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Épisode 17 – Rencontre avec Emmanuel Coiffe, directeur général de Eugen Grand Vin

Pour ce 17e épisode du Wine Makers Show, nous partons à la rencontre d’Emmanuel Coiffe : le directeur général d’Eugen Grand Vin. Vin sur Vin pousse les portes du monde du négoce pour vous le faire découvrir. On parle de beaux vins pour votre cave à vin. Bonne écoute !

Est-ce que tu peux commencer par te présenter ?

Déjà merci de vous intéresser à la société Eugen. Je suis Emmanuel Coiffe, je suis le gérant de la société Eugen. La société Eugen est un négociant implanté à Bordeaux depuis une vingtaine d’années. C’est une société qui a été fondée par Eugène Raoux, personnage charismatique bien connu à Bordeaux. Cette société de négoce est active sur le créneau des grands vins de Bordeaux et notamment les grands crus classés.

Comment est venue la passion pour le vin ?

Je suis rentré dans le négoce à 23 ans. J’ai eu la chance d’intégrer une grosse maison et mon responsable m’a donné comme mission de développer les marchés européens. J’ai commencé à beaucoup voyager en Europe pour vendre et développer les marchés. C’est un métier de contact qui m’a tout de suite plu.

On a la chance de rencontrer des personnes de tous horizons. Quand on est jeune et qu’on commence, c’est très formateur et plaisant. J’ai ensuite évolué en rejoignant une autre maison de négoce pour laquelle je suis parti 2 ans à Hong Kong. Je rayonnais sur 17 pays en partant de là. C’était une très grande expérience. À cette époque, le marché chinois commençait à grandement évoluer puisque c’était en 2011. Il y avait un grand besoin d’informations. Les chinois voulaient comprendre le vin.

En 2014, j’ai décidé de me lancer à mon compte. J’ai travaillé pendant 4 ans seul en achetant et vendant du vin. En 2018, je me suis reproché de Monsieur Raoux et on a trouvé des accords.

Est-ce que tu connaissais le vin avant ta première expérience dans le négoce ?

Je suis issu d’une famille du vin. La famille est propriétaire de différent cru classés dont le château Ducru Beaucaillou. Mon grand père était Jean Eugen Borie. C’était un homme fort en son temps et on m’en parle encore. Son souvenir et son impact sur ses enfant a été fort.

On jouait beaucoup au jeu de la dégustation. Je me souviens d’un château Palmer 1975 qui avait révélé une grande émotion en moi. On goutait juste car on avait 6 ou 7 ans. On passait les vacances à Ducru Beaucaillou mais j’ai grandi à Limoges.

Ça ressemble à quoi quand on a 23 ans et qu’on peut voyager dans toute l’Europe pour vendre du vin ?

À 23 ans on a peur de rien. J’étais très enthousiaste. Ce n’était pas facile. Je ne me rendais pas trop compte que c’était la crise. J’ai voyagé et j’ai fait preuve d’acharnement et de passion. Je suis devenu un bon vendeur.

Tu rejoins ensuite Hong Kong en 2011 ?

Les taxes des vins importés ont été réduites à 0 en 2008. Hong Kong est devenu la place forte pour le vin en Asie. C’est un vrai hub du vin et des grands vins. Il y a aussi la place de Londres et la place de Bordeaux qui sont très fortes. J’y suis resté 2 ans. Les Chinois étaient très en demande de comprendre. Ils voulaient vraiment connaitre le vin. On essayait d’accompagner, de faire venir les propriétaires.

J’ai gardé des attaches là bas avec des gens très spécialisé. On est à leur écoute chez Eugen et on essaye de les fournir le mieux possible.

Tu crées ta propre société de négoce juste après ?

L’activité commence doucement forcément car il faut des capitaux. J’achetais des caisses de vin et je les revendais. Il y avait de nombreux rouages logistiques à côté : il fallait des entrepôts spécialisés, des transporteurs, des partenaires bancaires, etc. Tout ça enrichit beaucoup le métier. L’accompagnement du vin est très important : on ne peut pas lâcher le vin dans la nature.

Venons en à Eugen, est-ce que tu peux présenter la société ?

Elle a été fondée par Eugène Raoux. Il a développé sa société auprès de particuliers issus des réseaux d’affaires et du monde du spectacle. Je suis arrivé il y a un an et demi. Les axes sont là et il faut les développer. On a fait une grande dégustation à Paris en novembre 2019 avec plus de 50 grands crus présents. Je me souviendrai longtemps de cette soirée. On s’était fait cette promesse avec Eugène Raoux pour marquer le coup de la transition.

Tu achètes le stock des producteurs dont tu es négociant ?

Bordeaux a la spécificité des primeurs. C’est un système ancien qui garantit aux vignerons de vendre une partie de leur vin une fois mis en barrique. Ça apporte de la trésorerie. C’est un système ancestral qui fait vivre la filière. On a la possibilité d’acheter des allocations, c’est à dire un nombre de bouteilles dans chaque château. Les primeurs sont devenus un évènement important avec près de 6000 ou 7000 personnes qui se déplacent à Bordeaux. Tout se monde là se réunit et ça dure une semaine. Apparemment le millésime 2019 n’est pas mauvais du tout.

Les négociants achètent du volume alors que le vin est encore en barrique et le propose à leurs clients. Il est mis en bouteille un an et demi après et mis à disposition des négociants sous deux ans. On le dispatche ensuite à nos clients.

Un particulier peut participer aux primeurs ?

Les dégustations primeurs sont réservées aux professionnels. Par contre, les particuliers peuvent acheter en primeur. Par exemple, la maison Eugen vend aux particuliers en primeur.

Le système primeur crée de la valeur. Vous achetez des vins à un prix normalement avantageux par rapport au prix auquel le vin sera en livrable sur le marché. Il peut y avoir une motivation financière pour investir dans le vin. Il y a également le côté pratique de pouvoir sélectionner un grands nombres de vins parmi des crus que vous ne retrouverez pas forcément après.

Quand vous achetez en primeur, vous achetez quelque chose qui est physique mais qui n’est juste pas devant vous. Sous deux ans, vous récupérez vos caisses et les revendre pour quelque raison que ce soit. Vous pouvez les proposer à votre négociant ou à tout autre marchand. Aujourd’hui, vous pouvez commander en primeur, on vous contacte au moment de la mise à disposition et si on ne vous livre pas on peut vous les garder dans une cave partenaire.

Est-ce que tu as quelques chiffres clés sur Eugen ?

Non, je préfère garder un peu de mystère.

Est-ce que tu as vu des changements dans les habitudes de consommation des clients ?

Oui, bien sûr. On le constate assez directement quand on va boire un verre dans un bar à vin. L’attente, la demande ont évolué. On cherche des vins plus instantanés, les gens sont très demandeurs pour le vin bio. Tout ça concerne les jeunes consommateurs. Ils veulent comprendre ce qu’ils boivent et c’est assez formidable.

Je m’efforce de faire évoluer la gamme quand on propose des vins à des restaurateurs ou des bars à vin. On cherche des vignerons qui correspondent à ces critères. J’encourage beaucoup ces établissements à venir nous questionner. On a des demandes tous les jours et on s’efforce de trouver la bonne solution.

Quelle est la relation d’Eugen avec les producteurs ?

On est très proche. J’étais à Saint Julien ce midi par exemple. Il faut gouter, écouter, comprendre le millésime. Il faut beaucoup voir les gens. Il faut aussi voyager, aller voir les clients. On est toujours réparti entre les fournisseurs et les clients.

On est l’outil de vente des producteurs donc on leur remonte toutes les informations qu’on peut.

Comment ça se passe pour vendre le vin ?

Il y a plein de façon de vendre le vin. Le vin est un produit vivant, il a besoin d’être gouté. En ce moment on pousse les rosés du Château d’Esclans sur l’Aquitaine. Tout le monde sait que ces rosés sont très bons mais on se doit de les faire gouter. C’est très important.

Quelles sont vos ambitions chez Eugen ?

Quand on reprend une société, on a envie de consolider l’existant et de fédérer dans son projet. Ça, c’est déjà un énorme travail. Il faut poser les bases de la croissance de demain : renforcer les parts de marchés, augmenter la variété de notre clientèle. Mes ambitions ne s’arrêtent pas dans l’hexagone. Je souhaite vendre du vin partout dans le monde.

On peut envisager d’étendre la gamme de vins proposés. On est prêt à proposer différents vins, et plutôt des grands.

La question de la contrefaçon revient souvent quand on parle de grands vins

Les grands vins de Bordeaux font face à la contrefaçon depuis longtemps. Nous on accompagne les châteaux et on est le plus transparent possible. C’est très difficile de repérer les bouteilles contrefaites. Il existe aujourd’hui des sociétés pour mettre une puce aux caisses.

Il y avait les pales copies et les très belles contrefaçons. Il y a des personnes qui sont des escrocs notoires et la majorité des personnes en sont tombées. Il y avait une personne qui mettait en vente aux enchères des vins qu’il faisait dans sa cuisine. Le préjudice se monte en dizaine de millions d’euros. C’était un scandale absolu.

Est-ce que tu as un livre sur le vin à me recommander ?

Il y a deux choses qui me viennent spontanément. Il y a un manga Japonais très connu qui est les goutes de Dieux qui a insufflé beaucoup de grands vins auprès des consommateurs japonais. C’est hyper important de connaitre cette série quand on s’intéresse au vin car ça a joué un rôle culturel crucial. Les vins qui étaient dans le manga devenaient des succès commerciaux au Japon.

Acheter les goutes de Dieux

Quelque chose d’un peu plus sérieux, c’est le Féret. C’est un guide qui référence toutes les propriétés et tous les vignobles de l’ensemble du Bordelais. Ça a été formateur pour moi.

Est-ce que tu as une dégustation coup de coeur ?

J’en ai plein. Il y a un vignoble très ancien en Hongrie dans le Tokai. Il y a là bas des vins liquoreux très intéressants à découvrir.

Est-ce que tu as une personne à me recommander pour les prochains épisodes ?

Oui, je pense à une personne à Saint Emilion : Xavier Jean. Il est propriétaire du couvent des Jacobins. C’est une propriété historique. C’est un cru classé qu’il reprend à la suite de sa tente. Il faut s’intéresser à ce qu’il va faire là bas.

Pour aller plus loin : Site web d’Eugen Grand Vin

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