin en tant que tel et du produit fini, c’est aussi un endroit qui est particulièrement agréable. Beauséjour porte très bien son nom. On a d’ailleurs en face de là où on enregistre une piscine qui est apparemment emblématique pour les personnes qui auraient regardé la série Emily in Paris.

Ivan Massonnat

Je l’ai appris par hasard.

Antoine

Mais effectivement, je ne sais pas s’il y en a beaucoup parmi mes auditeurs qui ont regardé Emily in Paris. Dites moi en commentaire, ça m’intéresse de savoir l’intersection entre ces audiences. Mais mais si vous avez regardé ça, je crois que c’est un épisode de huit fois. Tu as dit.

Ivan Massonnat

C’est la saison un, l’épisode huit qui soi disant est tourné en Champagne. En fait, il est tourné à Beauséjour dans les vignes et dans la piscine.

Antoine

Ça c’est très très drôle. Mais donc oui, c’est un endroit qui est incroyable. On a vu les troglodytes qui sont magnifiques, la ferme qui est aussi très belle en bas. Est ce que tu as un projet de réception, d’accueil du public de manière un peu plus large ? Je pense que ce sera pas demain. D’abord, priorité un les vins évidemment, mais est ce que c’est quelque chose que tu as en tête ? Et comment est ce que tu vois venir ?

Ivan Massonnat

Je dirais c’est, aussi, un peu une évidence. Par contre, l’horizon, je sais pas, je ne sais pas le définir, je sais pas si c’est dix ans, mais c’est une évidence. Oui, c’est une évidence que ce lieu est un lieu où on arrive. D’ailleurs, la famille Chauveau, c’est quelque chose qu’on a mis en sommeil pour l’instant, mais historiquement avait gîtes et chambres d’hôtes, etc. Et c’est un domaine qui a accueilli beaucoup, beaucoup de gens jusqu’en début 2022. Donc c’est évidemment un lieu où on peut imaginer des choses. C’est à l’échelle du projet. Ce sera vraiment dans une deuxième phase. C’est pas du tout quelque chose auquel on réfléchit aujourd’hui parce qu’on a trop de choses à faire. Et c’est vrai que le gros du travail, paradoxalement, le travail à la vigne s’est fait de manière beaucoup plus simple que ce que je pensais. Déjà, le vignoble était en excellent état. Je suis hyper admiratif de ce qu’il faisait avec franchement très très très très peu de moyens.

Du matériel vraiment antédiluvien. Ils ont tenu un vignoble en excellent état. Assez peu de manquants sur les belles parties du coteau, assez peu de manquant. C’était en conventionnel, mais très bien entretenu en herbe. Franchement, on a retrouvé un vignoble en super état. Et comme les vignes sont d’un seul tenant sur un coteau, qu’il n’y a pas de dévers, etc. En fait, la réalité, c’est que ça a été assez facile de faire la conversion bio l’année dernière qui était une année facile en bio parce qu’il y a eu très peu de pression des maladies. Évidemment, ça s’est bien passé. Mais cette année, qui était une année extrêmement difficile de mémoire de Vigneron sur l’appellation Chinon, il n’y a jamais eu une année avec autant de mildiou. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de vignes où malheureusement il n’y aura même pas de vendange à ramasser. Et bien nous en fait, grâce au travail extraordinaire de l’équipe, on a réussi à très très bien protéger le vignoble.

La partie vigne, c’est plutôt la bonne surprise. Franchement, ça se fait plus vite que je pensais, mieux c’est. On n’a pas parlé de la biodiversité, mais la seule personne qui est commune entre Belargus et Beauséjour, c’est Augustin, qui est notre responsable biodiversité. Ce sera une discussion pour un autre jour. Mais bref, on fait beaucoup de travaux ici qui sont facilités parce que la vigne, finalement, ça s’est fait assez facilement. La partie la plus, je pense, difficile parce qu’il y a énormément de choses à changer, c’est le chais. Parce qu’effectivement, historiquement, les vins de la propriété, ils étaient faits comme beaucoup de vin sur Chinon, c’est à dire vendangés à la machine et vinifiés dans des très grands contenants. Évidemment, nous c’est l’opposé. Donc l’idée c’est de faire des vendanges à la main et de vinifier dans des tout petits contenants.

Donc faut tout changer et mine de rien, changer, c’est pas comme dans Excel où on se dit bah tiens, on va changer cette ligne là, là, nous ça nous plait plus de travailler dans des grandes cuves de 160 hectares. Il faut qu’on travaille dans des petites cuves béton de 45 Hecto. Non, dans la vraie vie, il faut faire de la place, il faut bouger des choses, il faut trouver, il faut sécuriser des choses. Donc ça a été un gros, gros travail. Voilà les fournisseurs, les bons fournisseurs, etc. Donc là, on a fait un énorme travail depuis douze mois, essentiellement de restructuration du chais. L’année dernière, on l’a fait en mode camping. Cette année, on va travailler dans des conditions quasiment bonnes, c’est à dire, on aura la cuverie qu’il nous faut, les machines qu’il nous faut. J’ai poursuivi l’œuvre de Gérard Chauveau puisque j’ai creusé des galeries, j’ai creusé ma première galerie. On a creusé une galerie sur une vingtaine de mètres pour pouvoir entreposer nos fameux foudre qui rentraient pas dans les galeries précédentes.

Et donc on a sorti je ne sais pas combien de milliers de tonnes de faluns. Donc on s’est lancé dans ces grands travaux. Donc je dirais sur la partie cave et vinification au sens large, c’est là probablement où on a le plus de travail. Donc le travail est lancé, mais ce n’est que notre deuxième vendange, là, qui s’annonce dans un mois. Et donc voilà, on va mettre toute l’attention là dessus.

Recruter la bonne équipe

Antoine

Comment est ce que tu as recruté ton équipe, justement ?

Ivan Massonnat

Alors, le je dirais j’ai appliqué un peu la même approche que sur Belargus. Déjà en faisant le choix de la jeunesse qui est un peu un prérequis. Et puis ensuite j’ai fait comme Belargus, c’est à dire pour le rôle clé qui me paraît un des rôles clés sur le domaine, c’est à dire la partie vinification. Là je suis passé par un chasseur, donc un chasseur de tête spécialisé. Il y en a quelques uns dans la profession et j’ai repris le même et c’est grâce à lui que j’ai trouvé en l’occurrence une personne. Alors Sarah est de Saumur. Donc c’est une fille de la région, mais elle n’avait jamais travaillé vraiment dans la région à part un tout petit passage. Mais sinon elle avait surtout travaillé à Bordeaux et à l’étranger, Nouvelle-Zélande et un petit peu au Canada. Elle était très jeune, mais elle avait cumulé beaucoup d’expériences très différentes dans des beaux domaines à Bordeaux. Et en fait, elle s’est sentie prête pour un projet comme ça.

Et je me souviens très bien des entretiens qu’on avait où elle m’a dit Mais moi j’ai multiplié toutes ces expériences pour un jour faire quelque chose de vraiment de bien, d’ambitieux, où je serais vraiment aux commandes des vinifications et Beauséjour : je le veux, je veux que ce soit mon projet. Et voilà. Donc, ça a été le point de départ. Après, il y a d’autres personnes qu’on a recruté sur le marché local, je dirais, et puis pour renouveler le poste de chef de culture parce qu’on en avait un en place mais qui, à quelques années de la retraite, là, c’est plutôt par le réseau.

Le truc qui me rend le plus fier, c’est notre équipe qui est extraordinaire. Mais je sais que ça prend du temps aussi de construire une équipe. C’est à dire ça prend plusieurs années et il faut que les gens apprennent à se connaître. Il y a des gens d’ailleurs qui vont faire l’aventure sur le long terme. Il y a des gens qui font l’aventure sur une partie de l’aventure et puis au bout d’un moment, il y a cette magie qui intervient. Il faut quelques années pour que l’équipe vraiment s’imprègne du projet. Je dis jamais je. C’est à dire quand je parle de ce qu’on fait dans la dans les vignobles, c’est toujours on, c’est toujours une aventure collective. Il y a un moment où ce on, ce nous, je ne sais pas comment dire, on passe des mots à la vérité. En fait, il y a un moment où oui, l’équipe s’est approprié le projet et aujourd’hui, Belargus, je considère que c’est pas du tout mon projet. C’est autant le projet d’Adrien que d’Amaury, que de Franck, d’Anne-Sophie, que d’Edwin et que chaque membre de l’équipe, que Thomas, chaque membre de l’équipe s’est approprié son morceau de Belargus.

Et c’est ça que je trouve formidable ici. On est au début, mais je sens que j’ai à cœur, bien sûr de faire en sorte que ce soit la même alchimie qui se produise progressivement. Il y a cette complexité additionnelle des générations, effectivement, d’avoir des gens qui sont vraiment, je dirais, de l’ancienne génération et qui travaillent au quotidien avec des gens qui sont très jeunes. Et donc il y a une dimension alliage qui est assez intéressante. Donc c’est différent. Encore une fois, Belargus et Beauséjour sont deux projets très différents. Même s’ils ont ce même ADN, ils sont très différents et c’est d’ailleurs intéressant de se confronter à deux réalités humaines différentes. Je trouve ça très très intéressant. Le seul emmerdement, si je peux me permettre, c’est que ce soit 1 h et demie l’un de l’autre.

J’ai un scoop pour toi, il n’y aura pas de troisième domaine dans la Loire. Non, certainement pas.  Quand je dis que j’en ai pour dix ans à faire ce que je veux faire, c’est que le début de l’histoire, c’est là, il y en a pour une vie de travail.

Antoine

On en reparle quand même dans quelques années parce que maintenant je commence à te connaître un peu et dans quelques années, je suis sûr que tu me diras : Bah alors justement, il s’est passé quelque chose. Toujours sur la question de l’équipe, comment réagit ta famille quand tu leur as dit : « Let’s go pour Beauséjour » ?

Ivan Massonnat

En fait, c’est comme toujours, je prends jamais ce genre de décision seul.  C’est toujours avec ma femme Sylvie qu’on discute de ces trucs là. Jamais je me serais lancé dans l’aventure Belargus sans qu’elle accepte, parce que c’est elle qui a fait le plus de sacrifices. C’est à dire que au début de Belargus, j’avais quand même pendant plusieurs années, j’avais mon autre métier, donc j’avais deux vies professionnelles en une. Donc c’est à dire que tout mon temps libre, tous mes soirs, tous mes week ends et mes vacances sont passées à quitter le foyer pour aller travailler dans Belargus donc. Donc c’est évidemment avec ma femme. Après, je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle m’a poussé à le faire, pas du tout. Par contre, elle savait déjà l’envie que j’avais de vraiment en faire mon métier, la passion que j’avais pour la Loire. Et puis surtout ce que représentait Beauséjour pour moi. Présentés devant l’opportunité et je pense qu’on est arrivés tous les deux à la même conclusion en disant bah non, c’est maintenant qu’il faut le faire.

J’avoue qu’il y a autre chose qui est passé dans ma tête à ce moment là. C’était le moment où j’avais encore mon métier. On était en 2021 et quelque part, je voulais aller à 100 % vigneron. Et quelque part, je savais qu’en faisant l’acquisition de Beauséjour, je serai contraint de passer 100 %, qui était ce que je voulais. Et c’était quelque part, inconsciemment, peut être un peu pour mettre aussi l’épée dans le dos en disant mais voilà, tu y vas et puis c’est tout. Et j’avais tellement de chance aussi d’avoir un domaine, Belargus, qui  marche plus vite que prévu quelque part que je me suis dit j’ai pas le droit de laisser passer ça. Donc c’est plutôt comme ça qu’on est arrivé à la conclusion, c’est je dirais pas que c’est que c’était elle qui m’a encouragé, certainement pas. En revanche, elle est arrivée à la même conclusion que moi au même moment en disant bah oui, il faut le faire. Et voilà, c’est comme ça que je l’ai fait.

Antoine

On a fait déjà un beau tour d’horizon. Tu gardes un lien avec ta vie d’avant un peu, justement ?

Ivan Massonnat

J’espère. A quelques uns. À quelques uns. Non, bien sûr. Déjà, c’est un milieu dans lequel j’ai travaillé pendant plus de 20 ans. Pendant 20 ans, j’ai été dans ce milieu là, donc j’y ai des amis. Et du coup, bien sûr que je garde le lien avec eux. Il y en a pas mal qui qui s’intéressent à ce que je fais. Il n’y a pas que les fans de vin qui s’intéressent à ce que je fais parce qu’il y en a beaucoup qui me font l’amitié de me suivre, parce qu’ils trouvent ça super, que j’ai eu le courage d’abandonner cette vie là pour pour celle ci. Il y a beaucoup de gens là aussi, parce que oui, il y a quand même beaucoup de gens qui en est à une époque charnière aussi pour l’humanité. L’Humanité est en train de prendre conscience en fait que son rapport avec la nature est à revoir.

Il y a eu toute une période assez longue malheureusement, où on s’est dit qu’on dominait la nature et que ça allait très bien puisque l’humanité pouvait sans problème faire ça. Et là, on est dans la génération qui réalise que c’est pas du tout vrai et que c’est la nature qui aura le dernier mot. Donc en fait, j’ai aussi beaucoup de gens qui s’intéressent aux projets dans cette dimension là, dans cette dimension nature, retour à la nature, composer avec le climat. Donc oui, oui, j’ai gardé bien sûr contact.

Antoine

Est ce qu’il y a des leçons de ton travail précédent que toi tu remets en application ou que tu revois ici ? 

Ivan Massonnat

Oui, en fait. J’ai une expression qui utilise, c’est qu’il y a 1000 et une façons d’être vigneron. C’est ce que je crois profondément vrai. On est tous vignerons, mais entre la personne qui fait ses deux hectares à la main, qui connaît chacun de ses ceps par le prénom et qui refuse de travailler avec le moindre prestataire ou quoi que ce soit. Et moi, sur le domaine Belargus et Beauséjour, c’est deux univers complètement différents. Donc on a chacun notre vision. Ma façon de vivre ce métier de vigneron, c’est de me voir un peu comme le chef d’orchestre d’un travail d’équipe et d’essayer de m’entourer. C’est pour ça que c’est difficile, parce que ça prend du temps d’essayer de m’entourer de gens vraiment qualifiés, pointus, de sorte que l’organisation qu’on mette en place, c’est une organisation où on a, entre guillemets, les meilleurs gens possible à chacune des places. Et Dieu sait que le métier de vigneron, il est complexe, c’est à dire qu’il faut, il faut être agriculteur, il faut être vinificateur, c’est à dire quand même c’est un processus, la vinification, mais il faut également être commercial. Il faut également faire du marketing, mais il faut également être assez rigoureux dans la gestion, etc. Il y a une dimension opérationnelle qui est souvent sous estimée dans les domaines les préparations de commande, les machins, etc. Je ne crois pas à l’homme providentiel ou l’homme orchestre. On a tous des choses où on est meilleurs que d’autres. Et donc ce que j’ai probablement retenu de mon ancien métier, c’est qu’en fait déjà il faut mettre des moyens derrière les choses et après il faut trouver les meilleures personnes possibles ou au poste le plus précisément défini, et que les gens fassent du mieux qu’ils puissent dans ce domaine, dans ce poste là, en travaillant en équipe, quand on arrive à créer cette alchimie. Et franchement, je pense que quelle que soit la taille de l’entreprise, ça reste valable. Ce que je vais dire, c’est une entreprise qui a 100000 salariés, une entreprise qui en a dix je pense, ça reste valable pour que l’entreprise soit efficace. Il faut que chacun des salariés soit bien dans son poste et lui même ait sa propre trajectoire personnelle de développement.

Il se dise mais ouais, ce poste là, il est génial pour moi, je suis fait pour. Et puis c’est pas la peine que j’aille dans une autre entreprise parce que ce sera moins bien pour moi. Et il faut en plus qu’au delà de cette dimension individuelle, ils aient compris le projet collectif. Je suis assez fasciné par le monde entrepreneurial, l’esprit d’entreprise. Il faut arriver à irriguer pour que chacun se dise oui, mais c’est aussi un peu mon entreprise. Et ça, c’est vraiment le monde de l’investissement que j’ai connu et je pense que c’est un bon mode de gouvernance et et qui est peu pratiqué dans le monde viticole en fait. Donc après il y a d’autres manières de faire et je dis pas que c’est la meilleure du tout, mais c’est ce que j’ai probablement tiré de mon ancienne vie.

Devenir vigneron pour Ivan

Antoine

Qu’est ce que tu dirais aux personnes qui souhaitent devenir vignerons ?

Ivan Massonnat

Le principal truc que je leur dis, c’est vraiment de ne pas sous estimer la difficulté. C’est à dire il y a tellement de gens qui qui simplifient le monde du vin et qui considèrent qu’en fait il suffira de faire un grand vin pour réussir. Et  rien n’est plus faux. C’est à dire c’est il faut, il faut se lancer dans ce genre d’aventure avec la plus grande humilité. Objectivement, un sacré capital de départ. Parce que là aussi, il y a beaucoup de gens qui sous estiment un peu les investissements.

Antoine

Le temps aussi que ça prend.

Ivan Massonnat

Le temps que ça prend. Belargus, encore une fois, on a eu beaucoup de chance que ça marche aussi rapidement. Ça aurait dû prendre beaucoup plus de temps. Donc j’essaye plutôt de leur dire voilà, c’est complexe, c’est un monde complexe. Tout ce que vous avez fait avant vous servira. Mais ne croyez pas que vous allez pouvoir dérouler des recettes et aller à l’écoute des gens qui font ça depuis depuis toujours. Inspirez vous ! Moi je me suis inspiré d’un nombre sans fin de mentors. J’apprends tous les jours, mais je me suis beaucoup inspiré de gens qui étaient très très différents dans leur approche de la vinification, du commerce dans leur région, etc. Et donc ces conseils que je donne, c’est aller à la rencontre d’autant de vignerons que vous pouvez vous poser des tonnes de questions et après vous y allez de manière prudente. De toute façon, vous aurez l’aléa climatique. Rien que ça en soi, c’est un truc qui vous incite à la prudence. Parce que quand vous allez perdre 80 % de la récolte avec une nuit de gel, vous vous rendez compte que voilà, tout devient compliqué.

Donc voilà, il n’y a aucune recette qui soit réplicable dans le monde du vin. Chaque histoire est quelque part unique. C’est ça qui rend ce monde assez intéressant, assez divers. Il y a beaucoup de gens très différents. Et voilà.

Conclusion

Antoine

Il me reste trois questions pour finir cet épisode. Il me reste trois questions qui sont assez traditionnelles. La première, c’est est ce que tu as une dégustation coup de cœur récente ?

Ivan Massonnat

Alors je peux tricher un peu parce que je l’ai revu récemment. Mais comme c’est cette année, enfin comme c’est récent quelque part, je me permets d’en parler parce qu’elle fait écho à ce que je disais tout à l’heure sur le plus grand vin que j’ai bu de ma vie. Je l’ai revu récemment et il m’a procuré de l’émotion. C’est un Chinon, c’est les francs de pieds 1989 de Charles Joguet. J’ai bu ce vin là pour la première fois avec ma femme dans notre maison de campagne.

C’était ça. C’était un samedi soir sur un plat de pâtes au coin du feu. Bref, il y avait le feu, ça je m’en souviens. Et j’ai sorti, j’avais cette bouteille et voilà. Et je me disais c’est super, moi j’aime bien les vins un peu âgés, etc. Et je pensais pas que ce vin me procurait autant d’émotions. Et je me suis retrouvé devant ce vin comme devant une espèce de concentré de civilisation. Je me suis dit mais ce vin, il a tout ce que j’aime dans le vin. Il était patiné par le temps. C’était il y a déjà pas mal d’années. Il était patiné par le temps, mais il avait cette finesse. Mais il avait également tout ce qu’est la civilisation. C’est à dire, pour arriver à des vins comme ça, il a fallu des siècles, pour pas dire des milliers d’années d’observation de la nature, de développer des gestes, etc. Et il se trouve que c’était un Chinon.

Et c’est marrant parce que je l’ai revu récemment dans le cadre d’une dégustation de cabernet franc et c’était un vin mystère, c’était le vin mystère de la soirée, etc. Tous les vins étaient dégustés à l’aveugle, mais il m’a procuré énormément d’émotion. Alors malheureusement, il n’y avait plus de deux ou trois bouteilles qui avaient été ouvertes ce soir là. Elles n’étaient pas toutes au même niveau, mais celles que moi j’ai bu, elles étaient top et il m’a procuré la même émotion. Donc ma réponse, c’est : les Varennes de Charles Joguet.

Antoine

Est ce que tu as un livre sur le vin qui t’a marqué ?

Ivan Massonnat

J’en ai lu beaucoup et beaucoup dans ma bibliothèque. Je ne sais pas s’il y en a un qui m’a marqué pour être honnête. Il y a des auteurs que j’aime beaucoup, comme Jacky Rigaud. Je pense que l’ouvrage de Pascaline Lepeltier, objectivement, il est majeur. Mais je ne vais pas être très original en disant ça.

Antoine

Et enfin, qui est la prochaine personne que je devrais interviewer selon toi ?

Ivan Massonnat

Ça c’est une question très dure ça ! En plus, je suis sûre que tu me l’avais posée à l’époque. J’ai oublié totalement ce que j’avais dit.

Enfin, j’ai parlé de mes mentors, donc il y en a eu des tonnes. Je ne vais pas les lister. Il y en a un que je peux volontiers te proposer si tu ne le connais pas et si tu ne l’as jamais interviewé. C’est Thibaut Liger-Belair.

Thibaut. Voilà, ça fait partie sur mon chemin d’amateur. Parce que moi, Belargus, c’est la réalisation d’un rêve d’amateur. Nos chemins on eu la chance de se croiser. Donc pour moi c’était extraordinairement lumineux à chaque fois que j’étais dans sa cave et que je dégustais. Et ça fait partie des gens qui m’ont pas mal inspiré. On est devenu assez copain avec lui. J’ai acheté des vignes dans le Beaujolais. Une des raisons quasiment qui justifierait que tu passes du temps avec lui, c’est qui t’explique le domaine des jeunes pousses qui est un truc qu’on a créé tous les deux sur son idée à un moment où il y avait des vignes à acheter.

Antoine

Avec grand plaisir. Écoute, je serais ravi d’aller le rencontrer, de parler des jeunes pousses et du reste. Et puis ce sera l’occasion de retourner en Bourgogne. Ça fait quelques mois que j’y suis pas allé donc c’est toujours un bonheur de retourner là bas. Même si la Loire est magnifique et très grande également. Il n’y a pas de jaloux là dessus. Ivan, merci beaucoup pour ton accueil, C’était un plaisir de revenir te voir ici.


J’espère que vous avez apprécié cette interview, si c’est le cas, n’oubliez pas de la partager autour de vous et de découvrir les vins d’Ivan. Si vous souhaitez me soutenir, découvrez les cartes des vin de The Wine Galaxy et ces verres à vin qui seront parfaits pour vos dégustations.

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