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Épisode #48 – Jean-Baptiste Ancelot – Wine Explorers

Pour le 48e épisode du Wine Makers Show, j’ai eu la chance de rencontrer Jean Baptiste Ancelot de Wine Explorers. Si vous avez des envies de voyage, cet épisode devrait vous mettre l’eau à la bouche. J’ai adoré enregistrer avec Jean Baptiste et j’espère que vous prendrez un grand plaisir à écouter cet épisode.

Je propose que tu commences par te présenter.

Jean-Baptiste : Avec grand plaisir. Jean-Baptiste Ancelot. Je suis né en 1985 à Senlis, dans l’Oise en Picardie, où il n’y a que de la betterave à sucre et pas un pied de vigne. Dans une famille d’instituteurs, de professeurs, et donc sans lien apparent avec le vin. J’ai eu un réveil pour le vin sur le tard, après mes 20 ans.

Tout a commencé dans ma vie après ce déclic. Ça fait un peu comme dans une histoire, ça c’est rigolo. Un concert de Jazz Manouche dans ma ville natale, à Senlis, avec Thomas Dutronc et un caviste qui avait un caveau qui s’appelait le caveau de Valentin à l’époque. Et on a bu quelques vins ensemble pendant et après le concert, et on avait des milieux sociaux complètement différents et ça nous a rapprochés.

Le vin était au centre de tout, et à ce moment-là je me suis dit : « Mais, ce produit que je ne connais pas, me parle, m’intrigue et ce partage me donne envie d’investiguer. ». J’ai commencé à faire des recherches dans le vin et tout a démarré de là.

Qu’est-ce qui s’est passé justement, tout a démarré de là, raconte-nous ? Tu avais 20 ans à l’époque à ce moment-là ?

Jean-Baptiste : Ecoute, c’est rigolo parce que je me dis : « Le monde du vin à l’air sympa, mais c’est hyper vaste. ». J’ai commencé à faire des recherches sur internet sur les métiers du vin et les écoles affiliées à ce métier. On se rend compte qu’il y a une palette de possibilités qui n’est pas infinies, mais tellement large. Ça peut aller de la vigne, à la production, en passant par la vente et le marketing, le consulting et énormément de métiers.  J’étais complètement perdu.

Il se trouve qu’une école à l’époque était numéro 1 au classement Figaro ; c’était l’INSEEC de Bordeaux qui faisait un master en commerce des vins et spiritueux. Je ne pouvais pas faire d’études œnologiques, ce qui aurait été mon rêve, parce que je m’étais à ramassé un 3/20 en maths au bac, et c’était éliminatoire. Dans la partie commerce j’ai pu toucher à l’univers du vin, et entrer après en autodidacte dans tout ce qui était plus viticulture-œnologie.

J’ai été toquer à la porte de cette école. Ils ont vu que j’avais des étoiles dans les yeux et ils m’ont dit : « Ecoute, on va te donner ta chance, mais il va falloir que tu travailles. ». J’ai acheté beaucoup de livres sur le sujet à l’époque et j’ai bachoté tout l’été. Je suis arrivé avec quelques connaissances, et tout a démarré de là.

Finalement j’ai fait un master et un MBA dans le vin. Pendant ce temps, j’ai fait beaucoup de stages qui ont été intéressants. Notamment un premier chez GustoWorld en Belgique. C’est un importateur de vins du monde, et ça m’a beaucoup aidé à comprendre qu’il y a du vin au Japon qui est délicieux, qu’il y des vins en Chine qui sont fantastiques, dans le Nouveau Monde etc.

Moi qui ne connaissais déjà que peu le vin français, je me suis rendu compte qu’en fait le monde était capable de produire des choses fantastiques.

J’ai continué à travailler un peu à Hong Kong pour un négociant, j’ai travaillé à Bordeaux pour le groupe Duclot, ce qui m’a beaucoup appris aussi pendant ces 2 ans. J’ai fini mes études par un V.I.E. pour Michel Chapoutier. J’étais son ambassadeur pour les États-Unis et le Canada. C’était basé à New York. Après tout s’est enchaîné très vite. Michel Chapoutier m’a demandé de rentrer pour m’occuper de l’export pour sa deuxième maison qui s’appelle Ferraton Père et Fils à Tain-l’Hermitage. J’ai été directeur de l’export pendant 2 ans, et j’avais toujours ce rêve de lancer Wine Explorers dont on va parler après. Wine Explorers a démarré autour de mes 28 ans.

Est-ce qu’on peut revenir un peu sur les principaux apprentissages que tu as eus entre-temps et sur ce stage en Belgique ? Et ensuite, sur ton expérience chez Chapoutier en particulier en Amérique du Nord. Ça devait être assez fou d’être Brand Ambassador, tu devais avoir 25, 26, 27 ans ? Commençons par cette expérience en Belgique, c’était ton premier contact avec le commerce de vin ?

Jean-Baptiste : Oui, c’est le premier contact. J’ai oublié de te dire un truc important, je me trompe un peu dans les âges. Ça a démarré plutôt vers mes 24-25 ans. C’est un truc que je raconte souvent aux gens parce que ça les rassure, avant ça, je ne savais pas quoi faire de ma vie avant de tomber dans cette anecdote du vin. J’ai été en STAPS pendant 1 an et puis j’ai arrêté, en fac d’économie mais j’ai arrêté. Et j’ai même été plombier pendant 1 an, j’ai appris sur le tas et puis finalement j’ai arrêté.

Ma vie a été chaotique pendant un moment, puis le vin est arrivé. Ce stage pour cet importateur belge a été un déclic. Je m’occupais de développer la Suisse. Ça a duré 6 mois. J’étais basé juste à côté de Zurich. L’idée était de présenter des vins du monde à des restaurateurs, à des cavistes. Ça m’a fait le palais, sur beaucoup de cépages que je ne connaissais pas, sur des pays absolument fabuleux.

Cela m’a permis de parfaire mes connaissances sur toute cette partie encyclopédique des cépages etc. C’était 6 mois très riches et qui ont été un bouleversement aussi dans ma vie de consommateur. J’ai toujours eu un bonheur fou à boire des vins français et j’aime ce chauvinisme qui peut me caractériser parfois. Mais ça été un bouleversement parce que j’ai eu cet état de conscience qu’on pouvait peut-être aller déceler des pépites dans des nouveaux terroirs ou des endroits un peu méconnus. Parfois des cépages méconnus, parfois des vins avec des types de vinification différents. Ça a été le déclic qui m’a fait me dire : « Commence à faire des recherches et regarde un peu ce qui se fait dans le monde du vin. ».

Tu devais avoir une énorme liberté pendant cette première expérience, ça devait être incroyable. Ça s’est passé comment, tu allais toquer chez les restaurateurs ?

Jean-Baptiste : Oui, j’allais toquer chez les restaurateurs, et c’était trop de liberté pour moi à l’époque. J’aime bien être un peu cadré. En plus, c’est une partie de la Suisse allemande où on parle un peu anglais, et moi je parlais comme une chèvre à l’époque. Ils parlent aussi le suisse allemand, j’aime les suisses allemands et je les embrasse, mais c’est une des pires langues au monde, c’est très guttural. Donc j’ai galéré et je n’ai pas fait trop de ventes je crois. Je n’étais pas le meilleur stagiaire au monde. Mais toquer à des portes et avoir des restaurateurs qui prenaient le temps de gouter et d’échanger, c’était très enrichissant.

On se rend compte qu’un sommelier n’a pas la même approche qu’un caviste, qui n’a pas la même approche qu’un cuisinier etc. Ça m’a permis de connaitre ce monde professionnel avec qui je travaille beaucoup aujourd’hui, à 95% de mon temps, et qui a des codes spécifiques donc ça c’était très riche.

Tu poursuis ton parcours, tes études… Je ne vais pas faire toutes les expériences que tu as vécues, parce que je veux qu’on puisse se concentrer après sur Wine Explorer. Mais lors de ton V.I.E chez Chapoutier, tu devais avoir 26-27 ans à ce moment-là, quand tu es arrivé à New York en tant que Brand Ambassador ?

Jean-Baptiste : Il y a un appel d’offres qui a été publié dans toutes les écoles de commerce en France et qui mentionnait « V.I.E. pour Chapoutier – Etats-Unis et Canada, basé à New York ».C’était l’offre qui faisait rêver tout le monde. Donc je pense qu’il y a dû y avoir beaucoup de postulants et moi, je n’y croyais pas vraiment. Et il se trouve que c’est moi qui l’ai eu.

Le jour où j’ai appris ça, j’ai sauté dans un avion et j’ai plaqué tout ce qu’il y avait derrière moi en France. C’était un nouveau départ et New York est une ville très dure, contrairement à ce qu’on peut penser. C’est très grand, très compétitif et en même temps avec beaucoup de restauration, donc il faut bien se concentrer. Ça m’a appris la rigueur. J’ai un énorme respect pour Michel Chapoutier, pour ses gammes de vin. J’ai travaillé aussi sur ses vins de Roussillon au domaine de Bila-Haut, que j’ai toujours beaucoup aimé. En fait, déjà quand on aime le produit c’est fantastique. C’était un peu similaire au même boulot que j’avais quand j’étais en stage en Suisse. Il y avait des diners à animer, des dégustations le samedi où on faisait goûter les vins aux clients, on se confronte, on échange…  Ce partage c’était fabuleux. J’ai beaucoup aimé.

Antoine : On embrasse Michel Chapoutier au passage.

Donc tu arrives à New York, et là-bas, c’est le même job que tu fais, tu vas toquer à tous les restaurants pour proposer les vins ?

Jean-Baptiste : Oui, et là on essayait plutôt de vendre à la caisse et il y a quand même des objectifs de vente. C’est vraiment un travail à la fois de commercial et à la fois d’ambassadeur. On apprend aussi que les codes de New York, ce n’est pas les codes de la France, ni les codes de Paris. Par contre, c’est un milieu où, quand on entre dans les réseaux, le bouche-à-oreille se fait très vite. On peut vite se faire introduire. Par contre il n’y a pas de secret, il faut bosser beaucoup. On ne compte pas ses heures. Mais c’était passionnant et j’ai adoré cette partie de ma vie.

Mais ça n’a pas duré longtemps parce qu’au bout de six mois, Michel Chapoutier m’a rappelé en France. Il avait besoin que je reprenne la direction de son autre domaine donc j’ai fait mes valises en 3 jours j’ai bouclé les comptes. C’est une histoire incroyable, je suis passé de New York à Tain-l’Hermitage. D’une des plus grosses villes au monde, je me suis retrouvé dans un tout petit village avec l’usine Valrona, ça sentait bon le chocolat. C’était fantastique.

Antoine : Oui, le décalage a dû être un peu brutal.

Et tu devais voyager beaucoup du coup en Amérique du Nord et au Canada ?

Jean-Baptiste : J’avais 35 pays en charge. Donc effectivement j’étais beaucoup dans les transports. A l’export, il y a beaucoup de clients. Il y avait des marchés plus ou moins gros.

Antoine : Oui, quand tu es rentré chez Chapoutier. Tu as dû voyager énormément. Tu avais une zone en particulier ?

Jean-Baptiste : Oui, j’ai commencé à accumuler des Miles à ce moment-là. Principalement l’Europe, les Etats-Unis et une partie de l’Asie. Donc c’est assez vaste.

De toutes ces années, qui sont le début de ton aventure dans le vin, quelles sont les quelques leçons que tu retiendrais et que tu aimerais transmettre à quelqu’un qui commencerait ou qui se lancerait dans le milieu du vin ?

Jean-Baptiste : Ce sont des leçons que j’apprends tous les jours. On continue à apprendre tout le temps. La première c’est que le vin, c’est du jus de raisin fermenté. Ça amène une énorme humilité. Premièrement parce que c’est un travail de vigneron, ou de vigneronne. C’est un travail de sol, d’humain, d’une année au moins derrière chaque bouteille.

On n’est pas obligé de prier d’ouvrir chaque bouteille, mais il y a quand même une espèce de respect du jus qui est chouette. Puis chacun a le droit de donner son avis, ça je pense que c’est une règle fondamentale dans le vin. Le plus difficile pour les gens des fois, c’est de se lancer. Je l’ai vécu avec des proches, qui disaient : « Je n’ose pas t’en parler, je ne m’y connais pas. ». Moi ça me frustre. Le plus important, c’est de dire « J’aime, je n’aime pas. ». Tout le monde a le droit de donner son avis. On peut le faire sur une peinture, ou sur de la musique.

Et puis, c’est un monde infini. Plus on voyage, plus on apprend et plus on se rend compte qu’on ne connait absolument rien. On apprends tous les jours.

Antoine : C’est un truc que j’apprends aussi dans ce podcast, c’est que tu peux te dire : « Je vais faire un podcast sur le vin, ok ça va être riche, mais peut-être qu’après avoir interviewé 20 ou 30 personnes, tu as fait le tour du sujet. Il faut passer à autre chose. ». En fait pas du tout, là je pense qu’on est à 50 ou 60 épisodes enregistrés. En fait, à chaque fois que tu rencontres quelqu’un, il te dit de nouvelles choses, il te dit va voir machin qui va te parler d’autre chose et c’est sans fin.

C’est un monde assez spectaculaire comme tu l’as dit. Tu vas du travail de la terre jusqu’à la vente, en passant parfois par l’architecture ou les tonnelleries.

Jean-Baptiste : Le pire c’est que des fois, ça nous amène trop loin. C’est-à-dire que quand on est trop geek, ça nous arrive d’être en train déjeuner et de boire du vin avec des amis et d’être déjà en train de parler du dîner et de ce qu’on va boire ce soir. Alors qu’on n’a même pas fini le repas.

Antoine : Il y a des jours où je suis très content de savoir que le soir, j’ouvre telle ou telle bouteille.

Jean-Baptiste : C’est clair.

Revenons à ton aventure, comment ça se passe ? Tu étais directeur de l’export chez Chapoutier, à un moment donné tu décides que tu en as un peu marre et que tu as envie de te consacrer à autre chose ?

Jean-Baptiste : Pas du tout, j’avais une belle situation, une très belle vie et tout se passait très bien. Sauf que, à un moment donné il se passe des choses dans la vie où on doit prendre des décisions. Rester dans ma zone de confort qui était ma position ou tout quitter pour me lancer dans le plus grand rêve de ma vie. Dès le départ de mes études, j’ai commencé à faire des recherches sur le monde du vin, car j’avais soif de connaissances, sans jeu de mots.

Après 2-3 ans de recherches sur mon temps libre, je m’étais aperçu qu’il y avait au moins 80-90 pays qui pouvaient produire du vin. Mais dans tous les atlas, tous les ouvrages, ou les publications que j’avais pu lire, on parlait souvent, voire presque tout le temps d’à peu près 20-25 pays qui font la pluie et le beau temps entre ce qu’on appelle l’ancien et le nouveau monde.

Il y avait d’une part, une frustration de me dire que je ne trouvais pas d’information sur tout, et d’une autre part une vraie curiosité de me dire : « Qu’est-ce que le monde du vin au 21e siècle ? » De quoi est-il composé, quels en sont les acteurs, pourquoi en fait du vin ici ou là etc. Par contre, ça restait une question et au bout d’un moment, c’est devenu un rêve de me dire : « Et si, au lieu d’être frustré, je transformais ça en une opportunité et que j’allais rencontrer des vigneronnes et des vignerons aux quatre coins du monde pour mieux comprendre ? ». Parce qu’il n’y a rien de tel que de mettre les pieds dans la vigne et de discuter avec les gens sur place pour voir un petit peu ce qui se passe.

A un moment donné quand tu fais le calcul, tu te rends compte que quand tu as à peu près 90 pays qui font du vin, même si tu veux passer en moyenne 2-3 semaines par pays, ça te fait 4 ans de voyage.

J’avais mis le truc de côté en me disant que c’était barjot quoi. Et puis qu’il faudrait lever des fonds, c’était un peu compliqué. Donc je me suis lancé dans cette vie active.

Jusqu’au moment où je discute à Bordeaux avec mon ami Jean Moueix, et je lui dis : « J’ai cette idée en tête, elle est complètement folle peut-être, je ne sais pas. ». Je lui expose le projet, il m’a dit effectivement tu es barjot mais j’adore le truc. Et je lui ai dit : « Ecoute, ce que j’aimerais, c’est que tu sois le parrain d’honneur de Wine Explorers. », parce que j’avais déjà un nom pour le projet.

C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, qui a des valeurs d’humilité que j’apprécie énormément et puis c’est une grande personne. Il a un nom qui résonne dans le monde du vin, et je voulais m’appuyer sur cette aura pour m’ouvrir aussi d’autres portes grâce à sa bienveillance et sa crédibilité. Il m’a dit oui au bout d’une demi-seconde avec un enthousiasme débordant.

Je me suis dit : « Waouh. Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’ai quelqu’un qui me touche et que j’aime beaucoup qui me soutiendrait, mais est-ce que je reste directeur de l’export pour ce domaine que j’aime ou est-ce que je plaque tout et je me lance dans des recherches de financement ? ». J’ai un peu réfléchi mais j’ai sauté le pas, parce que je ne supporte pas le regret.

Antoine : Ça aurait trotté dans ta tête, impossible de survivre.

Jean-Baptiste : Oui, exactement. Donc j’ai commencé à faire des recherches de financement et ça m’a pris 2 ans de vie. Il y avait beaucoup d’argent à lever, avec un photographe à trouver parce que je voulais faire de belles images. On ne s’improvise pas photographe, c’est un sublime métier et je ne sais pas appuyer sur un bouton. Quand on regarde le livre et les articles qu’on a écrits, on comprend que c’est hyper important quand on a de si beaux paysages de bien les documenter. Et donc, il fallait financer pour deux.

Au bout de 2 ans, je ne sais pas par quel miracle, mais il y a une dizaine de multinationales qui ont dit oui et qui ont au fur et à mesure mis de l’argent sur la table, que ce soit pour des études de marché, avoir de la visibilité, on faisait des conférences pour certains. On avait camping-car, c’était notre plus gros partenaire, Pilote, qui avait sorti un prototype d’usine pour nous qui faisait 7 mètres de long, et dans lequel il y avait 4 lits. C’était complètement incroyable. On a fait 42 pays avec, c’était à la fois notre maison, notre voiture et notre bureau.

Donc tout ça fait que les sponsors sont finalement venus et on a pris la route avec mon premier compagnon de voyage le photographe Ludovic Pellet en direction de l’Afrique du Sud en janvier 2014. Ça s’est achevé en décembre 2018 par le Cap-Vert. Au final, on aura fait 88 pays viticoles. Il n’y a que la Syrie et le Venezuela qu’on n’a pas couverts, et ce pour des raisons géopolitiques. Mais il valait mieux faire attention à soi que d’y aller.

Comment est-ce que tu as trouvé un photographe aussi barjot pour te suivre ?

Jean-Baptiste : C’est une excellente question, on ne me l’avait jamais posée. J’adore. Ce n’était pas n’importe qui, c’était un ami du lycée à qui j’avais parlé du projet. Il avait aussi envie d’un défi voyage. L’alchimie s’est faite comme ça.

Au bout de 2 ans, notre collaboration s’est arrêtée. Il avait besoin de faire d’autres projets. C’est là que j’ai eu d’autres photographes après qui sont venus sur le projet.

Mais je le comprends. Suivre quelqu’un pendant autant de temps pour ne faire que de la vigne finalement… Là où c’est un peu de tortionnaire de ma part, c’est qu’on n’a jamais fait une seule visite touristique pendant tout Wine Explorer. C’est-à-dire que je ne savais pas faire autre chose que visiter des vignobles. Et, c’est une digression mais qui est importante, je savais déjà qu’on ne pourrait pas tout visiter.

Je voulais optimiser le temps. J’avais fait un petit calcul approximatif en me disant :

« Si je veux visiter tous les vignobles du monde, il faudrait que pendant 13 générations, je fasse un vignoble par jour, du lundi au dimanche entre mes 20 et mes 50 ans, et ce sans création de nouveau vignoble bien évidemment. ». Il y avait un choix à faire et on savait qu’on n’allait visiter que quelques domaines.

On a souvent fait des visites du lundi au dimanche. Pour un accompagnant qui n’est pas forcément du milieu du vin, au bout d’un moment, ça peut devenir un peu chiant. Moi au contraire je trouvais ça génial, mais on n’avait pas le même appétit pour le produit. Ce qui est fantastique, c’est qu’aujourd’hui dans le livre qu’on a publié, on a ces cinq photographes avec leur patte à eux. Ils ont tous apporté quelque chose de différent à l’ouvrage. Ça fait une somme de compétences énorme, c’est chouette.

Et toi ça t’a aussi permis changé de partenaire.

Jean-Baptiste : Oui, parce que finalement chacun a sa personnalité et du coup on sort un peu la tête du guidon, parce que chacun a des exigences différentes, chacun  sa façon de travailler.

A chaque fois ça permet de se remettre aussi en question et puis ça permet de retravailler mieux. Quand on se lance dans un projet, c’est comme pour tout, il y a cette première phase où on est un peu brouillon et plus ça va, meilleur on est. Et quand on fait la dernière tâche ultime, on est trop fort et tout se passe bien. Pour nous c’était pareil. C’est-à-dire qu’au début, les visites de vignoble s’organisaient plus ou moins bien et puis finalement on est devenus rodés.

Tu as parlé du tour du monde que tu as fait. Tu n’as donc pas fait la Syrie, ni le Venezuela, mais tu as dit deux choses qui se contredisaient un peu, qui étaient que ça s’est fini par le Cap-Vert à telle date, et en même temps tu as dit qu’il fallait beaucoup de générations si on voulait tout faire. Du coup, est-ce que tu considères que Wine Explorer, c’est fini ? Où est-ce que tu penses qu’en fait c’est un travail sans fin ?

Jean-Baptiste : Si ma femme écoute, il faut qu’elle coupe le podcast maintenant. Je crois que j’aimerais beaucoup continuer à voyager, effectivement. Il fallait calibrer. Quatre ans en fait, pourquoi ? C’est-à-dire que quand on fait à peu près deux à trois semaines par pays, on sélectionne à peu près entre huit et douze domaines par pays, ça dépend de la taille. Mais on va faire beaucoup de petits, un petit peu de moyens et un ou deux gros pour avoir un panel représentatif. Du coup, on ne fait pas forcément tout.

Donc on a quand même une dead-line qui sauve un peu l’esprit, parce que partir quatre ans sans rien faire d’autre, c’est quand même dédier une partie de sa vie un peu folle à de l’aventure et pas à d’autres projets concrets. C’est aussi pour ça que j’ai mis une deadline. Bien évidemment je repars maintenant ponctuellement, la Covid n’a pas forcément aidé ces derniers temps, mais en même temps, c’était très bénéfique puisqu’il y avait beaucoup de projets à développer.

Il y a eu notamment les importations qui se sont lancées l’année dernière. J’avais besoin aussi de temps pour la digestion, parce que ça se digère toute cette information. Et puis aussi pour préparer le concret puisque, cette phase de voyage, quand je l’ai imaginée, c’était pour en faire plein de petits, une espèce de pieuvre avec une partie œnotouristique ici, des bouquins là, donner des cours, importer du vin, peut-être créer des bars à vin… Il y a plein d’idées derrière.

Quand tu étais dans ces domaines, et en particulier au début, tu leur dis : « On va vendre votre vin en France, mais dans quatre ans. » ?

Jean-Baptiste : Alors non, je ne leur dis surtout pas, parce que déjà, il y en a beaucoup que je n’importerais jamais. Pas parce que ce n’est pas bon, mais soit parce que ce n’est pas au niveau, soit parce que ça ne m’a pas donné d’émotion. Quand on a contacté les domaines, c’était beaucoup de travail en amont puisque chaque visite était planifiée, on leur disait juste « On va parler de vous, et on va écrire sur vous. ». C’est une promesse qu’on a toujours tenue. Si les vins n’étaient pas à la hauteur ou ne nous plaisaient pas, on parlait de l’histoire du vigneron ou de l’endroit. Il y avait toujours quelque chose de positif à raconter.

Antoine : Si vous feuilletez le livre de Wine Explorers et qu’on ne parle pas de votre vin…

Jean-Baptiste : Ah non, parce qu’on ne peut pas mettre tous les vins, donc il n’y a qu’une micro-sélection. Sinon on aurait pu faire juste un guide du vin. C’est un échantillon de la partie émergée de l’iceberg. On a parlé positivement à chaque fois, il y avait toujours quelque chose à raconter. Parfois, quand on me demande : « Quel souvenir t’a le plus marqué ? », ce n’est pas toujours des souvenirs liés au vin, mais plus d’humain et de rencontre. Parce que parfois le vin n’était pas forcément transcendant, mais l’endroit était magique, les gens apportaient quelque chose…  J’ai toujours été très sensible à l’humain. C’est une équation assez complexe.

Antoine : C’est assez intéressant ce que tu dis, parce qu’en fait tout à l’heure tu m’as posé la question « Quel podcast t’a le plus marqué ? », et j’ai oublié de t’en mentionner un. Alors, je rassure tous mes anciens invités, j’en ai mentionné beaucoup, ne vous inquiétez pas.

Tous les podcasts m’ont marqué d’une manière ou d’une autre, mais il y en a un qui n’est pas encore publié au moment où on parle mais qui sera publié au moment où notre épisode sortira. C’est celui avec Jean-Michel Caze, c’était un épisode de fou.

On a très peu parlé de vin, étonnamment. C’était un peu une conversation évidemment sur le vin car sa vie tourne autour du vin mais c’était surtout sur sa vie, sur tout ce qu’il a fait, sur le paysage du vin en général, sur l’ouverture des États-Unis, sur l’Asie… Pas sur le produit en tant que tel, et pour autant c’était assez spectaculaire comme conversation. Donc je te rejoins complètement sur le fait qu’il peut y avoir des histoires qui créent des souvenirs.

Jean-Baptiste : Et c’est là la beauté de la chose et c’est le monde du vin qui permet ça. Je ne suis pas sûr même si je n’ai pas fait tous les différents univers dans le monde du travail.

Le milieu du vin permet cette rencontre, ce partage à plein de niveaux différents et crée énormément d’émotion.

On n’est pas dans la finance. On ne gagne peut-être pas beaucoup d’argent mais au moins, on a cette richesse qui n’est pas calculable. Mon métier me donne une énergie folle. Tous les matins je me réveille avec la pêche. Je me dis que je ne sais pas jusqu’à quand ça va durer. On ne sait jamais combien d’années on vit sur cette planète. Il paraît qu’on n’a qu’une vie, donc autant en profiter et le monde du vin apporte ça.

Est-ce que tu as eu une galère en particulier durant le voyage ?

Jean-Baptiste : Oui, il y en a eu quelques-unes. Dans ce tour du monde global des pays viticoles, il s’est forcément passé plein de trucs croustillants. D’ailleurs un de mes grands rêves serait de prendre le temps un jour de coucher sur le papier de manière un peu romancée toutes ces anecdotes croustillantes. Je pense que ça ravirait beaucoup de lecteurs.

Une qui me vient en tête, ce serait peut-être en Thaïlande. Je marchais souvent, il ne faut pas le dire, mais j’aime beaucoup marcher en tongs dans la vigne, je marchais avec mes tongs et puis au bout de deux jours dans le domaine, les propriétaires m’ont dit « Faut quand même faire attention parce qu’il y a telle variété de serpents venimeux, donc j’ai vite mis des chaussures montantes. Après des anecdotes où on a été en danger, on n’en a jamais eu. On a vraiment cette chance.

Antoine : C’est plutôt positif.

Jean-Baptiste : Oui, et puis c’est assez rigolo parce que ma maman, d’ailleurs je l’embrasse, c’est à la fois la plus grande fane et en même temps, elle avait des craintes quand on allait dans certaines destinations du monde qui n’étaient pas forcément fondées. Mais des fois de l’extérieur, on a beaucoup d’aprioris. Je me suis souvent senti en sécurité dans des endroits du monde qu’on avait un peu décrits comme n’étant pas forcément sûrs. Des fois je me promène dans à côté de chez moi, en banlieue parisienne et je me sens moins en sécurité. Ça aussi c’est paradoxal et le monde est beau, et il y a beaucoup d’endroits du monde où il fait bon vivre et en fait il y a beaucoup de gens biens partout. Il suffit de faire les bonnes rencontres et tout se passe bien quoi.

J’ai moins voyagé que toi, mais c’est vrai que c’est quelque chose que le voyage t’apprend, le fait de bouger et de te rendre compte que tu es bien ailleurs aussi.

Jean-Baptiste : C’est ça. Et ça m’inspire un truc que je veux te raconter absolument. Au Cambodge, il y a un domaine viticole. Le monsieur faisait des oranges avant, et il savait que tout le monde faisait des oranges dans son pays donc il a voulu se différencier et faire du vin. Il est parti de zéro, il a lu deux ou trois bouquins et il a commencé à faire du vin. Aujourd’hui, ça commence à fonctionner mais son domaine n’est vraiment pas connu.

Il n’a pas de site internet etc. J’ai eu son contact Facebook grâce à un domaine en Thaïlande. On a échangé sur Messenger avec son fils qui traduisait un peu en anglais, parce qu’il ne parle pas un mot d’anglais. On avait un échange assez approximatif.

Et, à un moment, je suis en Thaïlande et je vais pouvoir aller au Cambodge. Je peux aller les voir à telle date aller les voir, mais on n’a pas d’échange autre que Messenger. Je prends quand même un avion puis deux bus et je suis perdu au milieu de nulle part. Donc j’espère qu’à l’arrivée de ce deuxième bus, il y aura quelqu’un pour m’attendre, parce que dans le bus je n’ai plus de réseau. Le deuxième bus tombe en panne, et on se retrouve pendant six heures au milieu de la pampa. Je commence à devenir tout blanc parce que je me dis : « Je ne connais personne, et je pense qu’avec six heures de retard sur le rendez-vous, ça ne va pas forcément bien se passer. ».

Le bus repart, on fait quelques heures dans la pampa et on arrive au point final en plein milieu de l’après-midi alors que j’avais rendez-vous très tôt le matin. Il n’y a pas d’arrêt de bus, c’est juste le chauffeur qui ouvre la porte du bus. Il y a des champs autour de moi et je me dis : « Est-ce qu’il veut vraiment me jeter là ? ». Je descends du bus pas très fier, je récupère ma valise, enfin c’était mon gros sac à dos, et là on se regarde avec le photographe et on dit : « Qu’est-ce qu’on fait ? ».

Et en fait, derrière le bus, il y avait une voiture que je n’avais pas vue. Il y avait des personnes qui attendaient devant la voiture : le papa, le vigneron et son fils. Ils attendaient depuis le matin. Quand ils m’ont vu, ils ont souri et ils étaient heureux de nous voir. Ils ne se sont jamais plaints du fait qu’on était en retard, ils ont compris et n’ont jamais rien demandé. On a passé trois jours chez eux qui étaient merveilleux. Ce genre de rencontre humaines te fait te dire : « Waouh, il faut que j’apprenne la patience, il faut que j’apprenne beaucoup de choses. ». C’est une leçon de vie, ça m’a donné des frissons et encore aujourd’hui.

Donc tu as vadrouillé dans le monde entier pendant quatre ans ?

Jean-Baptiste : Avec des petites pauses de temps en temps quand même. Au cas où il y a des gens qui se demandent si j’ai fait ça pendant quatre ans, on faisait des voyages de deux mois maximum en général et puis on rentrait pour recharger les batteries, préparer les autres voyages.

Donc écrire un bouquin, ça c’était sûr. Est-ce que tu avais déjà l’idée d’importer du vin ensuite ? Ou bien c’était une des idées, mais ce n’était pas sûr ?

Jean-Baptiste : C’était dans un coin de ma tête pour être honnête, mais ce n’était pas forcément ce que je voulais faire tout de suite. C’est un métier vraiment complexe, à part et que je voyais plutôt des options littéraires, du type écrire des bouquins ou faire des vidéos.

Un de mes grands rêves un jour, ce serait de tourner une série documentaire. Si Netflix nous écoute, je pense qu’on a des trucs à faire ensemble.

Tu voudrais produire ça ?

Jean-Baptiste : Oui, beaucoup. Je pense qu’il y a énormément de choses à faire et on pourrait faire des épisodes autour du vin. Le vin ne serait qu’un prétexte, c’est une colonne vertébrale finalement, et on pourrait créer des épisodes avec beaucoup d’émotion, de la culture, de la cuisine etc. J’ai plein d’idées.

Est-ce que tu avais déjà l’idée d’importer du vin ou pas ? Parce que tu savais que les quatre ans allaient se finir en fait.

Jean-Baptiste : En fait tu as raison, c’est venu assez naturellement. Le bouquin a été publié en septembre 2019. A la sortie il marche très bien. On a eu beaucoup de retours. Parmi ces retours, il y a beaucoup de gens qui nous ont dit : « Mais vous êtes mignons avec votre vin, mais maintenant qu’on lit, on goûte quoi et quand ? ». La page est jolie mais j’ai envie de mettre un truc dans mon verre. Cette pression positive, on va l’appeler comme ça, m’a fait accélérer le processus mental. Du coup, j’ai commencé à regarder quels étaient les domaines qui m’avaient le plus marqué dans le monde. J’ai commencé à faire une liste de toutes ces pépites qui n’était finalement qu’une toute petite partie de ce que j’avais goûté, on va dire 1,5 ou 2 pourcents. J’ai commencé à les contacter et à mettre la machine en route.

Aujourd’hui, depuis septembre 2020, Wine Explorers est officiellement importateur et distributeur de vins du monde. On est spécialisé dans beaucoup de cépages endémiques, parce que j’aime aller chercher des variétés un peu différentes.

L’aventure elle a commencé simplement avec un premier domaine en République Tchèque, à qui j’ai dit : « J’aimerais me lancer mais je n’ai pas de fichier de clients, je n’ai rien. Vous n’êtes pas encore sur le marché français, est-ce que ça vous intéresse. ».

Pour chaque domaine que j’importe, je connais bien soit le vigneron, soit le propriétaire, et la plupart sont devenus des amis. Il y a une relation de confiance avec tous, ils ont tous dit oui. Et donc, ça me permet de les importer en exclusivité, et ça c’est important. On est les seuls à les avoir et c’est nos protégés. Depuis, on a neuf domaines, de neuf pays dans le portefeuille. De la Roumanie, on parlait de notre ami Laurent Pfeffer, à la Bosnie, en passant par le Liban ou Malte. Et en fait, tous ces domaines-là, ce ne sont que des petits domaines familiaux qui sont souvent en bio ou biodynamie, certifiés ou non. Il y a une vraie promesse derrière, et la réponse commence à être bonne.

On a commencé ça en plein Covid… Ce n’était pas le meilleur timing au monde. On a quand même créé un petit site internet, Wine-Explorers.net. On a une toute petite partie de vin pour les particuliers, mais 95 % de notre business c’est les professionnels, sommeliers, cavistes, chefs… Parce qu’il faut prendre le temps de discuter avec les gens pour parler de vins du monde. Il faut prendre le client par la main et quoi de mieux que d’avoir des ambassadeurs sur le terrain pour justement prendre le temps de faire la démarche. Là si je te fais goûter un žilavka de Bosnie, mais que je ne t’explique pas un minimum, ça peut effrayer.

Est-ce qu’à un moment donné pendant ces quatre ans, tu as angoissé et pensé à arrêter le projet ? Et quand tu t’es dit : « Dans 6 mois, c’est fini. », tu avais déjà un peu le blues?

Jean-Baptiste : Oui, c’est arrivé très souvent. Pour plusieurs raisons, et c’est une question qui m’émeut beaucoup parce que ça me rappelle plein de moments très difficiles. C’est vrai qu’on parle toujours du positif du projet mais c’est vrai qu’il y a eu pas mal de pas mal de galères.

Déjà, on se demande par moments, si on va continuer parce que le corps est quand même un peu fatigué. Et quand tu fais des voyages du lundi au dimanche… En fait c’était un voyage en trois dimensions. C’est-à-dire qu’on vit le moment présent et on essaie d’être à fond pour le vigneron ou la vigneronne. On passe en moyenne sur le domaine un à deux jours, pour essayer de vraiment comprendre l’endroit. Il faut donner toute son énergie, parce qu’on n’a pas envie de passer à côté de quoi que ce soit. Il faut être à fond pour les personnes pour les respecter. En même temps, on était en train de préparer tous les autres voyages et les autres pays qu’on allait faire.

J’étais tout le temps aussi sur mes mails le soir, le matin et avant et après les visites. Et, en même temps, tu travailles dans le passé puisque pour chaque pays qu’on avait traversé, on écrivait pour nous, on écrivait pour le Figaro Vin avec lequel on a eu un partenariat pendant toute la durée du projet. On écrivait pour d’autres types de magazines comme Bettane+Desseauve, on nous demandait pour des conférences, etc.

C’était fantastique mais les journées étaient trop courtes. Il arrivait souvent que la fatigue me fasse dire : « Est-ce qu’on va être capable d’aller jusqu’au bout ? ».

Et en fait à chaque fois qu’on visitait un nouveau vignoble, et qu’on avait cet accueil et cette énergie que nous donnaient les gens on était reboostés. Ça rechargeait nos batteries. Ça a peut-être été le grand facteur qui nous a permis d’aller jusqu’au bout, avec deux autres choses.

La première, c’est le soutien de ma mère. Elle a toujours été en back-office, et elle est extraordinaire. La deuxième, c’est la rencontre avec ma femme à la moitié du projet. Elle habitait à Paris à l’époque. Ça a été une très belle rencontre pendant un de mes retours. En fait, c’est elle qui, pendant les dernières années du projet, m’a apporté, du recul et de la sagesse j’en manquais cruellement. Voilà, beaucoup de facteurs qui font qu’on se rend compte qu’un projet on ne le fait pas tout seul mais finalement, on le fait en équipe. Et que, quand on arrive à avancer avec les bonnes personnes, on peut aller très loin.

Comment tu as pu rencontrer ta femme sur un retour entre deux voyages ? Tu n’es pas obligé de le raconter…

Jean-Baptiste : Si, parce que c’est très rigolo ! En fait, j’étais dans un restaurant qui s’appelle Marcel, avenue de Junot, où elle était directrice. Je devais rejoindre une amie et je mangeais un petit cheesecake au comptoir, et il se trouve qu’elle était directrice et elle était derrière le comptoir. J’ai eu un coup de foudre et puis je lui ai donné ma carte. Je lui ai dit : « Je fais le tour du monde, je suis en train de voyager. », je lui en ai mis un peu plein les yeux. C’était très con, mais ça lui a plu.

On s’est revus et ça a commencé comme ça. J’ai quand même très souvent fait des retours en France. Et elle a soutenu beaucoup le projet. Elle nous a accompagnés sur son temps libre dans une dizaine de pays. Elle est venue en tant que spectatrice pour comprendre un peu ce qui se passait.

De la Grèce au Caucase en passant par des pays comme la Turquie par exemple. Tout ça mis bout-à-bout, même si c’était un extrême défi de mener à la fois une vie sentimentale et une vie professionnelle sur deux fronts avec autant de voyages, ça très bien fonctionné. A tel point que j’ai terminé en décembre 2018 le projet, et en janvier 2019 ma femme a accouché de Louis, notre fils. On peut faire des trucs fous quand on est fou, je ne sais pas.

Antoine : C’est incroyable. Bravo, ça dû être intense.

Jean-Baptiste : C’est parce qu’on n’y pense pas avant, mais si on commence à réfléchir à tout ce qu’on fait, on ne fait plus rien.

Quand tu as fini le voyage, la séparation avec le photographe a dû être assez difficile, vous êtes arrivés à Charles de Gaulle et puis..?

Jean-Baptiste : Non, ce n’est pas un adieu définitif. C’est Brice Garcin, qui a apporté beaucoup de choses dans le projet. Il a refait les visuels et le logo. Il a été fantastique. Comme on collabore beaucoup sur des projets comme le livre, ou des articles dans la presse, on a toujours un contact.  Même si aujourd’hui, on est sur des univers complètement différents, les voyages laissent cette trace invisible. On a vécu des choses ensemble. Ce n’est jamais un vrai au revoir.

Donc là, tu t’es posé chez toi quelques jours, et tu t’es dit : « Maintenant, il faut écrire. ». Tu avais quand même une base sur chaque domaine je suppose, puisque tu prenais beaucoup de notes, et tu avais toutes les photos en plus. Est-ce que tu l’as écrit au fur et à mesure le bouquin, ou est-ce que tu as tout repris d’un coup ?

Jean-Baptiste : Alors, pendant le voyage, j’avais deux façons de travailler. Pendant les visites j’avais des carnets Moleskine. J’ai dû remplir 18 gros carnets au cours des 4 ans, pour écrire tout un tas de choses, à la fois journalistiques, des informations techniques des vignobles et puis sur les anecdotes, les restaurants etc. J’avais aussi les tableaux Excel pour les dégustations sur un ordinateur.

Toute cette base de données a été gardée bien précieusement. Cela m’a beaucoup aidé dans l’élaboration du livre pour la partie histoire et pour la partie vin. Mais, le livre est parti d’une page blanche. C’est-à-dire qu’il m’a fallu quelques semaines pour digérer. J’avais déjà un éditeur qui était prêt à faire le livre, donc ça c’était chouette. Il m’a laissé un peu de temps pour me remettre un petit peu d’aplomb, après tous ces voyages. Ça a quand même été un moment brutal et violent dans ma vie le fait de me re-sédentariser. J’aimais bien dormir chaque soir dans un endroit différent. Aujourd’hui j’apprécie le calme d’avoir mon chez-moi. Ce bouquin a été un très beau travail à quatre mains.

On ne savait pas trop quoi faire au début, je voulais faire un livre mais je ne savais pas quel type. Quand tu as autant de matière tu peux faire une BD, un guide du vin, un atlas, un beau livre de photos…

Les projets peuvent être multiples, mais il faut bien commencer par un. Du coup, on a essayé de faire un hybride. C’est aujourd’hui un bouquin qui fait 336 pages, et dans lequel on a un chapitre pour chaque pays producteur de vin dans le monde. On n’a pas toutes les régions viticoles présentes parce qu’il aurait fait 800 pages. Il a fallu faire des choix. On y trouve à la fois de la belle photo, ça veut dire des photos pleine page, à la fois des anecdotes, des informations extrêmement techniques.

On a travaillé avec tous les organismes viticoles au monde, avec l’O.I.V.. Et ça nous a permis d’actualiser tous les chiffres après les 4 années de voyage. Et ce pour avoir une data propre à présenter aux consommateurs. Si tu es geek de vin et que tu veux de l’information ultra-pointue, tu peux en trouver via tous ces chiffres, ou via la partie histoire car on a repris l’histoire de chaque pays viticole. J’ai la chance que mon éditeur soit historien de métier.

On avait cette volonté de rendre le livre accessible à tout le monde. Si tu n’y connais que tu n’y connais rien mais que tu as quand même envie de le feuilleter, comme il est organisé par ordre alphabétique, tu peux l’ouvrir et aller voir de belles images, prendre une rubrique au hasard, un portrait de vigneron du vigneron, une anecdote « Le saviez-vous ? » ou aller lire des choses un peu plus techniques. C’est un espèce d’OVNI mais qui m’a apporté beaucoup de satisfaction et je suis content de ce bouquin.

Antoine : Quand tu as publié le livre, les retours ont été excellents, les gens te demandent où trouver ces vins. Tu t’es dit que ça pouvait être intelligent de commencer à importer.

Ça doit être difficile d’importer du vin en France. Il doit y avoir beaucoup de régulations. Je n’ose pas imaginer. Déjà si c’est à l’intérieur de l’UE, ça doit être en peu plus simple mais ça doit être une tannée?

Jean-Baptiste : Oui. C’est vraiment un métier à part entière pour tout un tas de raisons, que ce soit l’administratif, les régulations… On parle de produits avec de l’alcool, donc ce sont des denrées extrêmement contrôlées avec des systèmes de taxation etc.

Sans rentrer vraiment dans la logistique, il faut bien se renseigner, bien s’entourer et puis savoir déléguer. Je suis entouré d’un très bon prestataire qui a ce qu’on appelle une licence sous-douane. Donc on sous-loue cette licence d’entrepositaire agréé. Ça permet de pouvoir importer en toute tranquillité. Il s’occupe du dédouanement, du stockage et du reconditionnement.

Ça me permet de respirer un peu et de pouvoir continuer mon travail de fond, qui est de sourcer ces nouvelles pépites, d’aller rencontrer aussi des futurs clients et de travailler sur plein d’autres projets. Et puis aussi parce que je ne me voyais pas dans cette vie que j’aime, faire un métier administratif et de logistique. Ce n’est pas du tout mon truc et je respecte tout à fait ce métier-là. Mais comme il y a des gens qui le font mieux que moi, j’ai délégué. Et ça c’était important.

Mais oui c’est effrayant. Aujourd’hui, j’adore ce métier. Mais quand on commence, on ne sait pas comment faire. Il y a une première palette qui arrive et il faut trouver des clients, et puis il faut faire goûter. Ça c’est le plus stressant, car quand on fait goûter les vins qu’on aime.

Moi quand j’ai eu ma première dégustation, et d’ailleurs c’était avec un Monsieur que j’aime beaucoup qui s’appelle Gérard Margeon. Il m’avait beaucoup aidé par ses conseils pendant le projet mais qui est très exigeant aussi en dégustation. Et du coup je savais que c’était un dégustateur hors pair que j’allais affronter sur cette première dégustation. En plus il est venu avec ses deux fils donc j’avais un peu de pression. Ils ont beaucoup aimé certains vins, d’autres moins mais le retour d’ensemble a été très positif. Ça m’a donné beaucoup d’énergie pour continuer et ça a été ce premier déclic qui m’a mis en confiance, et le pied à l’étrier pour démarrer. Mais je me suis vraiment senti tout nu dans cette dégustation. On se dit qu’on a aimé des vins, on a voyagé, on a importé. Mais maintenant, ce jus de raisin fermenté, est-ce qu’il va plaire ? Maintenant j’ai plus de réponses, mais au début je n’étais pas fier.

Antoine : Oui, surtout une première dégustation avec Gérard Margeon, ça ne doit pas être le plus facile. Au moins, une fois que tu as mis ça comme base, c’est plus facile pour la suite.

Là ça fait combien de temps que tu distribues en France ?

Jean-Baptiste : Si on compte les mois pendant le Covid ou si on ne les compte pas, ça change beaucoup. Si on les compte ça doit faire deux mois. Et sinon, on a commencé en septembre 2020. On a été à l’arrêt pendant assez longtemps. On travaille avec certains cavistes, mais notre cœur de métier c’est quand même la restauration. Certains de nos vins gastronomiques sont placés dans de jolis endroits. Donc c’est le tout début, et par contre, au moment où on enregistre ce podcast je fais une tournée à Paris pour faire des dégustations et on a des retours qui sont très positifs. Ça donne une énergie et envie de continuer. On est en train de placer des pions un peu partout.

L’idée derrière tout ça, c’est de faire connaître les vins du monde à un maximum de gens. Et aussi de faire connaître tous ces cépages un peu endémiques à monsieur ou madame tout le monde. Et ça, c’est vraiment chouette parce qu’on découvre des trucs avec des noms imprononçables. Je pense à la feteasca regală en Roumanie. L’idée c’est que demain, toi ou n’importe qui, puisse dire : « J’ai goûté un truc, ça s’appelle la feteasca regală, c’est vachement bon. ». C’est ça l’objectif.

Antoine : Oui, c’est super cool.

Tu as dit que tu avais plein de projets, est-ce que tu veux en parler ?

Jean-Baptiste : Il y en a qui se sont concrétisés déjà.

Antoine : Tu m’as déjà parlé de la série Netflix.

Jean-Baptiste : Oui, c’est bien de le rappeler. Comme ça, celui qui prend le podcast en cours, il se dit « Ah, il y a peut-être un truc à faire. ». Dans les autres projets, peut-être un prototype de bar à vin. Ce n’est pas encore très clair. J’aime bien m’appuyer sur plein de bars à vin partenaires, mais si on faisait un bar à vin ce serait pour créer un concept. Ce serait un espèce d’OVNI, on aurait l’impression en entrant de faire un mini tour du monde par la déco, par l’atmosphère et par la façon dont les gens seraient pris par la main.

J’ai choppé plein d’idées folles aux quatre coins du monde. Quand on voyage, on voit un truc, on prend une photo et on se dit que c’est génial. Ça donne plein d’autres idées et ce serait un grand rêve de pouvoir coucher ça un jour sur le papier. Donc où le faire je ne sais pas. Quand encore moins, mais ça serait chouette.

Je pense aussi à faire une agence œnotouristique et proposer une expérience 360°.

J’amènerais l’information et je ferais goûter les vins aux gens. Mais s’ils ont envie d’aller plus loin et d’aller dans le vignoble, ils peuvent y aller. Soit par leurs propres moyens, on mettrait en place des packages. Les gens seraient autonomes mais on programme une visite à la Wine Explorers. Ils seraient traités un peu VIP avec des avantages. Soit peut-être, on organiserait des petits voyages avec un vrai retour aux sources. On irait dormir et manger chez le vigneron. Voilà, des choses assez incroyables, dont beaucoup de gens ont besoin.

On a un vrai besoin de retour aux sources à quelque chose de plus simple. On a envie de connaître l’histoire des gens. Si on a la chance d’avoir des coulisses auxquelles on n’a pas accès de l’extérieur mais que nous on peut ouvrir pour les gens, j’aimerais le faire. Il y a plein d’autres idées que je ne divulguerais pas aujourd’hui mais ce ne sont pas les projets qui manquent.

Antoine : Ça a l’air incroyable cette agence de voyage, d’activités œnotouristiques et ce bar à vin.

Jean-Baptiste : Oui, et puis c’est bien le timing pour y penser… On voulait lancer ça un peu plus tôt mais on verra. Il y a bien un moment donné où on va pouvoir recommencer à voyager. Il faut prendre les projets les uns après les autres, et puis se fixer des objectifs, prioriser. On commence par ça et puis on verra petit à petit.

On va recruter aussi au fur et à mesure. Aujourd’hui, Wine Explorers c’est une SAS, et donc on a des associés qui arrivent, on aura aussi des salariés. Une fois que tout va se mettre en place, on ira étape par étape, et on va avancer comme ça. Là, on est vraiment en pure start-up.

Est-ce qu’il y a une question que tu aurais aimé que je te pose.

Jean-Baptiste : Dis-moi, par exemple la question que tu aimerais me poser ?

Antoine : Non, là ça va trop loin, c’est Inception.

Jean-Baptiste : C’est fait exprès. Attends, celle-là je ne l’avais pas préparée.

Pose-moi la question : est-ce que quand tu entends un projet de voyage, est-ce que tu aurais aimé être dans la peau de celui qui a voyagé ? Parce que j’ai envie de te poser la question à toi. Ou est-ce que tu te dis que quatre ans c’est trop long?

Que tu n’aurais pas voulu mettre quatre ans de ta vie entre parenthèses

Antoine : C’est une bonne question. Alors tu es la deuxième personne à me poser une question dans ce podcast. La première, c’était Laure Gasparotto. C’est une bonne question. Je ne pense pas que je serais prêt à le faire tout de suite. Je fais plein de choses et que je m’y consacre à 100%. Et me dire qu’il faut que je mette tout de côté, pour me consacrer à une seule chose, même si elle est très variée, je ne sais pas.

J’entends les inconvénients que tu mentionnes, ou les difficultés que tu as rencontrées. Je pense que c’est quelque chose qu’on n’a pas forcément en tête au moment où on se lance dans le projet. On doit beaucoup idéaliser le fait de faire le tour du monde. Mais ça a quand même l’air incroyable. Si j’avais l’occasion de le faire, je pense que je le ferais. Dans tous les cas, les choses que je mettrais de côté, ça me ferait beaucoup de peine pour certains de mes projets. Mais quand tu as l’occasion d’autant voyager en si peu de temps, ce qui se passe à la fin ne peut être que positif.

Quand tu as découvert autant de choses, échangé avec autant de personnes, tu ne sais pas ce qui va t’arriver après, mais tu sais que ça va être pas mal et que tu vas finir par faire quelque chose qui sera sympa, qui va te plaire. Et tu as sûrement eu encore plus de temps pour être avec toi-même, pour être sûr que ce que tu feras ensuite te plaira vraiment.

Est-ce que tu as parlé de ce projet à Michel Chapoutier au moment où tu as quitté ton job et qu’est-ce qu’il t’a dit à ce moment-là ?

Jean-Baptiste : Waouh. Oui, je lui en ai parlé effectivement parce que tu le dois quand tu quittes un poste surtout à responsabilité, je trouvais déontologique et respectueux d’annoncer ce projet sur lequel j’allais me positionner. Et donc oui, je lui en ai parlé à cette époque, mais c’était encore un peu flou. J’en ai parlé en disant que j’allais essayer de créer le premier recensement mondial de tous les pays producteurs du vin, et ça s’est arrêté là. Parce qu’à cette époque-là, c’était juste un projet sur le papier.

Tu lui en as reparlé depuis ?

Jean-Baptiste : Non, on n’a pas eu l’occasion d’en reparler mais j’aimerais beaucoup. Ça fait très longtemps que je ne suis plus allé dans les côtes du Rhône, parce que je n’ai pas pris le temps. Mais j’adore y aller et je me suis promis que j’irais manger juste à côté chez Anne-Sophie Pic à Valence, c’est un de mes plus grands rêves. D’ailleurs j’aimerais beaucoup lui faire déguster des vins à l’occasion.

Donc, oui, il faudrait que j’y retourne.  Il fait partie de ces personnes que j’admire beaucoup. Déjà, parce qu’il donne la chance à de jeunes recrues pour faire leurs armes et ce n’est pas le cas de tout le monde. Et puis, il fait des vins qui font partie de ces grands OVNIS français, je pense notamment à ses Hermitage blancs et rouges. Le monde du vin est microscopique donc on aura probablement l’occasion d’en papoter bientôt.

Tu n’as jamais eu envie de t’arrêter à un endroit? De te dire : « Je vais faire du vin ici », ou juste de faire ton propre vin ?

Jean-Baptiste : J’ai eu envie de me poser ces questions à un moment donné, et puis je n’ai pas réussi à y répondre. Où est-ce que j’aimerais faire du vin ? Il y a des îles qui m’ont marqué en Croatie par exemple, en Grèce ou des endroits un peu comme ça, insulaires. Où on a l’impression que le temps s’est arrêté. Les gens sur les îles ne vivent pas du tout de la même manière que sur le continent. Ils n’ont pas les mêmes problématiques de temps.

Et je me suis dit que ça me ferait rêver, mais j’ai eu peur en me disant que cela me couperait trop du monde. En plus, je me suis rendu compte après avoir fait tout ce tour, que la France c’est quand même un des plus beaux pays au monde. Je suis tellement fier d’être français. J’aime nos vins, la gastronomie, cocorico mille fois ! On a une chance folle d’être français, c’est hallucinant.

Donc si j’ai un vignoble, finalement ce serait peut-être ici. Par contre je ne pourrais pas être sur le vignoble. J’ai trop d’énergie, j’ai le feu aux fesses, j’ai besoin de faire plein de trucs. Idéalement si ça se faisait un jour, je serais co-gérant du vignoble avec des amis, certains seraient sur place tout le temps, et moi je participerais uniquement aux bons moments : la taille, les vendanges. Mais ponctuellement et quand je l’aurai décidé. Ça fait beaucoup de critères quand même.

Il me reste trois questions qui sont très traditionnelles ici. La première question c’est : est-ce que tu as un livre sur le vin à me recommander ?

Jean-Baptiste : Il n’y a presque que des livres sur le vin dans ma bibliothèque, je pourrais t’en citer beaucoup. Il y en a un, qui est sorti il y a un ou deux ans, qui est incroyable pour comprendre un peu le vin. C’est « L’incroyable histoire du vin », de Benoist Simmat. J’en ai déjà parlé aussi ailleurs donc je vais en citer deux.

Le deuxième, c’est le manifeste sur la biodynamie que vient de sortir Willy Kiezer aux Editions Omniscience, qui est l’éditeur qui a publié Wine Explorers. J’en parle pour deux raisons, premièrement parce que je suis fier de cet éditeur. Wine Explorers c’était son tout premier bouquin dans le vin et c’était un peu un paris pour nous deux. Aujourd’hui, il s’est pris de passion pour le produit. Il lance des auteurs et ce manifeste sur la biodynamie m’a beaucoup touché. Et je suis très sensible au calendrier lunaire, aux énergies donc c’était fait pour me parler. C’est très bien écrit, c’est un petit bouquin de poche, il coute 15 euros. Il faut l’avoir chez soi.

Antoine : Super, le message est passé. Le lien sera dans la description du podcast si vous souhaitez vous le procurer.

Jean-Baptiste : Il faut foncer, ce que je n’ai pas dit sur le premier, « L’incroyable du vin » en BD, c’est la meilleure façon pour comprendre l’histoire du vin depuis sa genèse jusqu’à nos jours.

Antoine : Le livre a l’air assez incroyable, il faut absolument que je l’achète. Mea culpa, je ne l’ai pas encore.

Est-ce que tu as une dégustation coup de cœur récente ?

Jean-Baptiste : Alors, beaucoup et notamment en vin du monde, mais puisqu’on parlait de la France tout à l’heure, on va partir dans un vignoble qui m’est cher, de Bordeaux, je suis un amoureux des vins de Bordeaux. Le domaine de L’A, de Stéphane Derenoncourt, 2015, carafé pendant 3 heures. Ça c’était un petit bonbon.

Antoine : Je veux bien te croire, je te disais que j’en ai un dans la cave, qu’il m’a gentiment donné après que je l’aie interviewé. Il m’attend sagement, et j’ai souvent envie de l’ouvrir mais je me dis « Non, il faut attendre encore un peu. ».

Jean-Baptiste : Oui, il fait partir de ces vins satellites, de Saint-Émilion ou des appellations parfois moins connues alors qu’il y a des terroirs fantastiques, et puis la patte du vigneron et de la vigneronne, puisque c’est un couple fantastique qui le produit, fait qu’on se régale et on comprend qu’il y a de grands terroirs à Bordeaux. Fin de la digression, on ne va pas rentrer dans le débat. Je te vois venir.

Et ma dernière question est : qui devrait être mon prochain invité ?

Jean-Baptiste : S’il dit oui, ce serait top que tu reçoive José Vouillamoz. C’est un monsieur fantastique, c’est probablement l’ampélographe ; l’ampélographie c’est la recherche et la lecture de tous les cépages dans le monde. Il est peut-être l’ampélographe le plus fort aujourd’hui. Il a co-écrit notamment avec Jancis Robinson un livre qui s’appelle « Wine Grapes ». C’est la bible ultime mondiale pour tout connaitre sur presque tous les cépages dans le monde. Je le taquine parce qu’on a trouvé deux ou trois cépages chez Wine Explorers qui n’étaient pas encore dans le bouquin. C’est un invité de luxe. Il a une vision de la vigne qui est fantastique. Si tu peux l’avoir un jour, les auditeurs vont se régaler.

Antoine : Restez à l’écoute, puisque vous aurez surement l’opportunité d’écouter mon interview avec lui… Merci beaucoup pour ce partage, pour ton temps et d’être venu jusque dans mon salon pour cette interview.

Jean-Baptiste : Avec plaisir. C’était une belle rencontre, donc merci à toi.

Antoine : Pour les personnes qui nous écoutent, si vous avez apprécié ce podcast, partagez-le autour de vous, envoyez-le à deux de vos amis, qui feront j’espère la même chose. Mettez lui cinq étoiles sur Apple Podcast, c’est super important pour le faire progresser, le faire découvrir. Et puis allez sur WineExplorers.net. Je pense qu’on n’aura pas trop de mal à te trouver. Procurez-vous le livre qui est effectivement très joli. Jean-Baptiste, à bientôt !

Jean-Baptiste : On se dit à bientôt alors !

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