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Frères pinard à Lille : rencontre avec Germain et Geoffroy

Les frères pinard, c’est un excellent bar à vin dans le vieux Lille. Alors que nous vous l’avions présenté dans notre article sur les meilleurs bars à vin de Lille, nous avons décidé d’aller plus loin. Ainsi, nous avons réalisé une interview en compagnie de Germain et Geoffroy, qui ne sont autres que les frères pinard ! Nous n’avons plus qu’une chose à dire : bonne écoute !

PS : Nous publions ce podcast avec un peu de retard mais désormais le rythme est fixé : un épisode toutes les deux semaines !

D’abord, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Je m’appelle Geoffroy, je suis l’associé de Germain. Nous nous sommes lancés dans le projet des frères pinard il y a déjà un an. Moi j’étais ingénieur, chargé d’affaires chez Bouygues construction.

Germain, associé de Geoffroy, ami d’enfance de Geoffroy : c’est ça aussi qui est important. On se connait depuis plus de 30 ans. On a eu, à deux, l’idée des frères pinard en partant en vacances. Voilà, un délire de vacances qui s’est finalement transformé en vrai.

Est-ce qu’on peut revenir un peu sur votre parcours au préalable ? Comment-est ce que vous en êtes arrivés à quitter de grands groupes pour ouvrir un bar à vin ?

En premier lieu, c’est l’envie d’entreprendre, l’envie de faire quelque chose qui nous ressemble, qui nous plaise totalement. Dans tous boulots, il y a du pour et du contre. On était en questionnement et on voulait créer quelque chose de nouveau et à notre image.

C’est vrai qu’avec Geoffroy on était dans des grandes boites, avec des valeurs qui ne nous correspondaient pas forcément. Très rapidement, avec notre passion qui est l’apéro, on s’est rendu compte qu’on avait des compétences très complémentaires. Geoffroy était ingénieur d’affaires. Il avait donc la partie technique, logistique, comptabilité. Moi j’apportais à ça la partie communication, marketing et créativité.

Comment s’est passé cette bascule de « je quitte mon emploi » à « on ouvre les frères pinard à Lille » ? 

Geoffroy : pour ma part ça s’est plutôt bien passé. J’avais de toute façon l’envie de changer. Le choix a été vite fait et bien compris par mon ancienne boite qui m’a soutenu dans ce projet. Ça c’est fait assez rapidement : un délire de vacances. Dans la voiture on griffonne, on plaisante. Un jour, Germain prend rendez-vous à la CCI. On est sorti de là et j’ai dit à Germain « banco, on y va ».

Germain : C’est ce qui est assez drôle dans cette histoire. On était en voiture. Moi j’avais déjà travaillé dans un bar à Lille (le Dandy, bar à cocktails). Je dis à Geoffroy que ce serait top un bar à vin dans lequel on peut acheter les vins et les fromages (mes deux passions). Il ajoute « oui mais ce serait top s’il y avait de la charcuterie ». On se dit qu’on a tout pour faire un beau bar à vin. Dès le début on s’est dit : « on pourrait s’appeler les frères pinards ». Le nom est venu très vite et en deux semaines de vacances on avait quasiment tout de prêt. Ça n’a pas forcément été évident pour nos proches. Un délire de bar à vin à Lille basé sur une amitié de 30 ans, c’est difficile à accepter pour l’entourage. Très vite, on les a rassurés avec un bon business plan, quelque chose de solide.

A partir de ce business plan, combien de temps s’est écoulé avant d’ouvrir les frères pinard ?

Geoffroy : le plus dur a été de convaincre notre entourage et les banques pour avoir l’apport financier. Ensuite, le local s’est trouvé assez vite. Ça s’est fait aussi sur un coup de cœur : c’est le déclencheur qui a tout accéléré. Une fois qu’on trouve le local qui nous ressemble, tout se déclenche.

Germain : On a d’abord fait un plan plutôt utopique mais on l’actualisait petit à petit. Une fois qu’on avait trouvé l’adresse des frères pinard, au 26 rue des vieux murs, on avait tout calculé, on a eu le prêt et c’était parti.

Pour parler un peu plus de votre concept, ici il y a trois espaces : un espace épicerie dans lequel on peut acheter des fromages, de la charcuterie et du vin ; un espace plus lumineux, ouvert, scandinave pour la dégustation à table ; et pour finir, un sous sol plus classique pour un bar à vin. Comment est-ce que vous en êtes arrivés à structurer ces trois espaces ?

Germain : Dès le début, avec Geoffroy, on ne se retrouvait pas forcément dans les bars à vins classiques : que ce soit dans l’accueil ou dans la déco. On voulait vraiment ouvrir et démocratiser le vin. L’accueil devait être dynamique et vivant, ce qui caractérise les frères pinard : un peu comme ce qu’on peut trouver en Italie ou en Espagne dans des bars à tapas.

Ensuite, la déco scandinave a été réfléchie pour avoir un aspect « comme à la maison ». Cet aspect casse aussi la tradition des bars à vins habituels, tous plutôt sombres. Cet endroit est un véritable lieu de vie.

La chance qu’on avait est que ce local nous offrait une magnifique cave voutée en brique, dans laquelle on se sent très bien. C’est ici un espace plus traditionnel.

Finalement, tout le monde peut s’y retrouver. Au bout d’un an, les gens nous demandent d’être placés à un endroit particulier. Chacun à ses préférences.

Comment s’est passée l’ouverture ? Est-ce que vous aviez fixé une date ?

Geoffroy : se fixer des dates est assez délicat. On est arrivé à un moment où ça devenait compliqué financièrement et il fallait vraiment s’activer. Ça s’est fait un peu dans la précipitation et tant mieux car c’est dans ces moments où on est obligé de réagir.

Germain : On a pas eu le temps d’avoir peur. Le premier soir, on n’a pas fait de communication : on voulait se tester. Ce sont nos partenaires qui sont venus, comme notre banquier qui a été notre premier soutien. Le lendemain on a fait l’inauguration avec un autre de nos partenaires, Papa Drinks, avec qui on fait la sélection des digestifs. Et là, le bar était plein (dès le deuxième soir). Depuis le deuxième jour, on est complet tous les soirs. On est complet de 18h30 à 22h tous les soirs depuis 13 mois. On refuse 10 à 20 personnes par soir en semaine et 30 à 40 personnes le week-end.

Conseil à bien noter : pensez à réserver avant de vous rendre chez les frères pinard, sinon vous risquez d’être très déçus.

Comment ça se passe aujourd’hui dans votre gestion quotidienne ? Qu’est-ce que vous avez changé par rapport au premier jour ?

Germain : je pense que l’organisation dans l’équipe et celle de l’espace ont beaucoup changées. On avait tout fait sur plan mais ça a beaucoup évolué pour dynamiser le service et le rendre plus fluide. Au final, le client attend moins.

Geoffroy : on a vraiment cherché à optimiser l’espace pour pouvoir être plus réactifs aux demandes des clients.

Germain : au bout de 13 mois, la chance qu’on a, c’est que Geoffroy et moi ne sommes plus indispensables pour que le bar tourne bien.

Geoffroy : on est passé de 1 à 3 salariés et ce sera certainement plus par la suite.

On en parlé un peu avant, est-ce que vous faites des choses en plus des frères pinard ?

Germain : depuis le début, on avait envie de partir dans l’événementiel. Moi j’en viens et j’ai convaincu Germain que c’est un côté qu’on pourrait développer. Le côté petit four traditionnel commence à se perdre. Les gens veulent des choses plus simples que nous pouvons apporter. Ça s’est un peu précipité car on a beaucoup de demandes de privatisation. Par exemple, demain on a un rebond de mariage pour 50 personnes. On commence à se développer à l’extérieur avec des dégustations (à la CCI de Lille), des inaugurations, des ventes privées, des anniversaires à domicile. Notre objectif est de développer cette partie là, désormais.

Geoffroy : c’est ce qu’on aime aussi. On aime reconstituer l’ambiance d’ici et pouvoir l’exporter.

Donc quand vous organisez une prestation à l’extérieur, qu’est-ce qu’il se passe ? 

On ramène le vin, la charcuterie et le fromage. On ramène tout pour passer un bon moment, pour se rapprocher le plus de ce que les gens peuvent obtenir chez les frères pinard.

Parlons un peu plus de vin. Quels types de vins est-ce qu’on peut retrouver ici ?

Germain : dès le début on s’est dit qu’on voulait quelque chose de simple et de différentiant par rapport aux autres bars à vin de Lille. On a alors créé une carte des cinq grandes régions. Par région, on trouve 5 vins, 5 fromages et 5 produits charcutiers qui changent régulièrement. Le but c’est d’avoir des saveurs propres à un terroir.

Beaucoup de personnes disent ne pas aimer le vin. Pour nous c’est faux, car il y a tellement de terroirs, tellement de saveurs dans le vin qu’il suffit de trouver le bon. Avec cette carte, les gens s’amusent à découvrir les produits qui veulent. De même pour les planches : les clients choisissent et composent leurs planches en fonction de leurs envies. Ce qui est important, c’est que chaque produit est vraiment typique du terroir.

C’est pareil pour les vins : chaque vin est typique de son terroir. Prenons l’exemple de notre Côte du Rhône. Qu’est-ce qu’on attend d’un Côte du Rhône ? Au niveau du cépage : grenache / syrah. Pas trop tanique, pas trop fruité : bon équilibre. Notre Cahors est aussi typique : quasiment 100% Malbec avec une pointe de merlot. L’objectif est que les gens s’amusent et qu’ils puissent vraiment découvrir un vin. À la fin, nos clients ont des notions sur ce qu’ils aiment et sont capables de mieux acheter du vin.

Geoffroy : au départ, le but est de s’éloigner un peu des bars à vin traditionnels, un peu élitiste. C’est pour ça qu’on s’est appelé les frères pinard. On ne propose pas des grands vins (au sens de grands crus ou de célèbres domaines) mais des vins sélectionnés par nos soins dans des salons ou directement au domaine. On ne fait que des circuits courts : c’est très important pour nous. On a une demande de grands vins, on va s’y adapter : on est en train de créer une seconde carte de vins, sélectionnés par les frères pinard, pour les plus aguerris du vin : il en faut pour tous.

Germain : on peut le dire, on est le bar à vin le moins cher du Vieux Lille.

Quelle relation avez-vous avec les producteurs ? Est-ce que vous visitez les vignobles ?

Geoffroy : au départ, ce qu’on voulait faire en montant le projet, c’était faire un tour de France des cépages de toutes les régions viticoles. On a fait un petit tour, pas celui qu’on voulait, mais déjà pas mal : j’ai fait le bordelais, Germain a fait la Loire et la Corse. On a été voir les producteurs, on a choisi quelques vins qui sont aujourd’hui à la carte. Sinon, on a choisi les vins pendant des salons de vignerons. Le dernier élément c’est le bouche à oreille : on pense que le vin se partage. On n’est pas des œnologues mais des amateurs de vins. On s’est formé pour être crédibles devant notre clientèle et pour nous. On a aujourd’hui la faculté de reconnaitre un vin qui peut plaire et un vin qui plaira moins.

Germain : On essaye aussi de faire abstraction de nos propres goûts. On va se libérer du temps pour aller voir les producteurs et partager ces moments avec notre communauté. On l’a déjà fait par le passé en invitant un producteur de Saumur à faire une dégustation sur place. On va essayer de partager un peu plus ces éléments et essayer d’amener les vignerons dans l’établissement.

Geoffroy : Depuis peu, on fait aussi des cours d’œnologie pour permettre à notre clientèle de développer ses goûts.

Comment est-ce que vous voyez la suite des Frères Pinard ?

Geoffroy : On aimerait créer plus d’événements avant de pouvoir financer d’autres éléments. On voudrait développer une clientèle fidèle qui vient à nos événements régulièrement. On aimerait développer un food truck.

Germain : avec un food truck, on pourrait aller dans n’importe quel événement et déballer le vin et la charcuterie. Sur place, on veut vraiment multiplier les événements mais pas que autour du vin. On a fait une grosse soirée pour nos un an. On peut l’annoncer, le 30 mars prochain on fête le printemps. On réfléchit aussi à des événements autour de la mode.

Le rendez vous est pris pour le 30 mars, chez les frères pinard, pour une grosse soirée, avec plein de surprises.

On arrive sur les dernières questions. S’il fallait lire un livre sur le vin, lequel est-ce que vous recommanderiez ?

Geoffroy : Lire des livres, c’est pas trop notre truc mais on a une petite bibliothèque accessible à tous dans le bar.

Germain : on a été studieux, on a fait l’école des vins de France pour se former. Ce qu’on essaye de communiquer ici, c’est de tester soit même les choses. C’est pour ça que le dictat des accords mets et vins n’a pas sa place chez les frères pinard. Il y a des choses qui marchent plus ou moins bien. Par exemple, moi j’adore le pinot noir avec un camembert. Il faut surtout être curieux sur le vin et se laisser guider.

S’il fallait ne boire qu’un seul vin, partir sur une île déserte avec un seul vin, lequel ce serait ? 

Geoffroy : moi ce serait le Côte du Rhône. Ni trop tannique, ni trop léger. Notre côte du Rhône est un Mongin. C’est un lycée viticole qui travaille très bien.

Germain : moins je suis plus blanc. Je partirai sur un Viognier. C’est un vin du pays d’Oc. C’est une région qui s’est beaucoup développée avec de très belles pépites. Le notre, du domaine de la Bouisse, représente très bien ce qu’on attend d’un Viognier. C’est-à-dire sec mais un peu gras, gorgé de soleil, avec des saveurs florales et légèrement fruité. La belle histoire, c’est qu’on les a rencontré à Seclin. C’est une grande sœur qui a travaillé dans de grandes maisons en Alsace et s’est associée avec son petit frère. Ce vin représente le côté traditionnel et le peps qui sont chers aux frères pinard.

On parle de la partie bar mais on a fait aussi à emporter. Les gens peuvent gouter sur place et refaire l’apéro chez eux : ils peuvent tout emporter chez eux. On fait également de la vente en ligne : sous une heure la planche apéro est disponible. Pour ça, il faut se rendre sur l’application Ollca. Baladez vous avec la box des frères pinard !

Et voilà, c’est déjà terminé pour cette interview des Frères Pinard. Si l’interview vous a plu, partagez la et continuez de découvrir nos articles.

Contacter les Frères Pinard

Adresse : 26 Rue des Vieux Murs, 59800 Lille.

Site web : http://www.lesfrerespinard.com/

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